31 juillet 2003
faraday, far away.
Il y a des jours comme ça où j'ai l'impression de parler dans le vide immense de l'univers. De remuer des lettres, qui me traversent la tête dans un élan douloureux. Il y a des jours où j'ai l'impression de perdre mon temps à réfléchir. Le sentiment de passer à côté de la vie, en manquant l'essentiel.
J'aimerais être un chat. Cynique, cruel et indépendant.
Élégant et félin.
Libre.
28 juillet 2003
lunarcotique et café serré
Lunar est revenu des tanneries, avec plein d'idées en tête et un régime vegan. J'avais tellement envie de causer de tout ça avec lui que je ne pouvais me résoudre à le laisser partir Samedi soir. Après avoir fait la fermeture de la pab, et soutenu quelques arbres de l'avenue des gobelins avec mon tronc, j'ai donc invité mon beau sélénite à la maison. Il avait l'air complètement claqué, j'étais franchement insomniaque. Je lui ai préparé un café, qu'il a dû respirer dans son sommeil. À 7 heures, je me suis évaporé. Mon corps a disparu dans un train et mes esprits ont pris la fuite. Mes pensées ont sûrement retrouvé celles de jadawin quelque part dans la basse atmosphère. Elles s'étaient tellement mêlées les heures d'avant qu'il n'a pu en aller autrement.
Sans sommeil, sans amour et sans email, avec pour seule compagne Amy, je brandissais mon capteur oculaire secondaire contre ce monde hostile. J'aidais également maïa dans son jeu de piste personnel, jusqu'à ce qu'orange me signale que mon quota de communications écrites était explosé, détruit, brisé. Qu'il était temps de parler un peu, histoire de profiter des formidables heures gratuites mises à ma disposition. Mais je ne crois pas plus à la gratuité des mots qu'à l'absence de boule dans ma gorge quand j'écoute hello.
Maïa a retrouvé son astre perdu sur la toile. Il était 17 heures. Je jouais à Nostradamus sur la fenêtre de mon dernier frère, prédisant tous les malheurs du monde si le soleil ne se couchait pas bientôt.
Il vient de se lever.
26 juillet 2003
7, rue du petit pont
19h, châtelet. 3 nouveaux disques en poche, ma veste noire sur les épaules, je stationne, homo erectus, place carrée, à Chatelet. Jadawin fait acte de néo-socialisation aigüe, un téléphone portable collé à l'oreille, le sourire aux lèvres. Arrivent des individus aux noms étranges : Thomas, Fred, Isabelle, Christelle. Salutations timides, mes disques remuent dans ma sacoche, ils essaient de faire entendre leur musique sans succès. Ma carte orange me brûle la poche. La pluie qui tombe sur mes cheveux, deux secondes plus tard, apaise mes envies de fuite.
Théatre de la Huchette. Ma dernière pièce n'est pas si loin, elle remonte à début juin, au Ranelagh. Ce soir, les classiques contre-attaquent. Des classiques bien décapés, après une tragédie grecque en un acte et des frites. Des classiques très sexe, trop sexe. Mais comme c'est toujours de sa faute, Voltaire nous amusera à jamais.
La séance d'épilation de texte est finie. Il pleut toujours, et on se demande où on va bien pouvoir s'abriter pour sécher nos larmes. Le club des quatre à l'air de connaître le coin, on les suit. En se disant qu'on irait bien à la pompe à bière, pour faire original, mais qu'on est un peu loin. Alors que j'observe le trottoir, philoujadawin a le nez en l'air. Il frôle alors la crise cardiaque, et me détruit l'épaule. Les quatre nous ont mené droit dans la gueule du loup. En un mot et une devanture, tout un mythe s'offre à moi.
Mes yeux se mettent à lancer des éclairs de surprise, d'angoisse, des paillettes d'incrédulité. Ma bouche, bien malgré moi, se confond maintenant avec mes oreilles. J'ai un air béa, niais. Les gens n'existent plus, le monde n'existe plus, je bredouille. C'est impossible. Un coup d'oeil à droite, par une porte entr'ouverte, me confirme ce que mes yeux ont cru lire. Tout est réfléchi. J'arrête de m'observer malgré moi, parce que j'ai vraiment l'air idiot, avec ce sourire bête. On s'asseoit. On s'explique. Jadawin s'empresse d'aller voir la légende de plus près. Je commande un white russian pendant qu'il soulage vessie et curiosité. Je commande aussi un défroqué, c'est de circonstance. Gin, Cassis, Leffe. L'alcool est bon. La musique est terrible.
L'instant est historique.
24 juillet 2003
du bleu pour les garçons
Les lecteurs qui ont répondu à Eve ont complètement raison. Les gens voient l'informatique comme une contrainte de plus, et ardue avec ça. Une machine de plus à apprivoiser, un fonctionnement de plus à apprendre. Déjà, ils ne savaient pas programmer leur magnétoscope parce qu'il avait trop de boutons. Maintenant, on leur file un clavier 105 touches et une souris. Plus une interface à faire pâlir d'horreur un expert en IHM chez Samsung. Ces gens là ne veulent pas apprendre.
