28 juin 2003
la machine à remonter le temps
Prenez un CDROM gravé il y a 5 ans.
Enlevez la poussière, mettez-le dans le mange-disque, fouillez.
Ouvrez les documents qu'il contient. Tous.
Appréciez.
Je viens de perdre 5 ans. Le choc est brutal. A l'époque, j'utilisais Windows 95. J'étais passé maître dans l'art de le faire tenir sur 30Mo et de purifier les bases de registres. J'écrivais des lettres interminables sous Word, destination Nantes et Limoges. Je faisais la mise en page de mes sites web avec des tables, en utilisant notepad.exe pour les créer et Netscape Navigator 4 pour les visualiser. Je passais des nuits sur 3D Studio. J'étais abonné à PC Team. Et je hurlais fuck bsa ! en publiant virtuellement un fichier .NFO nommé zeraw. Comme warez à l'envers. J'étais rebelle et provincial fraîchement débarqué. J'étais gamin.
C'était le bon temps.
Petit résumé de l'affaire SCO
Comme certains d'entre-vous le savent, SCO a déclaré la guerre à Linux le 3 Mars 2003. SCO est ensuite revenu sur ses positions (rappelons qu'ils vendent, sous la marque Caldera, une distribution Linux), et centré son attaque sur IBM, qui aurait, selon eux, injecté du code propriétaire et protégé par des copyrights et brevets dans le noyau de Linux, entre la version 2.2 et la 2.4.
Je pourrais en parler des heures, tellement leurs accusations sont drôles, non fondées, insultantes et décalées. Mais on en a déjà parlé pour moi, et bien mieux que je ne le ferais, à l'OSI. C'est complet, c'est argumenté, et c'est ici.
Tant que j'y suis à parler de l'OSI, vous devriez aller lire la série des documents qui font peur.
fier d'être heureux
Aujourd'hui, si on écoutait tout le monde, il faudrait être fier de sa sexualité libérée, fier d'être picard et plein de honte de vivre à Paris. Il faudrait être fier d'aller faire ses courses bio chez le fermier du coin, avoir honte d'avaler un big mac. Le monde est de plus en plus divisé entre le bien et le mal, le milieu disparaît, les nuances s'estompent.
Est-ce que je vous parle de ma sexualité moi ? Est-ce que, par hasard, quelques-un d'entre-vous voudraient me suivre, de la place d'Italie à la place de la Nation, en écoutant du bon gros métal français, en s'habillant tout en noir, cheveux courts ou dreadlocks, lunettes noires et veste noire, pour montrer au monde que les hétéros sont eux aussi fiers d'être, aussi provocants de banalité fussent-ils ? Non ? non. C'est pas tendance. Ca ne serait pas politiquement correct, parce que les gens prendraient ça pour de l'homophobie.
Pourtant, je ne me considère pas franchement homophobe. Je trouve juste, pour reprendre l'expression de Pascal Biardeaud, que cette "gay pride" tourne à la foire populaire où toutes les folles de France peuvent rassurer la ménagère de moins de 50 ans. C'est rassurant, en effet, de constater que les homosexuels sont visibles, et que si son fils en était, ça se verrait donc. Enfin bon, je ne supporte pas non plus la Techno Parade, les défilés de cégétistes et autres attroupements, je suppose donc que les rassemblement de foule ne sont pas fait pour moi.
Mais quand même, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'à trop vouloir affirmer son identité, on s'enferme dedans. Il suffit, pour s'en convaincre, d'essayer de rentrer une fois en couple dans une boite gay, ou un bar arborant le drapeau arc-en-ciel. Vous allez vous sentir tellement pas à votre place que vous allez en partir bien vite. Je trouve ça parfaitement dommage. Ca va à l'encontre même des revendications sous-jacentes à la gay pride. Qui s'appelle cette année marche des fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans.
Bon ceci dit, la Gay Pride a fait changer beaucoup de choses. Les mentalités n'ont pas bougé d'un pouce carré, au fond, comme vous pourrez l'entendre tous les jours en écoutant les insultes qu'on se lance dans la cours de récréation, mais les lois et la tolérance ont fait un bond spectaculaire. Même au Texas, état passéiste et discriminatoire s'il en est, la législation a changé. C'est très récent, c'est grâce à une forte action de lobbying, mais c'est vraiment bien. Et ca passe sur CNN, évidemment.
