Quand j'étais jeune, il m'est arrivé d'avoir à faire à des jeux piratés. Rassurez-vous de suite, je n'en suis pas particulièrement fier et j'en garde quelques souvenirs horribles.
A l'époque, outre le fait que ça prenait des plombes à télécharger, c'était un peu compliqué à installer. Il fallait parfois faire des choses absolument sidérantes, comme décompresser les textures puis les recompresser dans le bon format. Après une telle transformation, on obtenait généralement dans le jeu de superbes applats rectangulaires qui auraient rendu n'importe quel graphiste ayant bossé sur le jeu fou de rage, mais bon. C'était le prix à payer pour ne rien payer. On pouvait aussi télécharger les démos, mais c'était beaucoup moins drôle, et beaucoup moins geek.
Une fois les textures massacrées, il fallait s'occuper des musiques et des bruitages. Ces transformations n'avaient rien à envier à celle que je viens de décrire, mais l'oreille humaine est bien plus sensible aux déformations acoustiques que l'oeil ne l'est vis-à-vis des pâtés de pixels. Il est donc inutile que j'ajoute quoi que ce soit sur cette étape, vous grincez normalement assez des dents. Moi aussi à l'époque, mais c'était à cause des sodas sucrés que je buvais en trop grande quantité.
Généralement, après ce dur labeur, il y avait une chance sur deux ou trois pour que le jeu plante lamentablement avant même d'avoir affiché un logo. Frustrant, mais bon.
Aujourd'hui, je ne joue pas à un jeu que je n'ai pas acheté. Certains me traiteront de vieux con, mais ce sont les mêmes qui râleront parce qu'Electronic Arts a tué tout le monde et décline chaque année une nouvelle version à peine modifiée de chacun de ses jeux. Bref, un jour, j'ai gagné de l'argent et j'ai décidé de rémunérer les concepteurs de jeu. Avec un bémol quand même, puisque j'achète généralement les jeux PC un ou deux ans après leur sortie. Ca me permet d'acheter à prix fort tous les nouveaux jeux qui sortent sur ma console de salon, sans trop avoir l'impression de me faire dépouiller. Voilà pour les aspects psychologiques.
Cette habitude de pingre m'a valu de n'acheter qu'aujourd'hui Half Life 2. Essentiellement pour la joueuse qui m'accompagnait à la fnac, d'ailleurs, mais un peu par curiosité, quand même. Je suis comme ça moi, j'aime bien me réveiller deux ans après la bataille. Une fois le jeu arrivé à la maison, je me suis atelé à son installation.
Hop, je mets le CD dans le lecteur. Jusqu'ici tout va bien. Comment ça installer Steam ? Non, moi je veux Half Life. Ah, il faut accepter l'installation de Steam, c'est lui qui lancera l'installation de HL2. D'accord alors. Je subis la copie de 4.5Go sur le disque, et croyez-moi, même avec un lecteur de DVD, c'est long. Ca y est, je peux jouer ? Mais... Pourquoi il m'a installé la démo jouable de HL2 ?! Grmbl. Pour jouer, il faut enregistrer un compte "Steam". Pas de problème, je rentre mon numéro de série, mon nom, une adresse de courriel valide, j'accepte la license d'exploitation qui n'est disponible qu'en anglais et qui précise que toute transaction se fera en langue anglaise et que si je ne suis pas content je n'ai qu'à pas jouer à HL2 et d'ailleurs on se demande pourquoi je l'ai acheté. Compte créé. Je peux jouer ? Ah non. Maintenant, le gentil Steam me décompresse le jeu, le vrai. Et Counter Strike Source avec, tiens. Tant mieux, y'avait écrit sur la boite que c'était fourni avec. C'est d'ailleurs ça qui a décidé la joueuse à mes côtés. Bien. Une heure plus tard, c'est décompressé. Fini ? Je peux faire un headshot ? Non. Il faut mettre à jour le jeu. 30 minutes de plus. Ah et puis tiens, avant de jouer, veuillez noter, cher utilisateur, que vos pilotes vidéo sont vieux, moches, qu'ils sentent mauvais, qu'on en veut pas et que le jeu risque de mal fonctionner, de griller votre écran et faire hurler votre chien à la mort. M'en fous, j'ai pas de chien. Et puis bon, ma carte vidéo a 3 mois, et mes pilotes sont tout neufs. Mais comme mon constructeur de GPU sort des nouvelles versions plus vite que son ombre, je cède à la tentation. 30Mo et un redémarrage plus tard, j'ai de quoi satisfaire le petit Steam. "Jouer".
Et là, Steam, toujours lui, m'affiche une *pub*. Je suis outré. Ca fait 2h que j'essaie d'installer ce bordel pour jouer, et il m'envoie une pub. Mais lâche-moi maintenant, j'en veux pas de ta pub pourrie ! Je veux FRAGGER !
Bref. Une fois l'énervement passé, et le jeu essayé, je n'ai qu'une chose à dire : en comparaison, un jeu piraté, c'était facile et rapide à installer. Mais c'était quand même moins beau.