juillet 24, 2003

du bleu pour les garçons

des visages d'anges

Les lecteurs qui ont répondu à Eve ont complètement raison. Les gens voient l'informatique comme une contrainte de plus, et ardue avec ça. Une machine de plus à apprivoiser, un fonctionnement de plus à apprendre. Déjà, ils ne savaient pas programmer leur magnétoscope parce qu'il avait trop de boutons. Maintenant, on leur file un clavier 105 touches et une souris. Plus une interface à faire pâlir d'horreur un expert en IHM chez Samsung. Ces gens là ne veulent pas apprendre.

Le problème, c'est que tout en ayant raison au sujet des gens en général, ces mêmes lecteurs sont complètement à côté de la plaque. Ce que souligne Eve, ça n'est pas que les filles ont un problème avec l'informatique. C'est que l'informatique est un milieu très sexiste, très involontairement, et qu'il est temps que ça change.

Le comportement type de l'informaticien est toujours le même. Il va arracher le clavier des mains de celui qui pose une question pour lui résoudre son problème, parce que c'est la façon la plus rapide de le faire, et que de toutes façons, les gens ne veulent pas apprendre, sinon ça se saurait. Que ça soit un homme ou une femme ne changera rien. Par contre, si c'est un informaticien en face, on va se mettre à expliquer plutôt que de piquer le clavier. Parce qu'on a quelqu'un en face qui se déclare en accord avec nos principes, qui veut comprendre.

Sauf si c'est une fille. Si c'est une fille, qui se déclare informaticienne, on va juste se dire qu'elle ne veut pas passer pour une gourde. C'est éminemment discriminatoire, et souvent parfaitement involontaire. Maintenant pourquoi est-ce que les informaticiens fonctionnent comme ça ? Et est-ce typiquement informaticien, d'ailleurs ? Je ne pense pas. C'est pareil quand une femme et un homme ont un accident de voiture. C'est pareil quand les enfants demandent comment marche quoi. Notre société est éminemment sexiste. Il m'aura fallu du temps pour réaliser à quel point, mais c'est lumineux.

- Papa, pourquoi les avions volent ?
- Demande à ta mère.

- Maman, c'est quoi un hémistiche ?
- Demande à ton père.

Vous avez déjà entendu ça vous ? Pas souvent, avouez. Les hommes sont matheux, les femmes sont littéraires. Pourtant, il y a plus de filles en terminale S. Oui c'est normal, elles veulent faire médecine, ou véto. Ou prof de maths, aussi, c'est bien d'être prof quand même, c'est un beau métier. Et pourquoi êtes vous prof de maths monsieur ? Ca ne vous intéressait pas d'être ingénieur ? Parce que vous aimez les enfants dites-vous ? Ah. ( - il doit être homosexuel ou pédophile... - ).

Je noircis volontairement. Mais ça me remue. Je l'ai tellement entendu que presque, ca me paraît normal. En même temps, je n'ai jamais pensé comme ça. Pourtant, ça n'aurait rien de surprenant, avec un père ingénieur dans l'automobile et une mère au foyer (pardon maman). Une mère qui élève ses 4 enfants, qui s'occupe de maintenir une grande maison pour qu'elle ne ressemble pas à une hutte post-cataclysmique, qui veille à la bien nutrition de tout ce petit monde, qui est taxi pour le quartier, bibliothécaire pour la ville, et conseillère municipale. Une femme au foyer quoi, c'est normal qu'elle ait le temps de lire, se cultiver, et écouter de la musique, comme on lui fait souvent remarquer.

