les gros, provence

Il nous fallait une voiture de location. Le train était déjà plein depuis longtemps, et le train train trop bien installé. Un mercredi soir pas tout à fait comme les autres, nous nous sommes jetés sur la route, vers le grand soleil et les petits marchés de Provence. Il était 21 heures, Paris dégorgeait mais on se faufilait, l'air de rien, un sourire innocent sur les lèvres. Sept longues heures et un court sandwich plus tard, nous arrivions à destination.

Puis tout est allé bien trop vite. A peine avait-t-on fermé les yeux pour profiter du soleil que nos épaules se sont mises à picoter. On s'est jeté dans une piscine pendant que Mario battait Luigi, là-bas, sur le transat, avant de digérer melon, fraises et jambon de pays. On a perdu nos esprits en s'enfilant des Sprits, tandis que les bouteilles de rosé voyaient double. Du coup, les cordes à linge ont décidé de dessiner des versets du Coran dans le bleu du ciel, et la chaleur a dilaté nos tympans tels des gommes à mâcher. Et puis, on a fini sur la planète Mars, ou pas très loin.

L'écho de nos rires résonne encore, mais déjà le moteur ronronne. L'itinéraire touristique nous rejoue une version accélérée des dernières 96 heures, et la lumière jaune s'échoue une dernière fois sur le flan des collines du Vaucluse, de la Drôme, de l'Isère, de la Drôme, de l'Isère... Puis c'est la nuit.

Le silence. Le thème de Barry Lyndon émerge des ondes, alors que les cerveaux endormis mélangent Beethoven, Bach et Danny Elfman. Handel ainsi spolié se retourne dans sa tombe pendant que nous retournons à notre torpeur nocturne.

Au petit matin, on est de nouveau lundi. Le train est arrivé sept heures avant nous, nous avons des wagons de sommeil en retard, des valises pleines sous les yeux et des fragments de vacances plein la tête. Le réveil sonne. Comme tous les matins, France Info engage son interminable ritournelle. Dans une heure, je couperai la radio pour partir au travail.

Encore une toute petite heure.