Sans transition, mais toujours très loin de notre beau pays natal, sur un continent far far away, des gens ont créé un TShirt pour Oz. Il va falloir qu'on fasse le même en s'excusant d'embêter le monde avec nos bêtises de Cambrai.
Au pays de Mickey toujours, une petite boite résiste encore et toujours à l'envahisseur et fabrique des machines puissantes avec une bonne gueule.
Ce à quoi répond d'ailleurs un designer dingue de sa création. Et il a de quoi en être fier !
Et pendant que le furieux créateur créait, Marilyn Manson cédait au phénomène de mode, toujours pour le plus grand bonheur d'Oz.
25 juin 2003
Comment réécrire l'histoire en 2 minutes
Les français sont souvent prompt à critiquer le peu de culture historique des américains. On entend ainsi régulièrement des gens dire qu'aux États-Unis, les gens imaginent le moyen-âge truffé de chateaux de la belle au bois dormant, style Disney bonbon.
Je n'irai pas jusqu'à dire de pareilles choses, mais je m'amuse tout de même quand je lis certaines interprétations hasardeuses. Le plus drôle dans l'histoire, c'est que celui qui a écrit cette magnifique frise n'en est pas à son coup d'essai, et a une façon tout à lui de lire et comprendre l'anglais de l'article qu'il cite.
Comment s'étonner que cette tendre Ann Coulter, que Pierre aime tant, puisse récolter des voix, et propose d'en finir avec la France ? Vous remarquerez que notre vil pays est vraiment coupable de tous les maux du monde en ce moment. On fume tellement qu'on fini par raconter n'importe quoi sur le réchauffement de la planète, qui est une vaste blague, bien entendu.
Bon, vous noterez tout de même que la demoiselle n'a pas l'unanimité des suffrages dans son pays. Il y en a même qui la détestent...
mise à jour – décidément, cette femme est à la mode. on parle d'elle partout...
Panards in Paname
8h, le réveil sonne. Ou plutôt, la chaine me hurle les informations dans le cerveau, sans passer par la case filtrage du bruit. Jean-Pierre Gaillard m'annonce le cours du Dollar. La nuit est finie. Je me téléporte dans la salle de bain, et constate que j'ai perdu mes yeux dans l'histoire. Deux minutes plus tard, soulagement, mes paupières se décollent, je vois de nouveau. Comme d'habitude, je m'installe pour lire mes mails, et comme d'habitude, quand je regarde l'heure cinq minutes plus tard, une bonne heure s'est écoulée. Je saute dans mon costume de bain (en ce moment, on nage dans le bureau), je me coiffe de mon serre-tête musical, et je plonge dans la marée humaine bouillonnante qu'est le métro parisien.
Les gens regardent leurs pieds. Enfin regardent, c'est beaucoup dire. Fixent d'un air hagard, disons. Alors je fais comme eux, je regarde leurs pieds. Une idée qui m'est venue après être allé voir Filles Uniques, dimanche, avec Perrine. C'est très important, les chaussures, ça en dit long sur la personne qui les porte. Vous saurez tout de suite si la fille en face de vous est à l'aise, timide, victime de la mode, ou d'un autre temps. Si elle a des chaussures pointues, vous saurez qu'elle complexe d'avoir de si petits petons. Et qu'elle compense en arborant ces pointes agressives, dirigées vers vous. Si elle a des bouts carrés, vous saurez qu'elle trouve ses pieds trop grands — pauvre Berthe.
Les gens regardent leurs pieds, donc. Si bien qu'ils en oublient de regarder autour d'eux. Lunar dira que c'est à cause des trop nombreuses publicités qui lui polluent son champ visuel. Moi je les aime bien pourtant, ces publicités. Elles ne font pas de moi une victime, pourtant. Jamais, en riant devant Casta croquée par Jean-Paul Goude, je ne me suis dit : tiens je vais aller aux Galeries Lafayette. Jamais, en m'émerveillant devant la qualité des photos du Bon Marché, je ne me suis dit : tiens, je vais aller y acheter un lit / une robe de marriée / un bonzaï. Jamais en voyant les camions Darty je n'ai pensé y retourner (j'ai un petit a priori justifié sur la qualité du service Darty). Quant aux publicités pour les pays étrangers et les régions de France, oui j'avoue, elles me donnent envie d'y aller.