En fait, l'informatique obéit à des lois très similaires à celles de notre société. Sauf qu'en plus d'être sexiste, c'est un milieu victime de l'imagination débordante que les gens peuvent avoir à son sujet. On s'imagine souvent que l'informaticien ressemble à ça : un garçon, n'aimant ni les garçons, ni les filles, et ne sachant parler que d'un sujet : son ordinateur. Forcément, en devant parler à une fille, lui répondre, et travailler à ce qu'elle comprenne quelque chose qui lui semble inné, un type pareil a du mal. Et forcément, vu comme ça, c'est drôle. Mais ça n'est qu'un cliché de plus destiné à maintenir en place ce qui doit l'être parce que ça arrange tout le monde. J'en connais, des informaticiens qui ressemblent à ça. Mais je connais quelques physiciens, mathématiciens, chercheurs, qui correspondent parfaitement à cette description. À côté de ça, je connais plusieurs informaticiens brillant, certains très jeunes, d'autres moins jeunes, qui sont parfaitement sociables, qui ont déjà eu plusieurs relations amoureuses, et qui, si on ne leur collait pas une étiquette, un tatouage indélébile, à chaque fois qu'ils énoncent leur métier, ne rentreraient aucunement dans le moule « informaticien ».

En informatique, les hackers sont légions, les hackeuses se comptent sur le bout des doigts. Et toujours, elles sont regardées comme des filles bizarres, anormales. Bizarres et anormales parce que ce sont des filles, ou parce qu'elles rentrent dans le cliché dont j'ai parlé ? Un peu des deux. Ce qui est paradoxal, c'est que les informaticiens appliquent les clichés qui leurs font tant de tort dans leur propre vie sociale aux autres. Un geek pourra traiter un autre geek de nerd avec un petit air condescendant. Et un geek va regarder la geekette d'un air suspicieux. Mais bien avant qu'elle atteigne cette reconnaissance, la geekette devra passer par un cheminement terriblement tortueux. Ou complètement secret. Une fille pourra être reconnue comme informaticienne à partir du moment où elle aura prouvé ses qualités au regard du monde. Prouvé, dis-je. Ce qui signifie qu'elle ne pourra pas grandir dans le milieu informaticien. C'est un schéma assez classique dans notre société, et c'est assez perturbant. Surtout en informatique, où les considérations morphologiques, affectives et psychologiques jouent définitivement moins qu'ailleurs. Ne reste que la logique, dans l'histoire. Ce défaut supposé des femmes en logique prend alors des proportions fantasmagoriques, se dressant comme dernière barrière entre les hommes et les femmes.

Le problème, je pense, vient donc de l'éducation, dès l'origine, des garçons et des filles. Je ne remets pas en question le fait que les garçons portent le pantalon et les filles la robe, c'est un autre combat me semble-t-il, d'un autre temps, assez globalement. Je remets en question l'approche mathématique et littéraire que nous avons tous, implicitement ou explicitement. Mon prof de français au lycée a toujours essayé de nous montrer en quoi sa matière était importante pour des scientifiques. C'est normal pour un enseignant, me direz-vous, de mettre sa matière au premier plan. Mais c'était bien plus profond. Les réflexions qu'il menait allaient bien plus loin. Il s'agissait aussi pour lui de nous montrer, par exemple, que la terminale S n'était pas l'autoroute que l'on croyait.

Le clivage Science/Lettres dans les mentalités est à l'origine de bien des problèmes, et contribue au maintien de certaines valeurs perturbantes. L'approche scientifique est celle qui offre le plus de débouchés, vous dira-t-on, et il vaut mieux faire S que L si vous tenez à avoir un travail intéressant. Rien de plus faux et de plus dangereux. Pourtant c'est le discours de nombreux conseillers d'orientation. Ce genre de stéréotypes s'inscrit dans la logique historique des choses : les sciences, c'est un truc d'homme, et l'homme travaille avant tout, c'est son but dans la vie. Les lettres sont pour les femmes, qui sont plus sensibles, et qui sont des mères avant tout. Les poëtes, romanciers, intellectuels et artistes sont mis à l'écart de la société parce qu'ils ont une relation au travail « féminine », une sensibilité exaspérée.