Le problème, c'est que tout en ayant raison au sujet des gens en général, ces mêmes lecteurs sont complètement à côté de la plaque. Ce que souligne Eve, ça n'est pas que les filles ont un problème avec l'informatique. C'est que l'informatique est un milieu très sexiste, très involontairement, et qu'il est temps que ça change.
Le comportement type de l'informaticien est toujours le même. Il va arracher le clavier des mains de celui qui pose une question pour lui résoudre son problème, parce que c'est la façon la plus rapide de le faire, et que de toutes façons, les gens ne veulent pas apprendre, sinon ça se saurait. Que ça soit un homme ou une femme ne changera rien. Par contre, si c'est un informaticien en face, on va se mettre à expliquer plutôt que de piquer le clavier. Parce qu'on a quelqu'un en face qui se déclare en accord avec nos principes, qui veut comprendre.
Sauf si c'est une fille. Si c'est une fille, qui se déclare informaticienne, on va juste se dire qu'elle ne veut pas passer pour une gourde. C'est éminemment discriminatoire, et souvent parfaitement involontaire. Maintenant pourquoi est-ce que les informaticiens fonctionnent comme ça ? Et est-ce typiquement informaticien, d'ailleurs ? Je ne pense pas. C'est pareil quand une femme et un homme ont un accident de voiture. C'est pareil quand les enfants demandent comment marche quoi. Notre société est éminemment sexiste. Il m'aura fallu du temps pour réaliser à quel point, mais c'est lumineux.
- Demande à ta mère.
- Demande à ton père.
Vous avez déjà entendu ça vous ? Pas souvent, avouez. Les hommes sont matheux, les femmes sont littéraires. Pourtant, il y a plus de filles en terminale S. Oui c'est normal, elles veulent faire médecine, ou véto. Ou prof de maths, aussi, c'est bien d'être prof quand même, c'est un beau métier. Et pourquoi êtes vous prof de maths monsieur ? Ca ne vous intéressait pas d'être ingénieur ? Parce que vous aimez les enfants dites-vous ? Ah. ( - il doit être homosexuel ou pédophile... - ).
Je noircis volontairement. Mais ça me remue. Je l'ai tellement entendu que presque, ca me paraît normal. En même temps, je n'ai jamais pensé comme ça. Pourtant, ça n'aurait rien de surprenant, avec un père ingénieur dans l'automobile et une mère au foyer (pardon maman). Une mère qui élève ses 4 enfants, qui s'occupe de maintenir une grande maison pour qu'elle ne ressemble pas à une hutte post-cataclysmique, qui veille à la bien nutrition de tout ce petit monde, qui est taxi pour le quartier, bibliothécaire pour la ville, et conseillère municipale. Une femme au foyer quoi, c'est normal qu'elle ait le temps de lire, se cultiver, et écouter de la musique, comme on lui fait souvent remarquer.
En fait, l'informatique obéit à des lois très similaires à celles de notre société. Sauf qu'en plus d'être sexiste, c'est un milieu victime de l'imagination débordante que les gens peuvent avoir à son sujet. On s'imagine souvent que l'informaticien ressemble à ça : un garçon, n'aimant ni les garçons, ni les filles, et ne sachant parler que d'un sujet : son ordinateur. Forcément, en devant parler à une fille, lui répondre, et travailler à ce qu'elle comprenne quelque chose qui lui semble inné, un type pareil a du mal. Et forcément, vu comme ça, c'est drôle. Mais ça n'est qu'un cliché de plus destiné à maintenir en place ce qui doit l'être parce que ça arrange tout le monde. J'en connais, des informaticiens qui ressemblent à ça. Mais je connais quelques physiciens, mathématiciens, chercheurs, qui correspondent parfaitement à cette description. À côté de ça, je connais plusieurs informaticiens brillant, certains très jeunes, d'autres moins jeunes, qui sont parfaitement sociables, qui ont déjà eu plusieurs relations amoureuses, et qui, si on ne leur collait pas une étiquette, un tatouage indélébile, à chaque fois qu'ils énoncent leur métier, ne rentreraient aucunement dans le moule « informaticien ».
En informatique, les hackers sont légions, les hackeuses se comptent sur le bout des doigts. Et toujours, elles sont regardées comme des filles bizarres, anormales. Bizarres et anormales parce que ce sont des filles, ou parce qu'elles rentrent dans le cliché dont j'ai parlé ? Un peu des deux. Ce qui est paradoxal, c'est que les informaticiens appliquent les clichés qui leurs font tant de tort dans leur propre vie sociale aux autres. Un geek pourra traiter un autre geek de nerd avec un petit air condescendant. Et un geek va regarder la geekette d'un air suspicieux. Mais bien avant qu'elle atteigne cette reconnaissance, la geekette devra passer par un cheminement terriblement tortueux. Ou complètement secret. Une fille pourra être reconnue comme informaticienne à partir du moment où elle aura prouvé ses qualités au regard du monde. Prouvé, dis-je. Ce qui signifie qu'elle ne pourra pas grandir dans le milieu informaticien. C'est un schéma assez classique dans notre société, et c'est assez perturbant. Surtout en informatique, où les considérations morphologiques, affectives et psychologiques jouent définitivement moins qu'ailleurs. Ne reste que la logique, dans l'histoire. Ce défaut supposé des femmes en logique prend alors des proportions fantasmagoriques, se dressant comme dernière barrière entre les hommes et les femmes.