Mais pas plus qu'un bon bouquin d'André Gide.
Les gens regardent leurs pieds.
J'aurais peut-être dû regarder les miens aussi.
Ca m'aurait évité de me vautrer dans les escaliers.
23 juin 2003
des mots pour ne pas le dire
Ce soir, c'est à la grande rousse (encore elle !) que je dois ma trouvaille : le dicomoche. Ce site est tout bonnement fantastique. Vous y apprendrez à dealer des dates-butoir avec dangerosité, toutes les décades, et à zapper le fast-food du midi pour lui préférer votre frigidaire. Bon, certains cas sont un peu extrêmes, tout comme peut l'être notre rousse québecoise parfois, ce qui me pousse à freiner mon enthousiasme et à regarder vers le futur. Mais tout de même, ce site me plait.
Décryptement — Le bon vieux « chiffre » de nos ambassades est bien dépassé par les méthodes informatiques de codage des documents. Ce mot « codage » est sans doute trop faible. Dans un (excellent) article du Monde du 15 mai 96 (page 14 si vous voulez tout savoir), le très respectable vice-président de la Compagnie nationale des experts judiciaires en informatique et techniques associées nous parle de cryptement et de cryptologie... Si vous pensiez qu'une crypte, c'est un caveau souterrain servant de sépulcre dans certaines églises (Robert de 1977), vous vous retrouvez devant un message codé !
21 juin 2003
flashy
Après quelques années, de nombreux webdesigners reviennent enfin du tout flash, et axent leurs efforts sur le respect des standards web. Ou au moins sur leur utilisation, ce qui contribue à les mettre sur le devant de la scène.
En ce qui me concerne, les sites entièrement en flash m'ont très longtemps rebuté pour une raison évidente : je ne pouvais pas les voir. Mes navigateurs n'étant pas ou peu supportés par les différents addiciels disponibles, je me résolvais souvent à fermer la fenêtre et aller voir ailleurs. Cela dit, depuis un ou deux ans, le support flash est arrivé à portée d'utilisation des linuxiens de tous bords, d'abord sous Netscape 4, puis Konqueror (via le support des addiciels NN4) et Mozilla.
Ce qui ne veut pas dire pour autant que j'apprécie les sites de ce type. Ils ont un avantage certain : quel que soit le navigateur utilisé, le rendu visuel est à peu prêt le même. Mais ils ont bien des inconvénients, également. Il est difficile de les faire référencer par un moteur de recherche, ils sont souvent long à charger, et la facilité d'utilisation est souvent dégradée, au profit d'animations multiples, inutiles autant que fatiguantes, mais qui tappent à l'oeil du commercial avide de strass et paillettes technologiques.
Pour ceux que le sujet intéresse, donc, Michael Pick fait une étude détaillée des changements qui s'opèrent actuellement sur son blog. C'est par ici et ca se lit tout seul. (via zeldman.com)
19 juin 2003
clueless ?
Tiens, Steven Den Beste, de USS Clueless, a reçu mon mail. Bon, j'aurais bien aimé qu'il me réponde, par mail, mais il me cite, c'est déjà ça.
Hier, après avoir lu son message sur les déboires du tourisme français, j'étais, je l'avoue, assez remonté. Pas parce que les américains ne venaient plus en France passer leurs vacances, parce qu'après tout, ils font ce qu'ils veulent, mais plutôt par le ton global de l'article, que j'ai pris, moi qui ne suis pas susceptible du tout, en pleine gueule. Bon, ceci dit, à force de lire des blogs américains, je commence à avoir l'habitude, mais quand même.
Heureusement que Pierre Carion était là, avec son petit message sur la vengeance d'une blonde (de Québec, la blonde), pour me remonter le moral.
17 juin 2003
Tu veux ma photo ?
