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Toys in the attic

Alors ça, c'est le grenier. J'y ai rangé les archives des quatre premières années de blog out (2003-2007).

Comme tout bon grenier c'est plein de toiles d'araignées, y'a un peu trop de poussière par endroit, quelques squelettes dans les placards, et un joli paquet de liens cassés et d'images manquantes. J'ai néanmoins passé du temps à ranger un peu, ça devrait donc rester lisible.

Il va de soi que cet endroit n'est pas mis à jour - tout se passe désormais par ici. Le grenier a un flux RSS parce que je ne vois pas l'intérêt de l'enlever, mais il est parfaitement inutile d'y souscrire. Ah et si la présence d'un article vous embarrasse, vous pouvez m'envoyer un gentil mail. Parfois je réponds.

- manu sauvage

Leaving the things that are real behind
Leaving the things that you love from mind
All of the things you learned from fears
Nothing is left for the years

Voices scream
Nothings seen
Reals a dream

Toys, toys, toys in the attic

.

Driving the last spike

De retour chez Fye après une journée mouvementée. Je m'apperçois avec terreur que j'avais jusqu'ici raté un étage. En un souffle et quinze marches, les quatre petits rayonnages de CD en seconde main se transforment en supermarché, et un heureux hasard veut qu'aujourd'hui, pour 3 CD achetés, le 4ème est gratuit. C'est donc allégé d'une vingtaine de dollars que je quitte le magasin. A ce prix là, c'est facile d'acheter n'importe quoi, comme un best of d'Alice in Chains. Ou un collector, comme l'introuvable album de Nick Cave - celui sur lequel il chante Long Time man, reprise par Noir Désir sur Dies Irae, et supposément trouvée sur les bords d'un fleuve un peu douteux (et contrairement à ce que dit Cantat, on sait parfaitement d'où vient la chanson, puisque c'est une reprise d'un artiste maudit, Tim Rose).

A ce prix là toujours, on peut être tenté de découvrir une artiste au hasard, comme Poe. Mais tout ça est fort respectable. Car vient ensuite Genesis. We Can't Dance. C'est honteux, bien entendu, mais vraiment, je voulais voir si ça marchait encore et j'ai donc cédé sans hésiter (et puis quoi, il était gratuit ce CD de toutes façons). Etonnamment, ça n'a pas manqué. Chaque chanson de cet album me transporte toujours dans un bus à double étage rouge, sous le soleil du mois de juin, du côté de Southampton. D'habitude ça m'arrive dans les ascenseurs ou dans les superettes, qui sont les seuls lieux à encore diffuser Genesis à un volume audible, mais j'ai la preuve désormais que ça marche aussi dans une Pontiac ou sous une couette.

Au Phil du son (ah ah) reviennent donc mes premiers pas en Angleterre, ma première semaine sans parents, et mes premiers mots maladroits dans une langue qui n'est pas la mienne. Ça a l'air évident comme ça, mais il ne faut jamais dire à une fille qu'elle est "boring", ou alors il faut prier pour qu'elle réalise que vous ne pensiez pas employer un terme aussi violent. J'entends encore sa mère lui expliquer que je ne sais pas ce que je dis, et avec le recul, je comprends mieux pourquoi elle ne m'a jamais écrit, Jodie. Mais c'est pas grave, j'avais déjà assez de mal à répondre à toutes ses copines. Bref, Genesis, c'est aussi la première fois que j'ai eu l'autorisation d'écouter un walkman, qui n'était pas le mien. C'est ma première et dernière cassette audio importée, et en bon maniaque, j'en ai pris grand soin - l'étiquette est encore dessus. Ce sont également des heures passées à apprendre comment le livret contenant les paroles était plié, afin de pouvoir le ranger à l'identique à chaque fois.

Bref, contre toute attente, j'ai encore fait des petits bons dans le passé. Si ça continue je vais me remettre à écouter Queen. Remarque maintenant que j'y pense, un CD de Genesis dans un autoradio, y'a des chances que ça se transforme en Queen assez vite. Mais l'un dans l'autre, j'ai du bol, mes parents ne m'ont jamais acheté d'album d'Henri Dès, je ne peux donc pas régresser au delà de Dire Straits. A condition que je passe sous silence la compagnie créole, ce que je fais donc immédiatement et sans négociation possible - personne n'a rien entendu. Non Google, nooooooon. Soupir. Je suis démasqué (ohé ohé).

Je ne sais plus trop où je voulais en venir en commençant, comme ça arrive souvent après dix réécritures et trois verres de vin. Mais si je devais conclure maintenant par autre chose qu'un baillement et une aspirine, ça serait avec un truc du genre Hold on my heart. Parce qu'après tout, il me reste exactement huit jours à le supporter, neuf pour profiter de l'American weight of life, et six jours de boulot pour l'empereur. Après quoi, pour une fois, écrire un rapport sera d'un rare réconfort. En attendant, je me détends en écoutant un chauve chanter que Jésus le connait et qu'il ne sait pas danser. Je ferais peut-être mieux de me coucher, en fait.

Fading lights

Vsya moya lyubov'

Le weekend commence sur une trahison, ça s'annonce bien pour les semaines à venir. J'imagine que la plupart des gens auraient tapé du poing plus tôt, fixé des limites, implosé, fait un scandale, ou fait montre d'autorité, tout simplement. Au lieu de ça, j'ai l'impression d'avoir perdu le contrôle avant même de partir, et de n'avoir su que planter un couteau dans son dos au bout de quatre semaines de calvaire personnel, quitte à planter le projet avec. L'avenir nous dira combien il m'en coûtera, j'espère juste que les choses finiront par se tasser.

L'affaire est en route pour l'Europe, de toutes façons, et il n'y a pas moyen de rembobiner un orchestre qui joue. Je hais les boutons envoyer presqu'autant que je regrette l'absence de touche rewind.

Seaside view - Seattle harbor
Vue du port de Seattle

Seattleites of love

Après une deuxième soirée passée en compagnie de gens civilisés, et une deuxième journée passée dans le silence de ma solitude, je commence doucement à reprendre des couleurs. Toute l'Europe s'y étant mise pour repriser mes chaussettes à distance, le spleen n'a pas tardé à laisser place à l'émotion. Un ange veille sur moi depuis Berlin.