Le problème, je pense, vient donc de l'éducation, dès l'origine, des garçons et des filles. Je ne remets pas en question le fait que les garçons portent le pantalon et les filles la robe, c'est un autre combat me semble-t-il, d'un autre temps, assez globalement. Je remets en question l'approche mathématique et littéraire que nous avons tous, implicitement ou explicitement. Mon prof de français au lycée a toujours essayé de nous montrer en quoi sa matière était importante pour des scientifiques. C'est normal pour un enseignant, me direz-vous, de mettre sa matière au premier plan. Mais c'était bien plus profond. Les réflexions qu'il menait allaient bien plus loin. Il s'agissait aussi pour lui de nous montrer, par exemple, que la terminale S n'était pas l'autoroute que l'on croyait.
Le clivage Science/Lettres dans les mentalités est à l'origine de bien des problèmes, et contribue au maintien de certaines valeurs perturbantes. L'approche scientifique est celle qui offre le plus de débouchés, vous dira-t-on, et il vaut mieux faire S que L si vous tenez à avoir un travail intéressant. Rien de plus faux et de plus dangereux. Pourtant c'est le discours de nombreux conseillers d'orientation. Ce genre de stéréotypes s'inscrit dans la logique historique des choses : les sciences, c'est un truc d'homme, et l'homme travaille avant tout, c'est son but dans la vie. Les lettres sont pour les femmes, qui sont plus sensibles, et qui sont des mères avant tout. Les poëtes, romanciers, intellectuels et artistes sont mis à l'écart de la société parce qu'ils ont une relation au travail « féminine », une sensibilité exaspérée.
Mais changer le discours dans les écoles ne servira à rien si on ne change pas la base de notre réflexion et de nos réactions au quotidien. Je remets donc aussi en cause notre approche affective des choses. Une petite fille doit pouvoir jouer aux petites voitures si elle en a envie, sans qu'on lui dise que c'est un jouet de garçon. Un garçon doit pouvoir pleurer sans qu'on lui dise que c'est un truc de fille. Le bac à sable doit être ouvert à tous, et il en va de même pour la corde à sauter et la marelle. Les petites filles doivent pouvoir escalader des monticules de rocher sans qu'on ne tremble de peur pour elles, et les garçons peuvent avoir peur d'escalader ces mêmes monticules sans qu'on les raille. Il y a une multitude de détails, qui ne remettent nullement en cause les différences qu'il peut y avoir entre les hommes et les femmes (certains ne veulent pas en voir, mais je trouve ça tout aussi dangereux), et qui pourtant donneraient un grand coup dans le passéisme qui gouverne les relations entre les deux sexes. Et si vraiment les films porno sont essentiels à la race humaine (j'ai du mal avec ça, mais bon, après tout), qu'au moins on arrête d'y prendre les femmes pour des bouts de viande. Qu'on équilibre les orgies, qu'on remette en cause la façon très masculine de filmer tout ça.
Une grosse remise en cause, plus individuelle que collective, à mon avis, est à mettre en route. Bien sûr, on ne pourra pas tout bouleverser en une fois. Bien sûr on ne corrigera pas tous les défauts dans le comportement des parents, éducateurs, et enseignants tout de suite.
Commençons donc par balayer devant notre porte.
Changeons-nous.
- Assieds-toi et prends un crayon...
22 juillet 2003
du rose pour les filles
Aujourd'hui, la coureuse de caleçons a pris un an. Et un quart. Un quart de rouge ? non, de rose bien sûr. De siècle aussi. Je lui ai trouvé un cadeau qui lui colle à la peau.
21 juillet 2003
right here, right now
Hypnotique. Ma fenêtre est hypnotique ce soir. Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ce ciel. À cette lumière. Une autre lumière, celle de mon écran, attire parfois mon regard. Quelques mots se gravent dans mon cerveau, et j'en reviens à la fenêtre. *flash*. Immortalisée. Les pensées se mélangent, tournent et retournent. Mon cerveau m'averti que je viens de me mordre jusqu'au sang l'annulaire gauche. J'ai l'air de quoi moi maintenant...
17 juillet 2003
la vengeance du straight mou
La masturbation réduit les risques de cancer : "Les hommes pourraient réduire le risque de cancer de la prostate en se masturbant régulièrement, suggèrent les chercheurs. Selon eux, des cellules cancérigènes pourraient se développer dans la prostate si les hommes n'éjaculent pas régulièrement. Qui plus est, les rapports sexuels classiques n'auraient pas les mêmes vertues protectrices, parce qu'ils facilitent la transmission d'infections diverses qui pourraient augmenter le risque de cancer chez les hommes." [via plasticbag.org]
Je suis perplexe.