Tom Coates, de plasticbag.org, imagine un monde dans lequel chacun aurait un appareil numérique sur soi. Un monde où cet appareil deviendrait une petite partie de nous. le résultat est assez rigolo, en même temps qu'effrayant. Pour faire plaisir à Perrine, Jada, et autres grandes rousses, je vous ai traduit (en prenant quelques libertés) le texte en français ;
Voilà une idée farfelue à propos des appareils numériques : imaginez un monde dans lequel tout le monde a un appareil photo, toujours à portée de main. Disons – par exemple – qu'ils sont intégrés dans les téléphones portables. Ajoutez maintenant un petit dispositif dans chaque appareil, pour qu'il puisse communiquer, dans une zone restreinte correspondant à sa distance focale maximale, avec tous les appareils qui l'entourent. Ajoutez enfin à ceci la possibilité, pour chaque appareil, de savoir ce que vous pensez de l'utilisation de votre image. Vous pouvez donc lui indiquer que non, vous ne souhaitez pas que votre photo soit envoyée à vos amis, ou pire, que vous ne souhaitez en aucun cas qu'on vous prenne en photo. Ou simplement qu'on prenne des gros-plans de vous. Ces informations sont envoyées à tous les appareils qui essaieraient ensuite de vous photographier.
Par exemple, si vous êtes quelqu'un de nerveux qui ne souhaite pas être pris en photo du tout, vous pourriez régler votre appareil photo en mode « fichez moi la paix ». Si quelqu'un essayait alors de vous prendre en photo, son appareil refuserait de fonctionner. Il aurait beau s'acharner sur le déclencheur, tout ce qu'il obtiendrait en échange serait une série de bips. Cette personne devrait passer en mode « mal poli » pour vous prendre en photo. Et si vous ne vouliez pas qu'elle soit diffusée ensuite, le téléphone l'empêcherait de l'envoyer à d'autres personnes – à moins que vous ne soyiez prêt à passer en mode « mal poli » vous aussi. Ça pourrait être marrant...
syndrome ricoré
Le soleil vient de se lever
J'avais pas fermé mes volets
Il est 6h du mat' — c'est l'été
Je suis réveillé...
mondialisation ?
Rien de tel qu'un weekend ensoleillé pour se plonger dans un bouquin. Ce weekend, donc, j'ai lu d'une traite Les Identités meurtrières d'Amin Maalouf. Dans ce court essai sont abordés de nombreux points d'actualité, qui sont ensuite confrontés à l'histoire. L'auteur, Libanais expatrié en France depuis 1976, essaie de donner des clés pour comprendre les conflits passés et actuels, qui ont déchiré ou déchirent encore toutes des populations du monde — quels que soient leur religion, leurs courants politiques, et leurs idées. En appuyant sur les dangers d'une Identité exacerbée, de la mise au premier et unique plan de telle ou telle appartenance ou croyance, famille, région ou nation, caste, classe ou courant de pensée, l'auteur souligne et tente d'expliquer l'émergence des nationalismes de tous bords, des nouvelles formes de terrorisme, et des divers mouvements passéistes ou religieux.
Tout au long de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver le discours limpide, intelligent, mordant. Je n'ai pas pu m'empêcher non plus de penser à mon oncle, qui rêve d'une Bretagne indépendante. Pas pu m'empêcher de penser à Lunar, manifestant contre le G8, l'argent, le capitalisme, l'américanisation du monde, et surfant sur son iBook, montant des réseaux WiFi un peu partout. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que j'avais manqué une belle occasion en n'insistant pas pour apprendre une troisième langue au lycée. Que j'avais fait une belle bourde en oubliant les quelques notions d'Espagnol que j'avais acquises durant la même période. Après m'être plongé dans ce livre — comme si M. Maalouf était là, en train de m'exposer sa théorie, et moi, écoutant, en tailleur, à ses pieds, les yeux grands ouverts et la tête pleine de rêves — je me suis mis à réfléchir à toute vitesse. La tête pleine d'idées, d'envies, et prêt à dévorer quelques kilos de culture supplémentaire pour me sentir moins largué. Je vous conseille l'expérience à tous. Laissez-moi vous tenter, avec deux courts extraits.