Mais changer le discours dans les écoles ne servira à rien si on ne change pas la base de notre réflexion et de nos réactions au quotidien. Je remets donc aussi en cause notre approche affective des choses. Une petite fille doit pouvoir jouer aux petites voitures si elle en a envie, sans qu'on lui dise que c'est un jouet de garçon. Un garçon doit pouvoir pleurer sans qu'on lui dise que c'est un truc de fille. Le bac à sable doit être ouvert à tous, et il en va de même pour la corde à sauter et la marelle. Les petites filles doivent pouvoir escalader des monticules de rocher sans qu'on ne tremble de peur pour elles, et les garçons peuvent avoir peur d'escalader ces mêmes monticules sans qu'on les raille. Il y a une multitude de détails, qui ne remettent nullement en cause les différences qu'il peut y avoir entre les hommes et les femmes (certains ne veulent pas en voir, mais je trouve ça tout aussi dangereux), et qui pourtant donneraient un grand coup dans le passéisme qui gouverne les relations entre les deux sexes. Et si vraiment les films porno sont essentiels à la race humaine (j'ai du mal avec ça, mais bon, après tout), qu'au moins on arrête d'y prendre les femmes pour des bouts de viande. Qu'on équilibre les orgies, qu'on remette en cause la façon très masculine de filmer tout ça.

Une grosse remise en cause, plus individuelle que collective, à mon avis, est à mettre en route. Bien sûr, on ne pourra pas tout bouleverser en une fois. Bien sûr on ne corrigera pas tous les défauts dans le comportement des parents, éducateurs, et enseignants tout de suite.
Commençons donc par balayer devant notre porte.
Changeons-nous.

- Maman, comment on dérive un logarithme ?
- Assieds-toi et prends un crayon...
Rédigé par manu à 21h19 | TrackBacks (2)
Categorie: [maux de tête]
Commentaires
davux le 24 juillet 2003 à 22h19

1/x non ? Ah c'est pas le sujet ?
Plus sérieusement, je suis assez complètement d'accord avec toi sur pas mal de points, mais pas à propos de la corrélation entre la distinction Sciences/Lettres et la distinction hommes/femmes. Il y a 50 ans de ça, quand nos grand-parents étaient étudiants, ce sont les Lettres qui faisaient autorité, tout le monde devait faire du latin et du grec ancien, de la philosophie, alors que les mathématiques étaient réservées aux ignares. Pourtant la société était éminemment plus sexiste qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Je pense que cette explication du clivage et de la hiérarchisation hommes/femmes est illusoire, cependant je suis d'accord avec toi que les références de qualité qu'on a à un moment donné (les sciences, à notre époque) sont réservées aux hommes. Il y a deux générations de cela, les hommes faisaient des Lettres et les femmes... pas ou peu d'études.
Pour finir, même si j'adhère complètement à ce que tu dis, je suis tenté de le pondérer avec la remarque suivante: certaines des différenciations de domaines qu'on observe dans la société ne se font-elles pas en partie naturellement, par goût, tout simplement ?

TDD le 24 juillet 2003 à 22h28

C'est un excellent post, mais je ne peux m'empêcher de me questionner sur la distinction entre comportement identitaire inné (issu de l'Evolution) et comportement identitaire acquis (issu du contexte social).

Si tu prends la condition de la femme, par exemple, dans le monde. Les variations qu'on y constate, depuis les zones dont la culture met la femme très bas à celles où beaucoup d'efforts sont faits pour une parité, sont par définition de l'acquis social, le résultat d'un contexte culturel. Tout cela, il est possible, et même légitime, de le remettre en question, que ce soit pour l'accepter où le réformer.

Prends maintenant des comportements plus universels, plus profonds, et dont l'absence de manifestation résulte généralement d'une censure culturelle plutôt que d'une absence réelle : l'instinct de protection et d'assistance de la compagne, terriblement masculin ; l'instinct de réconfort, de dialogue et de conciliation, plus féminin ; l'instinct de conquête, d'expansion, majoritairement masculin ; l'instinct de survie, parfaitement asexué, tout comme celui de protection de sa progéniture. Tout ceci me semble être "inscrit dans nos gènes", et peut-être est-il non seulement illusoire mais en plus pas forcément souhaitable de vouloir les changer. Ces caractères ne définissent-ils pas notre condition humaine ?