A typical crossroad in Redmond
Un carrefour type de Redmond, de nuit

Archstone business residences, Redmond
Mon appartement - ça pourrait être pire

Seattle city center
Une rue du centre ville de Seattle

Seattle Space Needle - built 1962
The Space Needle - construite en 1962 pour l'expo universelle

Raison garder

Trois semaines, et tout juste un jour. Il me reste donc dix-huit jours complets aux États-Unis, avant de retourner chez nous, un peu loin de chez moi, un peu plus près d'elle.

seattle1.jpg

For whom the bell tolls

Fye, c'est le mal absolu.Et je ne dis pas ça parce que c'est à 100m de chez Fred Meyer. Chez Fye, on vend des CD, et rien que ça devrait être puni de crime fédéral contre l'humanité désargentée tant que je suis sur le sol des États-Unis. Mais il y a pire : ils vendent des CD d'occasion. Là, vous pouvez imaginer les larmes qui coulent de mes yeux - je suis un hypersensible, et voir des CD à $3, ça m'émeut.

L'autre jour, plutôt que de me mettre à chialer dans le magasin, je me suis décidé à sauver quelques exemplaires. C'est comme ça que je me suis retrouvé à acheter de la musique de vieux shnock (Eric Clapton), de vieux soixante-huitard (Pink Floyd), et de vieux tout court (7 CD de classique). Et encore, j'ai zappé White on Blonde, sous prétexte que non décidément, je ne pouvais pas acheter un album de Texas avant d'avoir trente ans. Comme quoi certains principes ont la peau plus dure que d'autres (ouais je sais, Clapton, j'ai honte).

Ayant religieusement encodé tout ce petit monde, c'est au beau milieu d'un fichier de 32517 lignes de pur bonheur en barre que je suis pris au dépourvu. Sur le coup, je ne peux pas regarder le ciel à ce moment là, n'ayant pas le loisir d'avoir de fenêtre dans mon bureau, mais je suis sûr qu'il s'est méchamment déchiré car me voilà propulsé à l'avant d'une Citroën Evasion, en train d'apprendre à conduire, pestant contre le paternel et sa musique pourrie, tout en notant secrètement le titre de la chanson pour me la passer ensuite en boucle toutes les nuits pendant deux semaines. Pink Floyd, High Hopes.

Je me demande alors pourquoi cette chanson me perturbe comme ça. Je n'ai pas l'habitude de faire des bonds dans le passé, j'aime pas trop ça. Y'a un truc louche. Je trouve la réponse en rejouant le morceau : c'est pas de la nostalgie, c'est les cloches. Vous trouvez ça con hein ? Moi aussi, mais c'est indéniablement ça. Passez-la vous, vous allez voir. Ca commence avec les cloches, justement, très loin, on se croirait à une sortie de mariage. Y'en a une qui se détache quasi tout de suite du lot, et on commence à peine à focaliser dessus qu'elle se trouve complétée de notes aiguës de piano. Le rythme est lancé, un son de cloche, deux notes de piano - un son de cloche, deux notes un ton au dessus - un son de cloche, deux notes plus graves que les deux premières - un son de cloche... un silence. Et on reprend, un ton en dessous pour l'ensemble, sauf cette cloche hypnotique qui continue en trame de fond tout le long de la chanson. S'ajoutent les instruments, la voix, mais tout ramène toujours à cet unique son. C'est beau, et on voudrait que ça ne s'arrête jamais. Ce qui est bien vache, parce que c'est la dernière piste du CD, et malgré ses huit minutes trente-deux, le silence qui suit est pesant.

Je cherche à rationaliser, me dis que c'est mon éducation chrétienne qui refait surface. Ça me travaille, c'est sûr. Et en plein milieu de ma boucle introspective, je fais un deuxième bond dans le passé (sale bête). Je me revois monter le son de ma chaine pour couvrir les Beatles qui polluent l'espace deux pièces plus loin. Je hais les Beatles, et j'ai un point commun avec le type qui entame Hells Bells : on a la même voix fêlée partant en vrille dans les aigus. Je sursaute. Faut que j'arrête les flashbacks, ça va me rendre dingue. Mais quand même, si on y réfléchi, je tiens un truc: même introduction en crescendo, truc bizarre dans le ventre, et rebelotte les cloches. Et meeeeeeeeerde.

Je vire le casque et sirote mon café. Je ferme les yeux, et je retrouve le sourire. J'ai peut-être vendu mon âme pour un CD de pink floyd et une chanson d'AC/DC - et encore, ça fait pas cher du kilo d'âme - mais cloches ou pas cloches, aux douze prochains coups de minuit, hors de question de replonger dans l'adolescence. Je veux m'endormir en me projetant dans l'avenir. En me lovant dans ses bras. Et ça vaudra bien toute la musique du monde.

Wish you were here

Dix-huit heures pétantes, number one se rue sur la porte du bureau. Après tout, peu importe qu'on soit matinal ou non, l'horaire c'est l'horaire. Le soir, du moins. Me voilà donc encore, une fois n'est pas coutume, à finir le rapport journalier tout seul. On entendrait les mouches voler si la climatisation n'était pas allumée en permanence. Ou si je n'avais pas un casque annulateur de bruit doublé d'une paire de boules quiès. Avant que notre ami vainqueur ne parte, ses lèvres ont bougé, j'en jurerais.

Un lambda t plus tard, je suis dans la rue. Si on était en Europe, j'aurais un peu les boules de traverser une deux fois quatre voies sans me presser, mais ici il ne s'agit que d'une ruelle. Malgré tout, il me faut bien 20 minutes pour parcourir le kilomètre qui me sépare de ma maison en Amérique - la faute aux feux piétons qui ne sont jamais verts. Ou plus exactement, ni blancs ni "walk".