16 juillet 2003
Avis de décès
Ça faisait des années qu'on en parlait. Des années qu'on le répétait à Chiche. Netscape est mort. Sauf que cette fois, contrairement à toutes les autres, c'est vrai.
Déjà, en 1999, Jamie Zawinski annonçait la mort clinique du projet mozilla. Si ses conclusions se sont avérées fausses, au regard de la situation actuelle, son étude n'en est pas moins pertinente.
Netscape est réellement mort avec sa version 3. Plutôt que de profiter de l'énorme popularité du navigateur pour le rendre encore meilleur, Netscape s'est reposé sur ses lauriers. La version 4 en est l'exemple le plus flagrant. Le moteur vieillissant s'est essoufflé à la vitesse de la lumière, et a montré ses limites avec le (non) support de la norme CSS. Pourtant, Netscape avait été moteur d'innovations, d'idées, et à l'origine d'un bon produit.
Mozilla, quant à lui, est à l'origine une tentative désespérée de Netscape de surfer sur la vague opensource pour sauver son image et son pécule. Les débuts du projet sont difficiles, très difficiles, et les problèmes de licenses, entre autres, font que l'équipe décide de repartir de zéro. Et c'est là que commencent les vrais ennuis, que naissent les vraies erreurs. Voulant faire trop bien, trop gros, le projet Mozilla réimplémente la roue, rayon par rayon. On sait aujourd'hui que les technologies développées sont puissantes, et bien pensées. Bugzilla est un excellent système de suivi de bug. Et XUL, par exemple, permet de faire bien plus qu'un navigateur. Et c'est peut-être là que le bât blesse. Plutôt que de se baser sur un toolkit libre et d'en étendre ses fonctionnalités, le projet a perdu beaucoup de temps à tout repenser, coder, tester, peaufiner. Aujourd'hui, bien sûr, Mozilla est un excellent navigateur, et son moteur, gecko, est universellement reconnu comme le plus efficace et respectueux des standards. Mais Mozilla a bientôt 6 ans, et la première version utilisable date de décembre 2000. Dans le même temps, IE a évolué très vite, et dans le bon sens. Il a été le premier navigateur à offrir la qualité de navigation et de rendu dont personne ne pourrait se passer aujourd'hui.
Dans le même temps toujours, naissait un autre projet, dont les méthodes de développement et les ambitions étaient assez différentes. Ce projet s'appelle konqueror, et repose sur KHTML et KJS. Fondations choisies récemment par Apple comme base de Safari. La première version utilisable date de l'été 2000. Aujourd'hui, les deux projets ne sont pas réellement comparables. Malgré ma mauvaise foi (avouée) à l'égard de Mozilla, je reconnais volontiers que KHTML a du retard sur Gecko. Mais konqueror a été conçu par une équipe de 25 personnes, si on compte les auteurs des icones. Et KHTML est le résultat du travail de 5 développeurs. Ce qui m'amène une fois de plus à me poser des questions sur la pertinence des choix originels de Netscape.
Netscape est mort, donc. Et c'est tant mieux, après tout. La position d'AOL était très ambigüe ces derniers temps, elle l'est beaucoup moins maintenant. La position de Netscape face à Mozilla était inconfortable depuis Netscape 6.0 (plus lent, plus buggué, et plus gros, à fonctionnalités équivalentes), elle l'est, également, beaucoup moins maintenant. C'est tant mieux, mais c'est inquiétant dans le même temps. Cruel aussi, pour les développeurs qui viennent de perdre leur boulot.
Une fois de plus, je me pose le problème du financement du logiciel libre. Si de petits projets vivent très bien avec le modèle idéaliste geek, sans contribution particulière, les gros projets, quels qu'ils soient, sont tous plus ou moins dépendant d'entreprises les finançant. KDE dépend évidemment assez lourdement de Trolltech, mais aussi de MandrakeSoft. Ces deux sociétés emploient beaucoup de développeurs KDE, et contribuent beaucoup au financement du projet. Mozilla dépendait de Netscape pour la même raison. Et même les hackers de Gnome, qui se revendiquent souvent comme étant bien plus indépendants (aucune société ne développe GTK, par exemple, ce qui n'est pas le cas de Qt), sont assez fortement soutenus par des entreprises telles que Ximian et Sun. Et c'est sans parler de la future suite office Gnome, qui n'est autre qu'OpenOffice.org.
Netscape est mort. Et Mozilla bien vivant. AOL n'a pas lâché le projet dans la première poubelle venue. Alors qu'était annoncée la fin de Netscape, la fondation Mozilla était créée, avec 2 millions de dollars en poche. Et parmi les membres, on retrouve toujours les mêmes grosses pointures : IBM, Red Hat, et Sun.
Navigator n'est plus. Voilà une bonne occasion de passer à MozillaFirebird. Ou de laisser sa chance à konqueror, en révisant ses jugements hâtifs sur KDE.