Tu me diras, ce que tu nous exhortes à faire évoluer, ce sont les aspects que j'ai cités comme acquis, et je suis d'accord avec toi. Mais je dis aussi : sachons trouver l'équilibre plutôt que de, comme toujours, aller trop loin sans le voir, et aboutir à une inversion des rôles. Le féminisme comme recherche de l'équilibrium, oui ; comme miroir du machisme, non. Si un homme souhaite travailler de chez lui pour s'occuper de ses enfants, tandis que sa femme est fondamentalement carrieriste (ce qui me semble être contraire à l'instinct maternel, mais bon), qu'il en soit ainsi, *dans leur cas*. Que cela ne devienne pas le nouveau carcan stéréotypé.

Je vois tout cela bouger, et je vois partout ces hommes qui ne savent plus qui ils sont, qui ont perdu leurs repères, qui ne savent plus ce qu'on attend d'eux, leurs droits et leurs devoirs devenus indistincts, insaisissables. M'est avis que les femmes, de leur côté, ne le savent pas mieux qu'eux, elles aussi aux prises avec ces vents violents de réforme, qui soufflent avec autant d'insistence que d'hétérogénéité et de confusion.

Et pourtant : même avec la Presse A Pouffes(tm) sans cesse grandissante, son 3 Kilos En Trop(r) obligatoire et ses conseils toujours plus graves ("sautez donc le mec de votre copine" et compagnie) ; même avec la Presse A Blaireaux(tm) qui s'étend lentement et son incapacité à sortir du schéma PerformanceSexuelle/Musclor/FillesSiliconées ; même avec toutes ces conneries qui s'étalent partout dans nos kiosques, les filles continuent de chercher le prince charmant et les mecs leur princesse.

On a jamais autant de tolérance pour les concessions au Sexe Opposé, ni l'esprit aussi ouvert pour la réforme de nos relations avec lui, que quand on est amoureux.

Soyons amoureux ! Alors on pourra commencer à changer le monde :-)

Eve le 24 juillet 2003 à 22h41

Merci.
Toi aussi tu as remarqué qu'on me répondait pas sur le fond :)
Le sexisme est un sujet délicat, même si c'est loin d'être le seul.

La séparation litteraire/scientifique est vraiment artificielle.
C'est une séparation qui reprend à tord l'opposition sentiments/logique, et donc féminin/masculin. Ce n'est peut-être pas l'origine du sexisme, mais c'est un facteur probable.

Culturellement, et particulièrement en France, ce clivage est très présent alors qu'il est plus nocif qu'instructif. Elisabeth Badinter a écrit un livre sur les philosophes des lumières, je crois. En tout cas sur le plateau de "bouillon de culture" elle regraitait que, depuis la révolution, les Penseurs aient à choisir entre les étiquettes "Scientifiques" ou "Hommes de Lettres".

Pour le sexisme et l'informatique, je crois que je bloguerai à nouveau, et peut-être même que je ferai un track-back chez toi :)

Perrine le 24 juillet 2003 à 23h26

Tiens, je viens de comprendre pourquoi j'ai attendu vainement toute la journee un mail de toi.
Sinon 2 questions :
- manu, c'est quoi un hémistiche ?
- Qu'est-ce que ma niece vient faire la ?
C'est pas un bonne exemple ma niece, sa mere est ingenieur et son pere connait toutes les capitales du monde.

Lunar le 24 juillet 2003 à 23h28

Le problème, je pense, vient donc de l'éducation, dès l'origine, des garçons et des filles.

Est-il besoin de rappeler que des jeux et des jouets d'enfants dépend beaucoup ce que sera l'adulte ? Aux petites filles, on donne des poupées, et d'autres jouets poussant à la reproduction et à l'imagination narrative. Aux petits garçons, des légos et d'autres jouets poussant à la découverte et à l'imagination technique.

Enfin, TDD, permet moi d'être en total désaccord avec ta conception "d'instincts". Toute la liste que tu donnes n'est qu'une série de constructions sociales liées aux genres. Les petits garçons continuent de se voir répeter que lorsqu'on veut être "un homme" il faut être fort, il ne faut pas pleurer, et qu'il faut même être le plus fort et donc se protéger. Dans la « maison-des-hommes », la compétition passe aussi par les conquêtes fémines. Et quand on parle de conquêtes, il faut ensuite défendre le territoire...