[il ne servirait à rien de se demander si] la formidable avancée technologique qui s'accélère depuis quelques années, (...) qui a profondément transformé nos vies, notamment dans le domaine de la communication et de l'accès au savoir (...) est « bonne » ou « mauvaise » pour nous, ce n'est pas un projet soumis à référendum, c'est une réalité ; cependant, la manière dont elle affectera notre avenir dépend en grande partie de nous. Certains seraient tentés de tout refuser, d'emblée, et de se draper dans leur « identité » en lançant des imprécations pathétiques contre la mondialisation, la globalisation, l'Occident dominateur ou l'insupportable Amérique. D'autres, à l'inverse, seraient prêts à tout accepter, à tout « ingurgiter », sans discernement, jusqu'à ne plus savoir qui ils sont, ni où ils vont, ni où va le monde ! Deux attitudes diamétralement opposées, mais qui finissent par se rejoindre dans la mesure où elles se caractérisent, l'une et l'autre, par la résignation. Toutes deux — l'amère et la mielleuse, la ronchonne et la niaise — partent d'un même présupposé, à savoir que le monde avance comme un train sur ses rails, et que rien ne pourrait le dévier de sa course.
Que de gens, pris de vertige, renoncent à comprendre ce qui se passe. Que de gens renoncent à apporter leur contribution à la culture universelle émergente, parce qu'ils ont décrété une fois pour toutes que le monde qui les entoure était impénétrable, hostile, carnassier, démentiel, démoniaque. Que de gens sont tentés de se cantonner dans leur rôle de victimes — victimes de l'Amérique, victimes de l'Occident, victimes du capitalisme ou du libéralisme, victimes des nouvelles technologies, victimes des médias, victimes du changement... Nul ne peut nier que ces personnes se sentent effectivement spoliées, et qu'elles en souffrent ; c'est leur réaction qui me paraît malencontreuse. S'enfermer dans une mentalité d'agressé est plus dévastateur encore pour la victime de l'agression elle-même. C'est tout aussi vrai, d'ailleurs, pour les sociétés que pour les individus. On se recroqueville, on se barricade, on se protège de tout, on se ferme, on rumine, on ne cherche plus, on n'explore plus, on n'avance plus, on a peur du présent et de l'avenir et des autres. À ceux qui réagissent ainsi j'ai constamment envie de dire : le monde d'aujourd'hui ne ressemble pas à l'image que vous vous en faites. Ce n'est pas vrai qu'il est dirigé par des forces obscures, omnipotentes ! Ce n'est pas vrai qu'il appartient aux « autres » !
Amin Maalouf in Les Identités meurtrières
3,95€ en édition de poche.
13 juin 2003
12 juin 2003
méditation
Petit extrait d'un très joli texte :
I do want to change the world. But I believe that the real changes don't happen with bombs or bullets, with shouting or slogans, regardless of who is on the giving or receiving end of any of them—the real changes in the world happen in quiet and subtle ways, the beat of the butterfly's wings that stir the hurricane. The world is changed, I believe, not from the top down but from the bottom up, one slow step—one soul, one moment—at a time.
Noah Grey, le 18 février 2003.
11 juin 2003
libertés
Depuis une petite semaine, je bénéficie d'un accès complet à LWN. Et ce grâce à la contribution d'HP, qui a offert l'abonnement à tous les développeurs Debian le demandant. Tout content, je commençais, hier, à lire le weekly news de la semaine, et dans un élan d'enthousiasme, je tentais d'en faire profiter Lunar. Et là, lu' m'envoie un joli :et tu trouves ca bien ? l'information doit être libre, comme le logiciel, manu. Là je reste interdit. Pourtant, ca n'était pas faute d'avoir réfléchi au problème. Plus ça va, plus lu' est attiré par le mauvais côté de la pourtant bonne force. Le côté facile, celui qui consiste à rejeter, sans vraiment réfléchir jusqu'au bout. Enfin bon, là je fais mon Dortu et j'agresse un peu simplement, mais c'est un juste retour.
le cas LWN
LWN est, depuis sa création, un site d'information extrêmement riche sur linux et le monde du libre en général. Il est moche, et c'est sûrement l'un des points qui font que le site résiste à la monté inexorable des sites de trolls.
A l'origine, LWN publiait un bulletin par semaine (d'où son nom de weekly news, mais rapidement, des news quotidiennes sont apparues. Pas nécessairement nombreuses, mais toujours d'une objectivité presque sans faille. J'ai tout de suite accroché, et ça va bientôt faire 4 ans que le site est dans mes bookmarks.