20h. Plutôt que de regarder le JT, je vais faire un tour dans ma mini-voiture. Les supermarchés sont ouverts jusqu'à 23h, y'a le time. A priori, compte tenu de ma frénésie consommatrice légendaire, je devrais être comme un coq en pâte chez Fred Meyer; ils ont tout, je n'ai que l'embarras du choix. Si je devais compter sur les doigts de la main le nombre de sortes de yahourts qu'ils vendent, il me faudrait amputer Shiva et mes deux collègues. Mais j'avoue, j'ai quand même du mal avec les bouteilles de lait de 2 gallons, le pain de mie sans croute pré-découpé en forme de coeur, le chocolat blanc sans sucre et sans matières grasses, les blancs d'oeuf en tetra-pak, les tomates qui font la taille d'un melon et les melons qui font la taille d'une pastèque. J'ai tout autant de mal à comprendre pourquoi les américains se prennent la tête avec leurs unités de mesure, mais c'est une autre histoire. Bref, je me dirige vers le rayon fromage, histoire de me faire des sandwiches.

Du regard, je balaye le rayon. C'est immense. Ça doit bien faire, allez, dix fois le rayon fromage du supermarché gastronomique de Berlin. Histoire d'en avoir le coeur net, je décide de compter les pas d'un bout à l'autre, mais à peine suis-je arrivé à la moitié que Shiva se retrouve cul de jatte. Instinctivement, je compte mes dollars - ce qui me prend bien dix minutes le temps de déplier tous les billets de un, de cinq, de dix, et de vingt, qui ont le bon goût de tous faire la même taille et d'être de la même couleur. Et puis comme j'ai toujours pas de doigts, je suis obligé de tout faire de tête. Entre deux additions, je me dis qu'il faut bien être français pour compter sa thune au milieu du rayon fromage.

Soixante-trois dollars et trente-sept cents. Ça va m'en faire des sandwiches, miam. Il est temps de jeter un oeil au menu. C'est pas de bol, je me suis arrêté au milieu, et c'est là qu'ils ont décidé de mettre le chédar. Je zappe vite fait bien: orange, orange affiné, affiné trente jours d'âge, délice du marin-pêcheur, jeune, moelleux, y'a pas à dire, ça déconne pas chez Meyer. Tiens, il le font en rappé aussi. pourquoi pas. Oh la vache, ils l'ont aussi en pavé, hé hé. Goûtez-moi ce bon chédar ma bonne dame, je vous l'emballe? Ca fera $9, c'est ¢50 de la livre US. Je vous commande un transpalette de suite, pas de problème. Bon, c'est pas tout, mais je me taperais bien un bon fromtom moi.

Dix minutes plus tard et 200 mètres dans les pieds, je n'en reviens toujours pas : je suis bredouille. Je ne demandais pas la lune, pourtant, juste quelques malheureuses tranches de gruyère, de compté, ou même de gouda. J'aurais été prêt à tartiner du Brie même, c'est dire le sacrifice. Mais non, sur les cinq millions trois-cent mille six-cent quarante-trois marques du rayon, pas une seule ne vend autre chose que cette maudite pâte orange sèche.

De dépit, j'embarque un authentique Bauernbrot et une bouteille de Bordeaux.

Où la guerre des Balkans se dilue dans le saké

Coloc n°2 est arrivé hier, quatre jours avant sa valise, qui a préféré rester à Heathrow - c'est un symptôme classique chez les valises. Après les dernières 1209600 secondes passées sans amour et avec coloc n°1, je ferais bien une pause. Je conduis donc coloc n°2 chez Denny's et on mange un truc bien gras. Pour la suite du weekend, je décide d'appliquer une recette relativement simple ;

Appeler un taxi pour aller dîner à l'heure Allemande avec coloc n°2. Commencer par manger une bière, poursuivre avec deux white russians, finir avec une bière. Pour faire couler, boire un bon steak, en se délectant des regards sidérés au moment où l'on précise la cuisson ("rare", se qui se traduit dans les faits par un steak un chouilla trop cuit pour être qualifié de saignant). Répondre docilement aux questions sur l'Europe, discuter de la guerre des Balkans, de la chute du mur, tout en slalomant pour éviter d'approcher le golfe de trop près, et réaliser l'ampleur des divergences d'opinion. Ré-orienter la discussion sur le bourbon, en venir discrètement au vin, et perdre 10 minutes à essayer de traduire cépage (pour se rendre compte le lendemain que grape variety n'était pas une si mauvaise approche que ça, encore faut-il que votre interlocuteur ait la moindre idée de ce dont vous lui parlez).

Mettre fin aux débats en se dirigeant vers un autre bar. Taper du poing sur le comptoir - avec la bénédiction du tenancier - pour faire tomber le gobelet de saké dans le verre de bière, puis boire la solution résultante cul-sec. Recommencer l'expérience après en avoir appris le nom (sake bombs, pour autant que je sache), Passer aux shots de tequila, sans passer par le caniveau. Reparler de cépages, entre deux bredouillages à conotation technique.

Après le couvre-feu de deux heures du matin, se diriger vers une boîte goth, qui passe de l'électro. Heureusement, la foule scarifiée-tatouée-tout-de-noir-vêtue donne le ton. Siroter une ginger-ale, après s'être vautré sur le plancher - le siège derrière soi s'étant brusquement téléporté dans une autre dimension. Se faire aborder par une meute de dames toutes de noir vêtues ; se débrouiller pour esquiver l'intégralité des avances par de subtiles pirouettes verbales - ce qui compte tenu de la barrière de la langue, tient de l'exploit. Sur les coups de quatre heures, quitter cet étrange grotte et retrouver la rumeur de la rue.

Se diriger vers le QFC du coin, avec coloc n°2 et un troisième compagnon de galère, et acheter des sandwiches. Il est grand temps d'éponger. Revenir dans ses pénates et s'appercevoir que coloc n°1 nous a ex-fermés en bloquant le verrou-qui-ne-s'ouvre-pas-de-l'extérieur. Maudire la paranoïa sécuritaire du concepteur des lieux, et tambouriner à la porte. Au bout de 5 minutes, après avoir réveillé tout le monde sauf coloc n°1 et s'être excusé platement, se rendre compte que coloc n°2 a laissé sa fenêtre ouverte. Défoncer la moustiquaire, intégrer l'appartement, se vautrer dans le lit.

Comater 12h, rêver d'elle, boire beaucoup d'eau, penser à elle, regarder Click en regrettant qu'elle ne soit pas là, lire un bouquin pour faire passer tous les maux.

Bilan de ce second weekend à l'heure américaine : chargé, comme ma langue. Mais plutôt bon.