L'instinct de survie est présent en chacun de nous, je pense. Celui de vouloir sauver notre progéniture également, que l'on soit garçon ou fille. Le reste n'est que pression sociale, aliénante et sclérosante.

Perrine le 24 juillet 2003 à 23h41

Lunar, je ne suis pas entierement d'accord avec toi.
Je reprend l'exemple de ma niece, Carole, melee a ce post malgre elle et son petit frere, Pierre.
Ma soeur, a elevee sa fille, comme nous l'avons toutes ete dans ma famille, avec autant de voiture que de poupees comme jouet, de meme que son frere.
Et bien Carole ne touche pas a ses camions et Pierre ne touche pas a ces poupees. Pourtant ma soeur aurait adoree faire des tours de tracteur avec sa fille, mais ca ne l'interesse pas. Au contraire Pierre fait une colere des que le tracteur s'arrete.

L'education n'y est donc pas pour tout.

Pierre CARION le 25 juillet 2003 à 07h00

Le jeu de l'ete : cherchez la fille

http://lwn.net/Articles/40830/

davux le 25 juillet 2003 à 12h16

Suparna Bhattacharya, 3ème rangée en partant du bas, 4e tête.
Ah bon c'est pas le sujet ?

oz le 25 juillet 2003 à 13h42

Ton exemple de fin est sympa, ça me rappelle mes années collège : forcément avec deux parents profs... J'ai du mal à comprendre tout ça, puisque mon père m'a appris à lire, et j'ai demandé de l'aide à ma mère dans les matières scientifiques (une prof de physique) autant que sur les thèmes/versions de latin (euark). Ce clivage scientifique-littéraire je ne l'ai jamais trop ressenti. Mais si tu le dis, je veux bien y croire.

Bon. Presque 10 commentaires, et personne ne t'a encore fait de remarque sur les teintes bleutées de la photo : c'est un bon début non ?

Emmanuel (galaxy ;-) le 25 juillet 2003 à 16h03

Pour répondre à TDD, je ne sais pas s'il est très pertinent de dire que l'homme a encore des instincts. Les exemples que tu donnes ne sont que des manifestations de la culture humaine la plus classique qu'elle soit : si un homme n'a pas envie d'avoir une grande carrière, on va lui dire qu'il manque d'envergure et qu'il ne fera jamais rien dans la vie. Je vais prendre un exemple personnel, qui vaut ce qu'il vaut mais bon : quand j'étais plus jeune, je voulais faire le mec qui actionne les grues dans les grands chantiers. On m'a demandé si je voulais pas plutot faire ingénieur en bâtiment, parceque c'était mieux. Et voila pourquoi pendant un temps, j'étais "bon" en géométrie... donc j'étais rentré dans le droit chemin car d'une part une prestigieuse carrière chez bouygue m'attendait, et d'autre part, j'allais m'interesser à une matière nôble, car scientifique, ce qui est "normal" puisque je suis un garçon.
Pourtant, j'en avait rien a foutre de ma carrière à l'époque, mais mes parents ne pouvaient pas dire à leurs parents/amis/collègues que j'allais être ouvrier plus tard... ça aurait manqué d'"envergure". Nulle histoire d'instinct de conquete ou autre là dedans.

En ce qui concerne le fait que les femmes seraient plus posées que les hommes, je ne vois pas trop comment tu peux dire qu'il y a un phénomène d'instinct puisque dans n'importe quel livre de lecture de CP (ou même la presse pour cet age), on voit la maman parler à ses enfants, les promener, etc. alors que le papa est au travail, ou dans sa voiture. Ici, le réconfort et le dialogue vient de la femme. Il y a donc phénomène d'éducation qui écrase n'importe quel instinct.