L'année dernière, LWN a été confronté à un gros problème : le site, tel qu'il se présentait, coûtait très cher, et les revenus étaient inexistants. Pas de publicité, pas d'abonnement, rien. La première décision a donc été d'ajouter un emplacement de publicité, textuelle (pas d'images, pas de flash, pas de cochonneries), et un espace pour les dons (via paypal). Malheureusement, c'était loin de suffire. Ne souhaitant vraiment, mais alors vraiment pas gêner ses lecteurs avec des bandeaux défilant, le site avait donc deux options : fermer, ou inventer mieux.
Après avoir redessiné le site (essentiellement le backend), LWN a donc mis en place un abonnement. Les non-abonnés ont toujours accès aux nouvelles quotidiennes, qui sont toujours cent fois plus lisibles que celles de trollfr, par exemple. Certaines analyses riches, et les news hebdo ne sont plus, en revanche, accessibles qu'aux abonnés, pour une durée d'une semaine.
Comme vous pouvez le constater, le but n'est pas de planquer l'information pour la vendre, mais bien de trouver un moyen attrayant pour tout le monde, qui permette à LWN de subsister. Alors oui, il y a des privilégiés. Ou disons, des gens qui donnent de leur personne pour faire vivre le site, parce qu'ils y trouvent un intérêt quelconque. Est-ce que pour autant LWN a une attitude criminelle ? Je ne trouve pas.
le cas du logiciel libre
Le logiciel libre dans son intégralité est confronté au même type de problème. Je prendrai pour exemple OpenBSD, mais j'aurais pu en prendre beaucoup d'autres. Comment fait l'équipe d'OpenBSD pour subvenir à ses besoins ? elle vend ses CD. Et elle vend d'autres gadgets, comme des poissons qui piquent et des posters qui tuent. Et elle reçoit des dons d'un peu partout. Mais pourquoi donc vendre des CD, quand ils sont téléchargeables sur internet ? Simplement parce que cela permet de rétribuer, dans une certaine mesure, les gens qui le développent, en financant par exemple leurs déplacements. Leurs actions. Leur travail. Et les coûts de pressage (oui on tourne vite en rond).
Bien sûr, si vous voulez les CD d'OpenBSD, vous n'allez pas forcément attendre 7 jours complets après sa sortie des presses à CD. Il vous suffira de trouver quelqu'un qui a le CD, ou une connexion rapide, et vous aurez le droit de le copier. De la même façon, si vous voulez avoir accès aux articles de LWN, vous pourrez demander à vos amis abonnés de vous en fournir le texte. Ou attendre une semaine pour l'avoir directement sur le site. Les adeptes du politiquement correct n'aimeront pas le signe '$' qui trône à côté des articles réservés en priorité aux abonnés, j'en conviens.
Où s'arrêter ?
On peut se poser la question de savoir où s'arrêter. Que faire payer, que ne pas faire payer, et pourquoi faire payer. A mon sens, la question ne se pose pas en termes d'argent du moment que l'argent n'est pas un problème. Les développeurs Debian ne demandent rien de particulier pour maintenir leurs paquets. Rien que de la courtoisie, de la bonne humeur, et du respect. Mais si demain, pour une raison x ou y, l'hébergeur de debian.org nous mettait à la porte ou triplait ses tarifs, nous serions bien obligés de considérer l'argent comme un problème. Ca ne ferait pas de Debian un système payant, fermé, propriétaire, ou injuste. Nous demanderions de l'aide, vraisemblablement, à nos utilisateurs. Et nous mettrions la main à la pâte avant tout le monde. Et nous y arriverions sûrement. Mais si nous n'y arrivions pas ? Si nous nous retrouvions dans le cas de Mandrake ? Ouvririons-nous un DebianClub, avec des paquets en prerelease, des trolls en exclusivité ? Cette idée s'applique assez mal à Debian, mais dans le cas de Mandrake, je la comprends, et je la soutiens. Au risque de passer pour un privilégié quand je donne 5 euros par mois à MDK pour pouvoir bénéficier du Club. Ca ne sont pas les privilèges du Club qui m'intéressent, mais le fait de contribuer à aider un projet dans lequel je crois.