15 juillet 2003
dédicace
Petit message musical et nocture à un ami qui se reconnaîtra sans peine. Souvent je lui ai exposé ma façon de voir les choses, mon avis sur beaucoup de manifestations, et mon sentiment sur les extrêmes. Jamais je ne l'ai convaincu. Et voilà que, me trouvant très seul devant mes convictions, je me mets à écouter Brel.
Mon ami, je crois que tout peut s'arranger
Sans cris sans effroi même sans insulter les bourgeois
L'avenir dépend des révolutionnaires
Mais se moque bien des petits révoltés
L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre
Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner
Hâtons-nous d'espérer
Marchons aux lendemains
Tendons une main
Qui ne soit pas fermée
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Ne pourrait-on pas s'aimer
un joli feu d'artifices
Aujourd'hui — hier, mais qu'importe — nous étions le 14 juillet. Les gens chantaient, les gens dansaient. La France chômait gaiement, en écoutant son président. Tout Paris était devenu champêtre. On défilait ainsi sur les Champs, avant d'aller admirer, depuis le trocadéro, le champ. Et le ciel en feu.
On aurait pu croire que la France était joyeuse. Que l'insouciance était partout. Et pourtant, pas tellement. Certains tempêtaient dans des verres d'eau, en faisant naître de bien jolis débats. D'autres tempêtaient tout court, sans faire naître aucune nouvelle idée. C'est le cas de tous ces gens dont Le Monde sythétise les remarques. Tant de platitude me laisse sans voix. Le président fait-il un discours neutre, plat, morne ? Les gens s'empressent de le commenter de la même façon. La gauche joue son rôle, la droite ne fait pas mieux, et les syndicats se répètent. À la manière de l'histoire, d'ailleurs.
De cette élocution télévisée, je n'ai lu que le verbatim publié a posteriori. C'était vide. Mais un mot revenait, scandé, martelé : dialogue. Bien sûr, dans la bouche d'un politique, ce mot reste très consensuel, pauvre, sans saveur particulière. Mais tout de même, le mot est lâché. Réagir pour dire que ce discours était mauvais, c'est très facile. Je n'ai jamais entendu de bon discours de président, fût-il extrêmement cultivé. C'est toujours ennuyeux, à mourir. C'est pour ça que je ne les écoute plus, d'ailleurs, mais que je les lis. Réagir en ouvrant le dialogue, ce foutu dialogue dont tout le monde parle mais dont on ne voit rien, aurait été une réaction intéressante.
Mais voilà, personne n'en a profité.
Au lieu de ça, le medef s'autocongratule, la CGT menace, l'UDF botte en touche, le PS ironise, et le PC hue. Le FN, lui, se statufie. Mais on trouve toujours des gens pour admirer des statues.
Le dialogue. Est-ce donc une belle utopie, un idéal inaccessible ? J'en ai peur. Pourtant, il suffirait de mettre un peu d'eau dans notre vin, tous autant que nous sommes. Il suffirait que tout le monde prenne conscience de ce que c'est qu'une démocratie.
Il suffirait que nous réfléchissions.
13 juillet 2003
café clope ou royale menthol
Weekend en forme de grande pause. Pause pause pause, comme ne dirait pas Winnie l'ourson en se tenant le front. Une pause agrémentée de lectures. Play. from Rusholme with love. Cette musique m'envoûte. Je l'ai découverte par hasard, en récupérant la bande son d'Alias. La série télé, pas mon dernier long billet [note pour kiwi]. L'ensemble de la bande son est d'ailleurs d'une grande qualité, et colle très bien aux ambiances de la série. Si vous aimez Mint Royale, la plupart de leurs titres sont dispos en Real Audio sur le site de leur label, faith & hope records. En ce qui me concerne, le reste de leurs chansons m'a fait penser à de la musique de bankair, d'où le titre du billet, orienté drogues dures légalisées.
J'aurais aussi pu vous parler d'hétéronormativité straight molle, des rapports entre les informaticiens et les autres, et des copines de geek. Mais lunar le fait mieux que moi, d'une façon tout à fait à lui, d'ailleurs. Maïa a raison : nous [nous] construisons mutuellement par opposition. Un petit peu. Pas toujours. Juste souvent en ce moment.
11 juillet 2003
aqueux
Aujourd'hui, on m'a demandé de mettre de l'eau dans mon vin.
Je veux bien, mais bon, il ne va pas rester beaucoup de vin...
10 juillet 2003
Alias
libre comme l'air et seul comme tout
La lune est énorme ce soir. Elle prend toute la place dans le ciel, un peu comme le coeur dans ma poitrine, qui essaie d'asphyxier le poumon qui lui sert de compagnon. Il est une heure passée de deux ou trois minutes, le temps s'est arrêté. J'ai dit au revoir à Perrine.
Elle part à Chicago, toutes valises dehors, pour perfectionner son anglais. Très humblement, elle vous dira que c'est pour l'apprendre. Dans un mois, je la rejoindrai une petite semaine. Nous nous retrouverons à New-York.