Prolo-type et Scribe à Toulouse

Vous aurez remarqué combien ce blog est calme. C'est parce que je travaille, voyez-vous. De manière pragmatique, je dirais même que je programme, j'écris beaucoup de scripts. Pas de quoi chanter l'internationale, me répondrez-vous, m'enfin vous avez de drôles de références, avouez.

Pendant ce temps là, ma bibliothèque grossit également de jour en jour, et j'essaie de rester à jour, malgré mon évidente boulimie pour tout ce que je peux trouver écrit en anglais ici. Lire en Anglais en Allemagne c'est pas courant. Peut-être suis-je en avance sur mon temps, mais j'ai tendance à penser que je suis plutôt complètement à côté de mes pompes. Bref, je ne vais pas détailler ici mon quotidien par le menu - la table des matières est déjà bien assez chiante comme ça. Mais avec un peu de chance vous pourrez lire des extraits de temps en temps. Si j'ai le temps je mettrai peut-être des photos, ça fera un chouette combo.

Dans tous les cas, si vous avez des commentaires à faire, ils ont intérêt à être sympas, parce que lire 370 ou 400 pages de verbiage, si c'est pas truffé d'informations excellentes, ça va me saouler. Ras le bol des blagues à 22 balles (si je compte en Deutschmarks, c'est l'arnaque, on arrive dans les 50DM et je comprends encore trop mal les gens pour en rire).

Bon je me relis et je me trouve un peu beta. Il est sûrement un peu trop tôt - typique. Dans le prochain billet, d'ici quelques semaines, je vous expliquerai peut-être pourquoi Toulouse, si vous n'avez pas compris d'ici là. Pendant ce temps, amusez-vous bien!

Jamais avant 20h

Vu de loin, c'est quand même comique:

Jamais avant 20h

L'honneur est sauf, on ne donne aucun résultat avant 20h...

Movable type

La référence du moment sur le web 2.0 en vidéo.. Plus émouvant et plus pertinent que n'importe quel discours mozillien, plus efficace que n'importe quel formateur, plus accessible que n'importe quel bouquin. C'est juste très zen, très simple, très bien.

Unterschwellig

Quatre heures plus tôt, je venais de célébrer ma propre décadence à coup de délicats cocktails et de poussière d'étoile dans ses yeux. Et puis après avoir envisagé avec bonheur les quatre-vingts prochaines années, je me suis bêtement mis à réfléchir à la journée suivante. J'ai commencé à jeter en vrac chaussettes, pantalons et chemises dans une grosse valise. Re-sorti les chemises, les ai repassées, re-jetées dans la même valise, et mis celles qui soulignaient mes yeux au rencard sous la couette.

Un bruit strident me sort du coma. Ca ne ressemble à rien, on dirait moi au réveil. Tiens d'ailleurs, est-ce que ca ne serait pas... mon téléphone qui sonne. Il est déjà 4h45, j'ai un petit mal de crâne tenace et un arrière goût de vodka dans la bouche.

J'enfile un déguisement, histoire de me rapprocher un peu plus du winner que du geek bourré en pyjama. D'autant que je n'ai pas de pyjama, ce qui n'aide pas à faire sérieux au bureau. J'effectue la fameuse passe du transfert de poches, et je me fais une fois de plus la réflexion qu'il vaut mieux avoir un baggy qu'un pantalon de costume pour stocker ses clés, son portefeuille, ses clés USB, son couteau suisse, son laptop et son quatre heures. Je fais deux pas vers la porte.

Un bruit étrange émane de la jambe gauche de mon pantalon. Et avec lui, une pluie de pièces. Bordel, cette foutue poche est trouée comme un normand ! Mes ancêtres tâtonnent dans leur tombe pendant que je retourne l'appartement à la recherche d'un introuvable nécessaire à couture. Je manque de réveiller tout l'immeuble en me prenant les pieds dans une bouteille vide de Gorbatschow.

De désespoir, je change de poche et agrippe ma valise. Je me rue sur la porte. Cinq étage plus bas, je suis de nouveau l'homme le plus pauvre au monde, et les escaliers se prennent pour des arbres à clochettes. C'est pas que je commence à en avoir ras le casque de jouer au petit poucet, mais en fait, j'en ai gros. Normal, vous me direz, il fait encore nuit. C'est pas faux.

Je reprends ma monnaie, puis mon souffle. Je me rue dehors - et je me demande bien ce que ca m'apporte. Il est 5h19, et le foutu bus censé me conduire à mon train est à 200m de là. En direction de la gare. Je tire le bout de carton qui me sert de langue au conducteur, et je donne un coup de pied rageur dans une canette de bière qui traine sur le trottoir.

Après avoir pesté une demi-seconde de trop contre cette malheureuse manie qu'on les bus allemands d'arriver et partir en avance, je me dirige vers le S-Bahn. Tous les chemins menant à Rome - et au moins deux à Ostbahnhof, je suis en veine. Éclatée. Sur la tempe. Mais je vais de l'avant, il est hors de question que je rate mon train.

Et je l'attrappe, sans problème - cette journée n'est peut-être pas maudite, après tout. Je sors mon laptop de mon baggy de costume, et je commence à travailler. Il est 5h56. Juste quand je commence à me dire que ma batterie se décharge bien vite, le train arrive à Frankfort. Pas de bol, moi qui voulais lire un livre... Tant pis, ca attendra ce soir.

J'arrive au bureau, et les collègues rappliquent. Ils me tendent une bouteille de vodka russe, une bouteille de kalhua, et deux briques de crème liquide.

Je me demande s'il y a un message caché.

beeping tom

Aujourd'hui, entre deux lignes de Perl, j'ai redécouvert BMPx.

A la base, l'objectif du projet était de réécrire proprement beep-media-player, un port de XMMS en GTK2. Bonne idée, mais quelques années trop tard. Finalement, le projet a changé de cap, et s'est doté d'une nouvelle interface très... originale. Parmis les inconvénients de la nouvelle approche, celui qui m'agace le plus est très certainement d'avoir une enième bibliothèque à maintenir. Mais malgré tout, j'aime bien le principe d'iTunes et consort, j'ai donc essayé.