10 juin 2003
douceur angevine
Ce weekend, j'ai sautillé de monde en monde. Première étape dans une galaxie très lointaine de la mienne, appelée oü-Horde. Ce fut un voyage très perturbant, en ce qui me concerne. Habitué à trouver mes marques rapidement, et à les créer au besoin, je me suis senti un peu trahi par ce monde curieux, où tout ce que je voulais faire refusait de se faire, et où tout ce que je redoutais arrivait à coup sûr. J'avais pourtant pris avec moi moult amulettes, fioles de vie et autres gadgets, comme ma combinaison spéciale anti-transpiration en kahleçon. Impossible d'éviter les grosses suées quand les autochtones m'empêchaient de me déplacer avec mon AltClick préféré. Bref, une fois le rapport sur cette galaxie fini, j'ai effectué un petit retour aux sources, histoire de me remettre d'aplomb.
Galaxie suivante, direction la ville d'Angers, où je retrouvais ma soeur, son ami, leur appartement d'une taille indécente, et un air étrangement léger, malgré l'orage annoncé. Après avoir fait de l'exercice en gonflant pendant près d'une demi-heure un matelas pneumatique à la pompe à pieds, nous nous sommes affalés avec Perrine, qui m'avait suivi, et sommes rapidement tombés en léthargie. Réveil tant angevin qu'angélique, au milieu d'une cuisine grande comme mon appartement, douche, et enfilage de combinaison, avant de changer de nouveau d'univers.
Quelques 200km plus loin, après être passés en jadawinie de l'est à prêt de 150km/h de moyenne, j'ai redécouvert la maison de feu mes grand-parents, réhabitée et réhabilitée par mon oncle, qui baptisait sa fille. Ma filleule, désormais. L'orgie de dragée n'a pas réussi à me faire passer ce drôle de sentiment qui m'a poursuivi toute la journée. Je me sentais inhabituellement chez moi, moi qui n'ai jamais attaché d'importance à l'endroit où j'habitais. J'ai toujours voulu fuir Bressuire, où j'ai passé 12 ans à étudier bien sagement avant d'avoir mon bac, et voilà que je me retrouve attiré comme un aimant par le grand Ouest. Le plus perturbant, c'est cette impression d'avoir complètement oublié Paris pendant une journée. Là bas, la RATP n'évoque que le JT de 20h, on ose à peine imaginer ce que peut être un métro. Les grèves sont un fantôme de la capitale, les profs se modèrent étrangement et les enfants vont à l'école sagement. Les gens vivent doucement, passent bien trop de temps à table, mais compensent en évitant de rester cloitrés dans une voiture à 5 à l'heure toute la semaine. Les villages sont jolis, la nature est verte, et je suis ailleurs.
Un cri de mon plus jeune cousin et 5 points de suture plus tard, je me réveille. Il est temps de partir, de retrouver Paris et les 5 heures de route qui m'en séparent. 19h, départ fébrile. Les autres s'en iront à 22h. J'ai revu toute la famille, après une trève de 3 ans, et j'ai revu toute mon enfance, en quelques instants. Magiques. Tragiques.
Retour sur la capitale donc, petit détour par Angers pour déposer ma soeur, on dévore la route, le paysage file, à cent à l'heure. Ou un poil plus. Pas de musique dans les oreilles, mais un air dans la tête.
Vous les avez connus ceux qui
Dans un élan de poésie
Mal contrôlé
A cent à l'heure sur les boulevards
Sur les banquettes de moleskine
En s'en remettant au hasard
Sans plus se soucier de Lénine
S'aimaient à l'arrière des taxis
Ils s'aimaient a l'arriere des taxis
Tant que les heures passent
Tant que les heures passent
Peu importent les années
Et peu importent les villes
C'est Paris, Moscou Berlin
Berlin l'enchanteresse...
Et le déja vieux règne de l'électricité
Partout même sous nos peaux
La cicatrice aux néons
Et les égouts qui debordent
En pensant à Lili Brik
Et Volodia Maïakovsky
Ils s'aimaient à l'arriere des taxis
Ils s'aimaient à l'arriere des taxis
Tant que les heures passent
Tant que les heures passent
Vous les avez connus ceux qui
Emportés par leur fantaisie
Ludique
Mais en pensant à Lili Brik
Et Vladimir Maïakovsky
Et leurs sourires à peine éteints
Et les cent-vingt croix de leurs mains
Leurs mains qui glissaient sur leurs skins
Se perdaient sur la moleskine
Ils s'aimaient à l'arriere des taxis
Ils s'aimaient à l'arriere des taxis
Tant que les heures passent
Tant que les heures passent...