Si cette courte séparation me rend un tantinet mélancolique, la perspective d'aller à New-York m'enchante franchement, en revanche. Ce qui surprend beaucoup de gens autour de moi. C'est amusant, d'ailleurs, cette propension qu'on les gens à surenchérir, exagérer, augmenter les choses :
Les américains sont les maîtres du monde, il ne faudrait pas abonder dans leur sens et aller le leur prouver chez eux. Et il faudrait également leur faire comprendre que leur hyperpuissance commence à nous courir. Bon sauf que là, on ne sait pas trop comment faire pour le leur faire comprendre, alors on raille leur président à qui mieux mieux, c'est plus rassurant que de se sentir juste bête et inefficace face à l'hégémonie.
En face, on trouve que les français sont arrogants, et qu'ils cautionnent le terrorisme islamique — il ne faudrait pas non plus aller en vacances chez eux. Ils ne se lavent pas, qui plus est, il paraît qu'il est impossible de visiter un musée (non climatisé) tranquillement sans être dérangé par leur odeur. Et leur vin est de qualité inégale, pourquoi donc en boire.
D'un côté de l'atlantique comme de l'autre, la bêtise humaine surpasse tous les trésors d'intelligence du monde.
Et moi dans tout ça me direz-vous ? Moi — qui n'achèterai jamais que des voitures françaises par simple respect pour mon pôpa, qui « boycotte » McDonald's et ses sandwiches, et qui essaie tant bien que mal de chasser quelques douloureux anglicismes de notre patrimoine linguistique — en quoi serais-je moins contestataire ? La question est délicate. Pour répondre très naïvement et très incomplètement, je commencerai avec le constat suivant : j'ai une lourde tendance à favoriser l'industrie nationale avant l'industrie internationale, et une très forte propension à manger ce qui me plait. Evidemment, cela suppose de mettre en avant un sentiment d'identité régionale, nationale, et européenne qui plaira assez peu à des gens comme lunar, qui souhaitent supprimer toutes les frontières pour ne former qu'un et un seul monde uni. Cela dit, cette histoire d'identité me semble néanmoins importante.
L'identité de chacun, si elle ne doit pas être poussée au paroxysme, ou constituée d'une seule facette — religieuse, politique, nationale, ethnique, etc. — est tout de même importante. Personne ne serait ce qu'il est s'il n'appartenait pas à une famille, s'il n'avait pas de gens avec qui il partage certaines idées, traits de caractère etc. Même les gens qui se disent n'appartenir à aucune famille, être athées, anarchistes et apatrides, même ces gens parlent une langue, ont les yeux d'une certaine couleur, ont un sexe et les hormones qui vont avec. Ils vivent dans un monde où l'information circule, et même en ayant le sentiment de s'en détacher complètement, ils en dépendent en partie, et leur objectivité est donc compromise. Involontairement, ils vont, à un moment où un autre, se donner une identité.
Raisonner par rapport à sa région, sa culture, son pays, est assurément dangereux, à partir du moment où l'on en est pas conscient pleinement. En revanche, comment remettre en doute aujourd'hui en France l'utilité de manger des petits sablés Lu, ou de conduire des voitures Renault, Peugeot, ou Citroën ? Le travail de milliers de français en dépend, et par conséquent l'économie du pays dans lequel nous vivons, qui nous procure une protection sociale, une structure politique démocratique et stable. Une petite vie tranquille, au fond, qui nous permet de nous poser des questions d'un ordre plus général que comment est ce que je vais bien pouvoir manger ce soir ?.
Bien sûr, on peut regretter des tas de choses. On peut hurler devant les conditions de travail des ouvriers de certaines entreprises, devant la précarité de certains postes, devant les abus et les dérives du capitalisme dans l'économie française, européenne, mondiale. Mais je le répète, dans une structure différente de celle-ci, peut-être n'y réfléchirions-nous même pas. Ce qui ne doit pas nous empêcher de considérer les choses sous un angle très critique. Ca n'est pas parce que ça pourrait être pire qu'on ne doit pas oeuvrer pour que ça soit mieux. Mais enfin, nos entreprises, du petit épicier qu'il faut s'efforcer de privilégier — même s'il est plus cher que le supermarché d'à côté — à l'entreprise multi-nationale, sont dans une certaine mesure les meilleures garantes de nos conditions de vie et des évolutions qui peuvent encore se faire.
Si demain les constructeurs automobile français, par exemple, déposent le bilan parce que les français achètent des Ford, des Mitsubishi, ou des Saab, quelles que soient les qualités inégalées de ces dernières, nous y perdrons tous beaucoup plus que notre fierté. L'économie du pays se tassera sérieusement, et nos conditions de vie se dégraderont avec notre pouvoir d'achat et notre confiance. Nos acquis sociaux ne résisteront pas longtemps devant une crise de cette importance. Acheter Français en priorité, ça n'est donc pas, en ce qui me concerne, faire preuve de chauvinisme ou du protectionnisme démesuré. D'ailleurs, ca n'est pas parce que je préfère acheter français que je vais éviter à tout prix d'acheter un ordinateur fait aux Etats-Unis. Mais pour poursuivre mon raisonnement, je vais préférer acheter un Dell fabriqué en Irelande.