Globalement, ça devrait beaucoup plaire aux adorateurs des interfaces en GTK (si si, ça existe), et d'avantage encore à ceux qui refusent de charger Qt pour une bonne raison (si ladite raison c'est que le C++ c'est mal, n'installez pas BMPx, hein). Le projet est plein de petites idées sympathiques ; l'interaction avec Musicbrainz est très bien pensée, et le support des radios Last.fm est assez classe, entre autres. Après c'est une histoire de goûts. Je suis toujours accro à Amarok, qui fait déjà tout ça depuis un moment, mais en mieux. Oh et puis il va chercher les paroles tout seul, ce qui devrait être intégré à tous les lecteurs audio tellement c'est pratique.

Bref, tout ça pour dire, en fin de compte, que Last.fm c'est vraiment très très chouette. Et mes Neighbours virtuels écoutent de la super musique.

Still

She shines
In a world full of ugliness
She matters
When everything is meaningless

Fragile
She doesnt see her beauty
She tries to get away
Sometimes
Its just that nothing seems worth saving
I cant watch her slip away

I wont let you fall apart

She reads the minds of all the people as they pass her by
Hoping someone can see
If I could fix myself i'd-
But its too late for me

I wont let you fall apart

Well find the perfect place to go where we can run and hide
I'll build a wall and we can keep them on the other side
But they keep waiting
And picking

Its something I have to do
I was there, too
Before everything else
I was like you

Nine Inch Nails - The Fragile

(Pour une fois j'anticipe, tout va très bien, c'est juste que, bon... Oh et puis écoutez-la, cette chanson, et vous comprendrez tout de suite pourquoi on peut avoir envie de faire durer le plaisir en mettant des paroles dessus).

Ice, ice, baby

Que Mozilla Corp. protège ses marques et ses logos, soit. Mais que cela rende leurs logiciels non distribuables, ça me gratouille sévère.

Il y a quelques temps de ça, le projet Debian avait été obligé de supprimer le logo de Firefox (vous pouvez le constater en ouvrant la fenêtre d'à propos). A ce même moment, le copyright protégeant le nom Firefox empêchait Debian d'appliquer des patches au logiciel sans en changer l'appellation. Du coup, il avait été envisagé de renommer le navigateur Iceweasel, ce qui avait beaucoup fait rire (jaune). Après médiation, les choses s'étaient arrangées, et un accord avait été trouvé.

Et un beau jour, un nouveau bug est ouvert. Le ton est donné d'office :

(Mike Conner for mozilla): Firefox (the name) is equally protected and controlled by the same trademark policy and legal requirements as the Firefox logo. You're free to use any other name for the browser bits, but calling the browser Firefox requires the same approvals as are required for using the logo and other artwork.

(...)

To my knowledge, each patchset that deviates from what we ship should be run by whoever is doing licensing approvals (this is in progress with various distributions already). Its hard, if not impossible, to define a set of guidelines that is crystal clear and doesn't need human oversight. Novell and Red Hat already do this.

(...)

In that light, you should consider this, as I previously said, notice that your usage of the trademark is not permitted in this way, and we are expecting a resolution. If your choice is to cease usage of the trademark rather than bend the DFSG a little, that is your decision to make.

Ennuyeux. Irritant, même. Les mainteneurs demandent donc si la situation peut être résolue après la sortie de Etch, qui pour une fois semble suivre un planning serré. Il y a quelques chances pour qu'Etch soit finalisée en Décembre 2006, et personne n'a vraiment envie de repousser sa sortie. Réponse catégorique de M. Mozilla :

(Mike Conner for mozilla): I would think it makes much more sense to resolve this before you put another long-lived release into the wild, unless your aim is to delay compliance. Ignoring the logo issue entirely, I have grave concerns around the nature and quality of some of the changes the patchset contains, and I would like to see the changes as a set of specific patches before I could make any recommendation as to whether we should continue to allow use of the trademark. If we were forced to revoke your permission to use the trademark, freeze state would not matter, you would be required to change all affected packages as soon as possible. Its not a nice thing to do, but we would do it if necessary, and we have done so before.

Bon, voilà que ça tourne à l'insulte. Debian a donc perdu la confiance que lui avait accordée le projet Mozilla ? Bon, mais alors, quid des patches de sécurité ?

(Mike Conner for mozilla): Yes, if you are shipping a browser called Firefox, we should be signing off on every deviation from what we ship. Yes, its time consuming, and yes, I can find more entertaining ways to spend my time, but its a necessary evil.

As for your straw man about security bugs, what security bugs would you be fixing with your own patches? If there are security bugs, they should be fixed upstream, not in your own tree.

Voilà qui colle bien avec le logiciel libre, ne trouvez-vous pas ? Je veux dire, sans vouloir jouer le zoulou linuxfr'ien, si Debian ne peut garantir à ses utilisateurs que leur distribution stable est à jour en terme de sécurité, c'est gênant. Conclusion ?

(Steve Langasek for Debian): Given your subsequent comments indicating that the Mozilla Foundation reserves the right to revoke trademark grants for released versions of Debian, I don't see that we have any choice but to discontinue our use of the marks.

Super non ? Alors quoi, c'est spécifique à Debian, tout ce bordel ? Chez Fedora, voilà ce qu'on en dit :

Also you have to take into account that firefox.org doesn't care about Linux. They produce "updates" that are first Windows precompiled binaries. Their Linux stuff is still in CVS, not even tarball released yet, so we have to try and take a CVS snapshot or troll through CVS logs to find the right patch. They also don't seem to care about vendorsec, or if they do its a token notice and nonsensical embargo dates. The last one I noticed was set to be released in the middle of a global holiday (Easter).

Encourageant toujours. Et chez Ubuntu ?

Together with the desupport upstream of 1.0.x, (...) Breezy's Firefox has no security support from upstream and contains a significant amount of code which has never been given security support, nor released, by anyone else.

For upstream-supported versions this isn't true; the Mozilla organisation is the best channel for reporting bugs in Mozilla products and there is evidence that although their release and documentation processes are poor, they do actually fix bugs. Furthermore, as a highly visible and central player, they have a reputation to maintain on this point.

So, the code our users are running is substantially different from any code that has anything like a well-supported a mechanism for capturing and dealing with reports of security problems. Indeed, if someone discovers a vulnerability in Firefox 1.0.8 I have no confidence that Mozilla would deal with it appropriately or that we would hear about it.