Il nous aura fallu 4h pour revenir. Ca roulait vraiment bien.
06 juin 2003
h2O mon amour
Il fait une chaleur étouffante. Mon appartement devient une vraie fournaise sans son frigo et son ventilateur. Les deux m'ont lâché, l'autre après l'un, à des périodes cruciales.
Dans le monde, bien des choses lâchent et contribuent à l'impression globale d'étouffement. Nos libertés partent doucement, s'effacent, sans que personne ne s'en rende trop compte. Warblog.cc essaie de souligner les dangers du Patriot Act américain, et met le doigt là où ça fait mal. Aujourd'hui, aux Etats-Unis comme ailleurs, les libertés fondamentales sont baffouées, pendant qu'on cherche encore des armes de destruction massive, tandis que l'instauration d'une démocratie en Irak semble illusoire.
Vous me direz, tous ces problèmes semblent bien américains, vu d'ici, et ne nous concernent que peu, au fond. Dites le moi encore maintenant.
C'est fou ce qu'une guerre peu changer la face du monde quand même.
05 juin 2003
évasions
J'ai fait un drôle de rêve. Brice, un ami, un très bon ami même (d'ailleurs ça fait à peu près 3 mois que je me promets que je vais l'appeler dans la semaine), m'annonçait qu'il déménageait, et qu'il venait habiter sur Paris. Ca peut sembler banal comme situation, mais Brice est l'un des plus fervent adeptes de la province, de la mer et de la nature. L'un des plus hostiles à la capitale. Un peu comme moi, sauf que j'ai d'excellentes raisons d'adorer Paris : Perrine y vit.
Perturbé par ce rêve qui m'a semblé tellement vrai pendant la nuit, et un petit bout de temps après que le réveil eut sonné, j'arrivai à la station de métro l'esprit un peu perturbé. Je constatai encore une fois que les fanciliens débarquaient bien tôt - et bien massés - à Paris, systématiquement, tous les matins, avant d'en repartir tous les soirs, invariablement. C'est un peu comme le sac et le ressac, mais en moins agréable. Mon instinct grégaire étant au plus bas, je laissai passer trois trains bondés dans lesquels il m'aurait été impossible de monter sans me faire écrabouiller les pieds et déchirer des pages de mon bouquin. Là je croisai mes élèves, qui me signalèrent que j'étais en retard. *sourire*.
Après ces péripéties, j'ai goûté un repos bien mérité en sirotant un jus de tomate-pamplemousse-chocolat-kiwi, et je me suis allongé dans un hamac orangé, baignant mon esprit dans les rayons dorés du soleil naissant. C'est bien l'été quand même...
04 juin 2003
fatale
Ca devait arriver. Elle se cachait bien, elle ne s'est pas montrée avant l'instant fatidique. Personne ne l'avait prévue, et pourtant elle était là. Il n'y a pas de mot pour décrire pareille fourberie, pas de phrase pour décrire l'émoi dans lequel elle m'a mis, et pas d'image pour illustrer sa force sournoise.
Elle ne fait pas de politique, elle est juste politiquement très incorrecte, un peu comme une insulte lancée en pleine figure à un passant dans la rue. Elle se fiche bien des standards du web. Elle ne peux même pas vous donner mal à la tête, malgré sa rengaine répétitive et ses faux-airs d'adepte des fins de semaine. En la voyant, vous vous faites tout un cinéma, pour pas grand chose, au fond. Et elle se fiche éperdument de vos commentaires.
Si la vie est parfois cruelle, elle l'est encore d'avantage, ce soir, le soir même où je rêvais de sommeil, de repos, et de calme. Le soir même où, plus que jamais, Pierre Bordage m'appelait irrésistiblement vers mon lit. J'aurais aimé plonger dans la vie d'Abzalon, finir d'un trait ces chapitres et passer à autre chose. Ou finir de me perdre dans cet univers fictif, en m'imaginant Doeq ou Xion, Ester ou l'Estérion. Elle a ruiné ma soirée.
La foutue page blanche.