juillet 07, 2003
dominical mental (sans eau)
I'm havin' illusions, all of this confusion's drivin' me mad inside
I'm havin' illusions, all of this confusion's fuckin' me up in my mind
Une heure vingt. Cypress Hill berce cette fin de soirée, ou ce début de nuit. Je me raccroche vaguement à la notion du temps, après trois jours qui n'en furent que deux. Entre vendredi matin et cet instant très présent, j'ai dormi quatorze heures, réparties sur deux nuits de quatre et dix. J'ai mangé trois fois et demi. J'ai parlé pour trois mois.
Sans vouloir mettre jadawin mal à l'aise, je dirais qu'il m'a sérieusement aidé à passer un excellent weekend, plein d'idées, de débats, de sport, de crème de marron et d'alcool. Au fur et à mesure que nous parlions, je révisais toutes mes opinions. J'aimais beaucoup Nantes, sans vraiment connaître cette ville en détail. Maintenant, j'aime beaucoup un nantais, mais je sais pourquoi.
Ces moments de complicité me font me poser des questions sur la relation élève/prof en école d'ingénieur. Peut-être est-ce dû à notre différence d'âge ridicule, mais je ne le pense pas réellement. Peut-être est-ce dû à la nature passionnelle de notre relation à l'informatique, mais pour ce qu'on en a parlé en deux jours, je pense que ça ne fait pas tout. Peut-être est-ce parce qu'au fond, malgré nous, malgré tout, nous sommes désormais adultes. Ca fait des années qu'on me traite de vieux dans ma tête, peut-être est-il temps que je l'accepte.
En réfléchissant bien, j'ai toujours eu des relations assez particulières avec mes profs, parfois complices, parfois franchement conflictuelles, mais toujours constructives. Cela m'a souvent valu des réflexions assez désagréables et puériles de mes camarades, même récemment. Mais j'en ai toujours beaucoup retiré. Les deux personnes qui m'ont le plus permis de m'épanouir intellectuellement sont sans aucun doute M. Monvoisin, mon prof. de biologie et physique de la sixième à la troisième, et M. Hervé, mon professeur de français en seconde et terminale. Tous les deux étaient très vieille France, comme beaucoup se plaisent à les décrire. Ils étaient tout deux relativement agés, respectables à défaut d'être complètement respectés, et correspondaient à l'image que j'avais des enseignants intègres, croyant en l'importance de leur rôle d'éducateur. Ils étaient également extrêmement cultivés.
Ce soir, comme très souvent, je leur ai dit merci. Un tout petit merci à peine audible, qui ne traversera jamais les 400km qui nous séparent. Mais un énorme merci, de tout coeur, pour tout ce que j'ai accompli grâce à eux. Qu'il s'agisse de politique, de religion, de tolérance ou de culture, ils m'ont permis de me construire, tel que je suis. Ils me permettent de tenir, de continuer à réfléchir, analyser, penser, aimer.
J'aimerais pouvoir apporter ce genre de recul à mes élèves. Mais ce soir, le constat que je fais, c'est que ce sont mes élèves qui continuent le travail de mes professeurs.
Tout ceci est décidément plein de contradictions.
Nan, là c'est pas des contradictions, c'est un paradoxe ! :-p
ça y est... je pleure! :)
va falloir que je blogue sur le WE pour rétablir des vérités. tu m'a appris bcp cher manu.
Peut être est ce pas ce que tu es un grand gamin dans l ame ...
Nous aussi on t'aime !
N'empêche que manu souligne un point crucial de l'enseignement : nous autres, enseignants, recevons beaucoup de nos étudiants, en bien comme en mal. C'est une relation très intense, très mouvante, parfois conflictuelle et parfois très complice, c'est une construction perpétuelle et elle nous apporte beaucoup, à nous aussi.