Nous vivons dans un monde merveilleux.

[via LWN, the return of the Iceweasel]

Back on track

L'ADSL2 nouveau est arrivé, hourra ! (notez la kitscherie du site, au passage)

Nous allons pouvoir recommencer à vivre à peu près normalement; plus besoin d'aller au cyber café du coin pour trouver la recette de la tarte flambée de mémé Jacqueline, ça va être biiiiieeeeen.

Bon, je vous laisse, j'ai un mois d'Internet de retard. Et quelques dizaines de vrais mails à lire. Et quelques milliers de spams à virer.

Bref, asi es mi vida loca, comme dirait l'autre.

hot spots

Bon, comme on vous bassine depuis quelques temps avec nos images idylliques, nos pintes de bière à 2 euros et nos razzias chez Ikea, je me suis dit qu'il était temps de vous parler un peu sérieusement. Car non, tout n'est pas rose (d'ailleurs, à part les boutiques T.Punkt et deux chaises dans notre cuisine, y'a pas grand chose de rose autour de nous, au grand dam de maïa).

Donc, disais-je, voilà un mois et huit jours que nous sommes à Berlin, et presqu'un mois qu'on a pris possession de notre nouvel appartement. Et ça n'a l'air de rien comme ça, mais un mois sans un accès internet à nous, c'est dur. Très dur. Je veux dire, nos potes sur place sont super sympa, ils nous laissent squatter leurs câbles réseaux et user leurs nerfs plus que de raison, et le reste du temps, on se réfugie dans des cyber cafés, mais c'est pas pareil. Sans connexion à la maison, on en vient à souhaiter avoir des terminaux UMTS greffés sous la peau et des embouts RJ45 au bout des doigts. Ou un truc dans le genre.

Alors quoi, qu'est-ce qu'un couple de drogués à l'internet peut faire le soir chez lui ? Comment faire pour tenir une discussion intelligente sans avoir une page wikipedia sous les yeux ?

Astuce numéro un : Ikea est votre ami. Les meubles ont beau être de plus en plus simples à monter, ça prend du temps. Et quand vous avez fini, il vous reste tellement de cartons que vous pouvez les colorier et en faire des super frises géantes. Si si, je vous jure, Maïa a testé pour vous.

Astuce numéro deux : écouter RFI. Ca ne remplace pas wikipedia, et ça n'aide pas à apprendre l'allemand, mais ça permet de se tenir un minimum au courant des derniers coups politiques au moyen orient. Non parce qu'ailleurs, il ne se passe rien, c'est bien connu.

Astuce numéro trois : jouer à Tétris. Oui oui, on triche, on a deux consoles avec nous. Mais même sans ça. Imaginez.

- Hé, tu le vois comment le coin bureau ?
- Ben comme on a dit, je vois bien les deux bureaux perpendiculaires, avec le meuble d'angle pour faire l'angle. Ca doit être pour ça qu'il est comme ça maintenant là tout de suite.
- Ouais mais c'est trop simple comme ça, et puis regarde, on va se marcher dessus.
- Forcément, si tu recules ta chaise jusqu'à ce que tu touches la mienne, ça risque d'arriver. Mais dans ce cas, c'est pas garanti que tu puisses taper au clavier. Ni voir ce qu'il y a sur ton écran.
- Nan attends. J'ai une meilleure idée. On va les mettre comme ça...

Il est 23h30. Les voisins dorment peut-être. On bouge les meubles sur le parquet.

- Là. Bon, ben non t'as raison, c'était mieux avant.
- Attends, maintenant qu'on a tout bougé, autant en profiter. Qu'est-ce que tu penses de...

Le parquet grince encore. Ou alors, ce sont les dents du voisin.

- Humpf. Là. Alors ?
- C'est horrible.
- Ouais, t'as raison.
- Et si...

Les seules choses qui manquent dans ce genre de partie de tétris, ce sont les options, et la petite musique entêtante. Mais bon, au moins, on a la 3D.

Petit guide du Franco-Berlinois illustré - épisode 1

1er Août. Je commence à me faire à la vie berlinoise, j'ai même appris à demander un Bretzel à la boulangerie. Je me suis dit que j'allais prendre des notes, des fois que je perde la mémoire du jour au lendemain. Comme ça j'aurai un backup.

Futilités et contre-vérités :

  • La Berliner Weiße grün, c'est pas mauvais.
  • Dès qu'il s'agit de manger ou de boire, 1 euro français = 0.5 euros allemands.
  • Sauf à vouloir faire rire les gens dans la rue, on ne dit pas "Ich bin Französisch", mais "Ich bin Franzose". Ah et on ne prononce pas fr-ane-zo-sseuh, mais fr-ane-tso-zeuh. Bande de Français :)
  • Quand on dit que les Allemands sont très attentifs à l'écologie, c'est pas du flan. Mais alors vraiment pas. Même dans la rue, il y a très souvent quatre poubelles différentes pour le papier, le verre, les emballages, et la nourriture.
  • Les Berlinois ne ressemblent pas du tout à ce que vous imaginez. Oubliez donc les grands blonds aux yeux bleus. La plupart du temps, ils ont des cheveux multicolores (coupe du monde oblige, la coupe noir / rouge / blond est très à la mode), le crâne nu, ou une crête à faire pâlir de jalousie n'importe quel punk londonien. Sans rire.

Modes et travaux :

  • Alexanderplatz, c'est un peu mon Châtelet à moi.
  • Il y a trois (trois!) H&M à Uhlandstraße. Et un magasin de musique un peu caché et un peu cher qui vend des t-shirts, des posters, et des tonnes vinyles.
  • Il y a un Ikea à 10 minutes à pieds de la station de S-Bahn de Stresow.