Donc, au final, je suis aussi buté que tous les autres ? Je fais de l'anti-américanisme ?
Non. L'hégémonie américaine, si à mon sens elle n'est pas exagérée, ne m'inquiète pas beaucoup. Pourquoi tant d'optimisme devant le climat défaitiste actuel ? Parce que je crois dans les vertus de l'Europe, parce que je crois dans le potentiel de l'Asie, et parce que nous avons une vision nécessairement déformée de l'hyper-puissance États-Unienne, à la lumière des évènements récents.
Non encore, parce que je fais la différence entre une nation et ses individus. La nation Française nous permet de vivre telle que nous le faisons. Mais elle pourrait s'appeler Autriche, Japon, Tanzanie, Brésil, ou Gabon, les individus qui la constituent seraient les mêmes, et leurs buts tendraient vers le même idéal. Cet idéal, malgré tout ce que l'on veut bien dire en ce moment, nous le partageons avec beaucoup d'hommes dans le monde, en particulier avec les américains. Il est des moments où tout nous sépare, évidemment. C'est une question de culture, d'identité, et de rapport de force. Mais les américains ne sont pas plus meurtriers, au fond, que les européens, que les français, que les auvergnats, ou que les habitants du Larzac. Leur système politique, s'il est assez différent du nôtre, lui ressemble bien plus qu'aux nombreuses dictatures qui parsèment le globe.
Voyager aux États-Unis, c'est pour moi un rêve d'enfant. Un rêve un peu terni par des considérations adultes, bien sûr. Un rêve qui s'est parfois réduit à de la simple curiosité touristique. Mais un rêve qui demeure. Cela fait maintenant plus de dix ans que je parle une langue — tant bien que mal — sans la pratiquer réellement. Que j'étudie une culture, une histoire, une façon de vivre, sans y avoir été confronté. En tant qu'informaticien, c'est encore plus frustrant, parfois. Les États-Unis, s'ils sont la source de conflits, de tensions, d'impérialisme, sont aussi le berceau des technologies modernes, un fabuleux incubateur d'idées nouvelles. Ils représentent bien sûr la démesure, l'abus de ressources naturelles — mais les Européens qui s'y sont expatriés il y a de cela cinq siècles maitrisaient déjà bien ces concepts, comme peut en témoigner la déchéance du royaume d'Espagne, et les restes des colonies Européennes.
Je ne vais pas à DisneyLand. Je ne suis pas aveugle, ni abruti par des vagues de propagande. Je vais en vacances, la tête pleine de rêves, en ayant la ferme intention de rencontrer des gens, et de revenir avec des idées.
Et quelques photos, tout de même...
08 juillet 2003
a sort of homecoming
U2 a écrit beaucoup de chansons sur la guerre. The unforgettable fire en compte un grand nombre, et c'est très certainement l'album que je préfère de tous, pour ses textes et sa musique.
Ma cafetière ronronne, l'odeur du café se répand dans ma chambre, et la musique m'envoûte. Écouter cet album, c'est revenir dix ans en arrière. Écouter cet album, c'est s'émouvoir beaucoup, en se penchant sur la gravité des textes. Écouter cette musique, c'est sentir combien la vie ne tient parfois qu'à un fil, et combien il est important de s'y raccrocher...
And you know it's time to go
Through the sleet and driving snow
Across the fields of mourning
Light in the distance
And you hunger for the time
Time to heal, desire, time
And your earth moves beneath
Your own dream landscape
Oh, oh, oh...
On borderland we run...
I'll be there
I'll be there...
Tonight
A high road
A high road out from here
The city walls are all pulled down
The dust, a smoke screen all around
See faces ploughed like fields that once
Gave no resistance
And we live by the side of the road
On the side of a hill
As the valley explode
Dislocated, suffocated
The land grows weary of its own
Oh, oh, oh...on borderland we run...
And still we run
We run and don't look back
I'll be there
I'll be there
Tonight
Tonight
I'll be there tonight...I believe
I'll be there...somehow
I'll be there...tonight
Tonight
The wind will crack in winter time
This bomb-blast lightning waltz
No spoken words, just a scream...
Tonight we'll build a bridge
Across the sea and land
See the sky, the burning rain
She will die and live again
Tonight
And your heart beats so slow
Through the rain and fallen snow
Across the fields of mourning
Light's in the distance
Oh don't sorrow, no don't weep
For tonight, at last
I am coming home
I am coming home
07 juillet 2003
dominical mental (sans eau)
I'm havin' illusions, all of this confusion's drivin' me mad inside
I'm havin' illusions, all of this confusion's fuckin' me up in my mind
Une heure vingt. Cypress Hill berce cette fin de soirée, ou ce début de nuit. Je me raccroche vaguement à la notion du temps, après trois jours qui n'en furent que deux. Entre vendredi matin et cet instant très présent, j'ai dormi quatorze heures, réparties sur deux nuits de quatre et dix. J'ai mangé trois fois et demi. J'ai parlé pour trois mois.