Enfin, tu parles d'instinct de survie, mais l'homme est quand même la seule créature à se suicider, ou à tenter de le faire. La condition humaine définit par ses instincts ne me semble donc pas très pertinente... Je pense, pour ma part, qu'il y a peut-être des instincts, mais qu'ils sont completment masqués par la culture ambiante. Je partage plutot l'avis de Lunar sur ce point.

Et pour répondre à Perrine, il faut prendre le terme "education" dans un sens large : je veux dire que l'education ne provient pas forcement que des parents, mais de l'ensemble des personnes qui sont ammenées à rencontrer les enfants, c'est à dire les gens de l'école, mais aussi les nourisses, les voisins, les autres enfants qu'ils cotoient. Pour reprendre ton exemple, si je vois qu'aucun de mes petits camarades ne joue à la poupée, même si j'ai des poupées à disposition, je vais faire comme mes copains et jouers aux voitures. La meilleur façon d'apprendre les choses simples reste quand même le mimétisme...

capt'ain le 25 juillet 2003 à 20h56

If you want to make the world a better place,
take a look at yourself ..
and make a change !!!


- Man In The Mirror - MJJ.

Meshak le 26 juillet 2003 à 00h57

TDD a bien résumé ce que je pense aussi en ce qui concerne l'instinct. Je peux rajouter qu'il existe aussi des aptitudes naturelles et qu'en général on se passionne dans les domaines où l'on réussi.

Pour en revenir au post, la vision que l'on donne du geek est du même titre que l'image du bon français en beret, bouteille de vin à la main et baguette de pain sous le bras. C'est un profil que tu ne verras jamais au complet chez une même personne. Par exemple, toutes mes connaissances geek savent parler d'autre chose que d'info.

Les préjugés sur les geekettes, c'est pareil. Je n'en ai pas et vous ne semblez pas en avoir non plus. Bref, c'est plus un trait de machisme plus que de geekisme.

Bon, et puis :
- Maman, comment on dérive un logarithme ?
- Cherche pas à briller en société avec des mots que tu ne connais pas mon fils. Apprend tes définitions, ça t'évitera de poser des questions bêtes !

Maïa le 26 juillet 2003 à 12h05

Bon, je vais pas passer trois heures à répondre à chacun d'entre vous mais j'aurais plaisir à le faire devant un verre de Bloody Mary d'orgie équilibrée.
MAIS tout ça, ce serait pas rien que la base du féminisme?
MAIS Perrine, me fais pas crier sans me caresser s'te-plaît, l'éducation de ta petite nièce a juste du être maladroite. Pour ma part, ayant avec mon frangin été élevée dans un grand souci d'égalité, 'l'aurait fallu me pendre pour que je joue à la poupée. Mon truc c'était plutôt les petites voitures, justement. Et je suis pas devenue camionneuse pour autant!
MAIS Manu, tu virerais pas hétéro-noncentriste mou mou?

suzanne le 26 juillet 2003 à 14h30

J'ai 2 garçons (12 et 9), et j'avoue que pas une seule fois moi-même et mon entourage (mari, amis, parents)ne leurs ont offerts des poupées !!! Le pire, c'est que je suis persuadée que cette idée n'est venue dans l'esprit de personne. Par contre, j'ai des nièces, des enfants "filles" d'amis qui se sont vu(e)s offrir des poupées, les panoplis de la parfaite ménagère, mais aussi des légos, des game-boys (tiens c'est vrai, pourquoi "boys" ?), des épées (jusqu'à présent, pas de pistolets...), et elles jouent avec tout... Et quand tout ce petit monde se réunit, ils jouent tous aussi bien à la corde à sauter, qu'à la marelle, qu'à des combats sur playstation, et celà ne choque personne que ce soient les filles qui gagnent !!! J'ai vu aussi mes garçons pleurer quand le héros ou la "hérote" d'un film est en passe de mourrir, sans que leur père se moque d'eux (d'ailleurs il aurait du mal, puisque que lui aussi pleure...) Maintenant, à savoir ce qui va se passer dans 10 ou 15 ans pour ces petits et petites, je n'en sais rien. Ce que je peux dire c'est que je suis persuadée que cette génération fera ce qu'elle aura envie de faire sans se soucier du quand diras-t-on.
Est-ce que l'informatique est un milieu sexiste ? Je ne le crois pas. D'ailleurs, peut-on parler de sexiste concernant un métier ? C'est un état d'esprit, rien d'autre. Dans tous les métiers, et jusqu'à récemment, les femmes ont du toujours prouver leurs qualités pour être reconnues.
Je pense que s'il y a peu d'informaticiennes, c'est parce que celà ne les intéressent pas, et qu'elles préfèrent passer leur temps à autre chose que de passer des heures devant une machine !!!