Galères d'expat' :

  • Les Allemands parlent aussi bien anglais que les Français, en moyenne. C'est à dire, quasiment pas. Ceux qui vous disent le contraire vous mentent. Scorpions et Fool's Garden, tout comme Air et Daft Punk, sont des exceptions qui confirment la règle.
  • Pour un parisien, il est naturel de traverser la route n'importe où n'importe quand. A Berlin, la plupart du temps, c'est absolument impossible. Pas parce que les Allemands sont plus disciplinés (quoi que...), mais parce que les routes sont trois ou quatre fois plus larges, souvent coupées par un gros terre-plein central, parfois avec un tramway qui passe au milieu. Du coup, mieux vaut attendre le signal.
  • Du coup, tout trajet à pieds prend plus de temps que prévu.
  • Pour un parisien toujours, il est naturel d'éviter un changement de métro en finissant à pieds. A Berlin, c'est déconseillé - la distance entre deux stations de U-Bahn est trois à quatre fois supérieure à celle séparant deux stations de Métro.
  • Si on néglige le paramètre précédent, tout trajet à pieds prend vraiment beaucoup plus de temps.
  • La majorité des magasins allemands ne prennent pas la carte Visa. Ils prennent en revanche quasiment tous les cartes EC, qui sont des cartes allemandes classiques n'autorisant aucun découvert.
  • Par conséquent, si vous devez vous installer en Allemagne, avant de partir, pensez à faire augmenter votre plafond de retrait. Et retirez plein de liquide, ça vous servira, croyez-moi sur parole. Ah et apportez des pièces, aussi, très important.
  • Pour ouvrir un compte en banque en Allemagne, il faut y être domicilié, et faire valider un document appelé Anmeldung der bei Meldestelle
  • Il y a toujours un employé de banque qui parle anglais, quelle que soit l'agence dans laquelle vous allez. En revanche, il n'est pas aisé d'obtenir un rendez-vous avec cette personne si vous ne parlez pas allemand.

Pas de quoi en faire une montagne verte.

Mercredi, troisième jour dans notre nouvelle ville d'adoption, quinzième visite d'appartement, et premier coup de foudre. Ca sera aussi le dernier. On récupère donc les papiers à remplir : une page recto/verso remplie de mots étranges et d'expressions nouvelles. L'agent immobilier n'a vraisemblablement pas compris quand on lui a demandé de virer de chez nous, et en plus il nous demande des fiches de paye, des contrats, des garanties, et un gros effort de compréhension. Enfin, surtout pour Maïa, parce qu'alors, j'en suis encore à me demander ce que peuvent bien vouloir dire Wohnung (appartement), Kaltmiete (loyer sans les charges) et Nebenkosten (charges). Il faut me comprendre, mes profs d'allemand ont beau être excellents, ils n'en sont pas moins des chanteurs avant tout.

Jeudi, papiers remplis, sourire aux lèvres, on fonce à l'agence. On nous dit que le propriétaire nous rappelle. On patiente donc, les yeux rivés sur le téléphone. Qui ne sonne pas avant 19h. Fébriles, on décroche de concert (ou presque), pour se rendre compte que c'est l'agence qui rappelle, et qu'il manque des papiers. Une photocopie et un trajet en tramway plus tard, ils ont tout. Le propriétaire doit appeler le vendredi ou le lundi. On commence à perdre confiance quand ils nous disent que le dossier n'est pas simple, mais qu'ils vont essayer. Limite on est très très déprimés, mais on le cache du mieux qu'on peut.

Vendredi. Une journée entière à passer avec des crampes dans le bide et aux aguets. On doit avoir l'air de deux pauvres idiots à mater un vieux téléphone Nokia comme ça, en pleine rue, au restaurant, dans le supermarché, dans le métro. Comme en réponse à notre angoisse, il finit pourtant par sonner, mais c'est le conseiller de notre opérateur téléphonique qui veut nous vendre des vidéos de Zidane en 3G, parce que bon on est en Allemagne, donc on doit bien aimer le foot... On ne peut pas balancer le téléphone sous les roues du S-Bahn, mais c'est pas l'envie qui manque. Le soir arrive, et on se dit que tout est foutu.

Samedi. C'est l'anniversaire de Maïa. On nous a bien dit que le propriétaire n'appellerait pas le weekend, mais on attend un miracle. De toutes façons, on n'a pas dormi, alors on n'est pas vraiment samedi. Heureusement, nos amis sur place se démènent comme des fous pour nous distraire, et on finit par oublier un peu en dansant sur de la musique cool et en buvant des cocktails et des binouzes. On se dit qu'au pire, même si on n'a pas l'appartement de nos rêves, on pourra boire tous les weekend en boîte de nuit pour moins cher que dans un bar parisien. On rentre à 4h du matin, et on arrive finalement à dormir.

Dimanche, journée du plan B. On est définitivement persuadés que c'est cuit, on fait nos adieux à notre terrasse au 5ème étage, à nos puits de jour et aux étoiles dans le ciel. Après tout, on a bien vécu trois ans dans trente mètres carrés, on tiendra bien encore trois ans dans 40 ou 50. Evidemment, la vue sur la Karl Marx Allee est moins plaisante que celle sur le parc Guilhem à Paris, mais hé, c'est ça aussi les joies de l'expatriation. Pour un peu, on arriverait presque à se convaincre mutuellement. On n'a dormi que 5 heures et la journée s'évapore bien que nos têtes se prennent pour des arbres.

Lundi matin, notre taux d'alcoolémie est redevenu normal. On veut encore y croire, malgré la petite voix qui nous hurle que c'est foutu. On va faire un tour à l'agence, et on précise que mon futur manager est prêt à décrocher son téléphone pour parler au propriétaire. Ca a l'air de plaire à l'agent immobilier. On lui demande si ça vaut le coup qu'on attende ou si c'est fichu fichu, et il nous regarde comme des extra-terrestres. On n'ose pas trop se le dire, mais c'est bon signe. On se remet à rêver de voûte céleste et de white russians au soleil. On doit rappeler à 15h.

Lundi, 15h02. Ca fait 97 minutes qu'on regarde le téléphone toutes les minutes pour vérifier que ce n'est pas l'heure. On a juste raté les deux dernières minutes. On appelle quand même, et tant pis pour la ponctualité légendaire des français. Personne ne décroche. Moral dans les chaussettes.

Lundi, 16h30. Téléphone. C'est l'agent immobilier. Comment ça le proprio ne nous a pas appelé ? Il va le faire. Lueur d'espoir, mêlée d'angoisse.

Lundi, 16h31. Téléphone encore. C'est le propriétaire, qui nous demande si on est toujours intéressés. On hésite à lui répondre que non, pas du tout, et on se dit que peut-être, il ne saisira pas l'ironie. Le dernier ongle du dernier doigt de ma main gauche y passe, j'hésite à entamer les orteils. J'envoie toutes mes ondes positives à Maïa qui lutte au téléphone. Je la vois noter une adresse, un montant, elle sourit. On vient de lui dire que c'était OK.