Sans vouloir mettre jadawin mal à l'aise, je dirais qu'il m'a sérieusement aidé à passer un excellent weekend, plein d'idées, de débats, de sport, de crème de marron et d'alcool. Au fur et à mesure que nous parlions, je révisais toutes mes opinions. J'aimais beaucoup Nantes, sans vraiment connaître cette ville en détail. Maintenant, j'aime beaucoup un nantais, mais je sais pourquoi.
Ces moments de complicité me font me poser des questions sur la relation élève/prof en école d'ingénieur. Peut-être est-ce dû à notre différence d'âge ridicule, mais je ne le pense pas réellement. Peut-être est-ce dû à la nature passionnelle de notre relation à l'informatique, mais pour ce qu'on en a parlé en deux jours, je pense que ça ne fait pas tout. Peut-être est-ce parce qu'au fond, malgré nous, malgré tout, nous sommes désormais adultes. Ca fait des années qu'on me traite de vieux dans ma tête, peut-être est-il temps que je l'accepte.
En réfléchissant bien, j'ai toujours eu des relations assez particulières avec mes profs, parfois complices, parfois franchement conflictuelles, mais toujours constructives. Cela m'a souvent valu des réflexions assez désagréables et puériles de mes camarades, même récemment. Mais j'en ai toujours beaucoup retiré. Les deux personnes qui m'ont le plus permis de m'épanouir intellectuellement sont sans aucun doute M. Monvoisin, mon prof. de biologie et physique de la sixième à la troisième, et M. Hervé, mon professeur de français en seconde et terminale. Tous les deux étaient très vieille France, comme beaucoup se plaisent à les décrire. Ils étaient tout deux relativement agés, respectables à défaut d'être complètement respectés, et correspondaient à l'image que j'avais des enseignants intègres, croyant en l'importance de leur rôle d'éducateur. Ils étaient également extrêmement cultivés.
Ce soir, comme très souvent, je leur ai dit merci. Un tout petit merci à peine audible, qui ne traversera jamais les 400km qui nous séparent. Mais un énorme merci, de tout coeur, pour tout ce que j'ai accompli grâce à eux. Qu'il s'agisse de politique, de religion, de tolérance ou de culture, ils m'ont permis de me construire, tel que je suis. Ils me permettent de tenir, de continuer à réfléchir, analyser, penser, aimer.
J'aimerais pouvoir apporter ce genre de recul à mes élèves. Mais ce soir, le constat que je fais, c'est que ce sont mes élèves qui continuent le travail de mes professeurs.
Tout ceci est décidément plein de contradictions.
02 juillet 2003
double check
En cette période de frénésie dépensière,
les chèques sans provision se font légion.
Les soldes tuent les comptes bancaires.
Curieux non ?
01 juillet 2003
les petites phrases assassines
Dimanche soir. Perrine et moi parlons des diverses réactions à mon message sur la marche des fiertés, dans la voiture. Zégut parle aussi, de sa voix rauque, et rit un peu. La musique nous fait oublier notre conversation, et quelques « tubes » de bon gros rock des années 80 nous plongent dans la mélancolie. Et là, Queen débarque dans nos oreilles, avec un mythique we will rock you. On claque des mains, on tape des pieds (c'est une automatique, Perrine tape donc d'un pied), et on se dit, presqu'en même temps :
Queen c'était pas un groupe de pédés quand même.
Éclats de rire.
Ce midi, au Piano Fou, rue Oberkampf. Nous regardons notre assiette décevante dans le blanc de sa volaille au curry, en écoutant FIP. Les musiques s'enchainent, plus variées les une que les autres. Je remarque cette hétéroclicité, et Perrine me dis alors :
De toutes façons c'est bien connu, la musique de FIP c'est pour calmer les automobilistes dans les bouchons
Définitivement, la musique adoucit les moeurs.
l'abus de blogs tue la morosité
brevity is for the weak
Je vadrouille, encore et toujours, dans les vastes galaxies de blogs. Plus j'en lis, plus j'aime le concept.
C'est parfois difficile à justifier, d'ailleurs. Comment expliquer qu'en lisant Oz, de temps en temps, un sourire illumine mon visage ? Alors qu'il ne fait que dire que le yop à la pêche, c'est pas bon. Comment expliquer qu'en lisant lunar, mon cerveau se mette à tourner à toute vitesse pour assimiler, comprendre, contrer parfois, ce qui lui passe par la tête ? Comment vous dire combien les textes de navire.net sont agréables ? C'est très délicat.
Et certaines fois, en revanche, c'est tellement évident... Ce matin, je suis tombé par hasard sur idle words. J'étais subjugué. Sous la plume de son auteur, Maciej Ceglowski, tout devient limpide, même les grèves françaises, qui m'interpellent tant. Parfois technique, parfois politique, toujours intéressant, ce blog est extrêmement bien écrit. La mise en page, sobre mais efficace, y participe d'ailleurs pour beaucoup.
Vraiment, la blogosphère est pleine d'excellente surprise.