- pourquoi tu blogues jamais en ce moment ?
- parce que je n'ai rien à dire...
- t'as qu'à dire que tu m'aimes...

Petite voix suppliante, regard de lémurien, une main posée sur mes fesses. Il faut au moins être un informaticien pour rester stoïque face à ce genre d'attaque...

- oui mais ça, je le montre peut-être assez pour ne pas avoir à l'écrire, non ?
- t'as qu'à bloguer que tu m'aimes mainnnnn'nnant !
- mmmh, trente secondes ok ?

Je change de page, pour consulter ma troisième boîte mail. La main sur mes fesses remonte le dos, caresse la nuque, une langue se met à faire le tour de mon lobe d'oreille. Mes pupilles commencent à me jouer des tours, l'écran tremblotte.

- tu m'aimes plus, hein, c'est ça ?...

Classique, depuis tout petit je sais déjouer ce genre de piège. Pourtant, y'a un truc qui cloche. La main qui est redescendue, et le frisson qui me parcourt l'échine peut-être. Ou la bouche qui glisse sur mes lèvres.

- arrête de dire des bêtises, allez. Je finis de lire mon courrier, ok ?

Toujours cette main qui glisse sur ma peau, si doucement que ma raison me lâche. Je n'ai plus que des terminaisons nerveuses sous le bronzage. Au moment précis où la dernière synapse claque, la main, la langue, le souffle, tout s'arrête brutalement. Deux secondes plus tard, elle est déjà roulée en boule sous une lourde couette, en train de lire un traité de géopolitique kossovar.