manu le 26 juillet 2003 à 15h07

Suzanne: ce qui me choque, c'est la façon dont vous percevez le rapport des sexes à l'informatique. Cette façon de voir est parfaitement biaisée. Pourquoi une fille aimerait moins passer son temps devant un écran ? Elles passent bien au moins autant de temps devant une console ou devant la télé, vous le dites vous-même. Je vous assure qu'un ordinateur n'a rien à envier à une console ou à une série télé.

pikaunpeuextrême le 28 juillet 2003 à 23h36

waouh !! voilà bien un sujet qui décoiffe avec des idées et des arguments très sympas à lire. On ne peut pas nier le fait que la "condition" de la femme se soit améliorée, rien que l'accord du droit de vote pour les femmes en France en 1944 en est un exemple. Cependant je trouve que dans une société actuelle qui médiatise de + en + de choses tabous, le sexisme est encore trop présent !! les séquelles d'un trop lourd passé...

Le problème est que lorsqu'on est jeune, une grande partie de l'apprentissage se fait par l'observation et la réplique conforme de ce qu'on voit !! c'est seulement plus tard qu'on peut porter un regard objectif sur ce qu'on a copié et il est bien souvent trop tard. Le père garde encore cette image du protecteur fort et indestructible et la mère celle du nounours cajoleur blindé de sentiments.
Ce qui est dommage à cette époque est que, certes , les moeurs changent mais ceux qui vont à l'encontre de ces nouveaux moeurs et qui s'enterrent donc dans les amalgammes sont de plus en plus extrêmes dans leurs pensées et font trop souvent de leurs préjugés des dogmes !

Maintenant j'aimerai juste dire que même si (lentement) la position de la femme évolue je trouve qu'il y a une régression certaine dans la tolérance des gens. De plus en plus les gens s'estiment être L'être qu'il faut être et se permette d'hâtivement juger les gens, ce qui provoque un rejet catégorique de certaines personnes. Bernard Werber disait que "celui qui pose une question est bête 5 minutes et celui qui n'en pose jamais est bête toute sa vie"... mais j'ai bien l'impression que celui qui pose une question à l'heure actuelle est classé dans les gens bêtes pour longtemps... trop longtemps...
De +, plus on croit être bête et mauvais et moins on est performant devant les autres donc c'est un sacré cercle vicieux qui vise à faire survivre les + forts voire les + manipulateurs... enfin bref je m'égare...

Pour finir je tenais juste à dire que dans notre société capitaliste, on ne pouvait plus seulement vivre de passion ; il est malheureusement fréquent de choisir un métier qui nous permette de survivre dans un système beaucoup trop cher... alors on est non seulement conditionné par la reconnaissance d'autrui mais aussi par le système financier...

je reste persuadée que les choses vont changer mais c'est vrai que c'est frustrant de voir combien la vie serait simple tout de suite si il n'y avait que des gens qui pensent comme vous :)

au lieu de ça il faut laisser couler le flot de la vie et ne pas hésiter à bouleverser les axiomes...

suzanne le 2 août 2003 à 13h49

Je n'ai jamais dit qu'une fille pouvait passer son temps devant une console ou une télé. D'ailleurs, je suis persuadée que non. Même si elles aiment bien jouer ou regarder la télé, elles n'y passent pas des heures et des nuits blanches pour ce genre d'activité, comme le feraient les garçons. Et je persite à dire que l'informatique intéresse très peu de filles, pour l'instant...mais un jour viendra...