Lundi, 16h37. On vient de passer une bonne minute à sauter fébrilement partout en poussant des petits cris dignes du plus petit des chatons venant de naître. On a rendez-vous à l'autre bout de Berlin, le lendemain, pour signer les papiers et récupérer les clés. Il faut juste apporter la caution avec nous. J'appelle ma banque, qui est fermée. J'appelle Google, et ça va mieux.

Lundi, 23h59. Impossible de fermer l'oeil.

Mardi, 3h45. Je me lève, je rédige le fax à envoyer à ma banque pour faire un transfert bancaire en bonne et dûe forme. Toujours impossible de dormir.

Mardi, 10h. On arrive à l'agence. Après une minute de causette dans la langue de Kant, Maïa fait un peu la tête. Si on veut les clés, il leur faut la caution en échange. Et pas dans six jours, soit le temps nécessaire pour que le transfert interbancaire se fasse, mais maintenant tout de suite. Genre, comment je vais retirer plus de 2000 euros moi ? Déjà en France, ça serait galère, mais en Allemagne, mmh ? On quitte l'agence, dépités.

Suit un long intermède téléphonique pendant lequel je fais le tour de la planète, quasi littéralement. Tout le monde y passe, parents, futurs collègues, boss, frangins frangines, potes sur place, banque, banque, banque, impair et passe. Après avoir envisagé de vendre mon powerbook à un passant dans la rue (qui aurait forcément eu autant de cash sur lui), on finit par bénir papa qui m'envoie la somme nécessaire via Western Union.

Mardi, 16h. On débarque avec la somme, et le bail de 14 pages entièrement traduit. On a au moins appris à être efficaces, en une semaine. On peut avoir les clés maintenant ? Non. Là, on hurle. Mais pas longtemps. Et intérieurement. On a rendez-vous à 18h30, à l'appartement. Pour faire l'état des lieux, supposons-nous. Du coup, pour se changer les idées et se dégourdir les jambes, on va chez Ikéa où on passe... 10 minutes avant de reprendre un S-Bahn.

Mardi, 18h30. En fait d'état des lieux, on a rendez-vous avec le concierge, qui nous fabrique nos étiquettes, nous change la serrure, et nous file les clés. Il est très gentil, ne parle pas un mot d'anglais, mais ça va, en fait. On a comme un énorme sourire scotché sur le visage. On a maintenant officiellement une nouvelle adresse : Grünberger Straße 52

Wie Fische im Wasser !

...comme des poissons dans l'eau, en VF. Bah oui, à Berlin c'est la totale éklatche, d'ailleurs on ne veut plus trop rentrer (et ça tombe bien parce qu'au fond, ça n'est pas prévu). Les menus "all you can eat" sont à 4.99 euros, les cocktails commencent à 2 euros, et l'happy-hour ne s'arrête à 21h que pour reprendre à minuit. D'ailleurs ici on parle d'happy-hours. Au supermarché les prix sont en moyenne deux fois moins élevés qu'à Paris (bon, là c'est un poil exagéré, mais vous avez l'idée), et les parcs sont pleins de nudistes (avec des femmes seules qui n'ont même pas peur). Donc, c'est cool.

Sinon, à part manger et picoler, on cherche quand même un appartement.

Premier jour, euphorie. 100m2 pour 600 euros, ouais, trop bien, mais attends y'en a trop, on n'a qu'à prendre un truc avec terrasse ? Quoi ? Y'en a encore douze millions ? Euh, alors avec terrasse + cuisine équipée + balcon + salle serveur + bisou du proprio... possible ? Sans problème ? Ouaouh.

Deuxième jour : ah mais non, ils sont dans des quartiers "éloignés", nous on veut pas habiter là (le centre-ville de Berlin fait quatre fois la taille de Paris...). Ce sera Prenzlauer Berg ou rien. Quoi, on n'aura plus que 80m2 ?! Mais c'est tout petit ! On vit... euh, ok, on vit depuis trois ans dans 30m2 à Paris, mais justement c'est Paris, maintenant on veut du XXL. Oui, comme les Wurst. Euh, comme les saucisses.

Troisième jour (aujourd'hui) : on a enfin trouvé un appart' vraiment classe (bon, par rapport à Paris ils le sont tous, mais qui voudrait d'un 93m2 dans l'équivalent Berlinois du XVIe arrondissement pour 650 euros mensuels, non mais franchement ?). Finalement, ça risque donc de ne pas être dans Prenzlauer Berg, mais plutôt au sud de Friedrichshain ; soit, en gros, un équivalent local de la rue Oberkampf à Paris (Baptiste, kiddik, si vous lisez ça, sachez qu'on vous fait un gros bisou doublé d'un énorme clin d'oeil, et on va continuer à tout comparer avec Paris parce qu'on est des foutus expats, ah ah ah. Ou pas, d'ailleurs.).

Bon, maintenant il faut qu'on déchiffre la fiche de location et qu'on croise les doigts bien fort. Ce serait dommage qu'on loupe une telle occase puisqu'on a tous les deux flashé dessus, tel le radar chopant un furieux à 300 à l'heure sur l'autoroute. C'est bien simple, dès qu'on l'a vu on a posé notre sac à dos par terre et on a déclaré à l'agent immobilier qu'il n'avait rien à foutre chez nous.

Petite description pour faire baver les Parisiens (et les autres) : 75m2 (oui c'est une studette), dernier étage, terrasse où on peut manger à plusieurs, chambre avec deux vélux pour regarder les étoiles quand on s'endort, immense salon noyé sous les fenêtres, grande cuisine, grande salle de bain, des fenêtres absolument partout, pas de vis-à-vis, quartier ultra-sympa avec environ un restaurant cool par numéro de rue + tous les commerces + que des jeunes.

A part ça, on est maintenant dangereusement trilingues, c'est à dire qu'on ne parle plus ni allemand ni français ni anglais mais les trois à la fois, en même temps. C'est épuisant mais c'est génial. Wir feelen so fine hier. Und wir sie embrassons sehr sehr fort.

Schuss !