Billet bordélique et librement inspiré
Tous les gens qui pensent qu'on peut rire de tout se trompent.

On peut se marrer comme des phoques en racontant des conneries sur les blondes en public. On peut raconter des saloperies sur les homosexuels, sous forme de blague, ou même pas. On a le droit d'accumuler les sous-entendus graveleux, pousser un homme politique au suicide à force d'acharnement humoristique, et on tolère même certaines blagues de mauvais goût à propos du petit Grégory.

Mais essayez un moment de tourner en dérision une mère. Si elle n'est ni Italienne, ni Juive, vous risquez un méchant retour de flammes. Même s'il s'avère qu'elle est un poil exhibitionniste. Parce qu'une maman, c'est une maman ; ça n'est ni un homme, ni un humain, c'est l'évolution naturelle de la femme, le grand retour de la femelle dans nos sociétés modernes.

Un homme qui ne veut pas d'enfants, parce qu'il veut rester « libre » ou simplement parce qu'il ne les aime pas, ne choquera personne. Eventuellement, quelques-uns se diront qu'il ne sait pas ce qu'il perd, et encore. On le verra célibataire à vie, profitant de chaque seconde, aventurier, ou ce que vous voulez. S'il s'agit d'une femme, en revanche, elle sera considérée comme immature, lesbienne, ou sans coeur. À la rigueur, femme facile.

De la même façon, un homme peut (doit ?) rêver d'une carrière, d'un boulot, quitte à sacrifier sa vie de famille. Une femme qui essaierait de tenir le même raisonnement devrait lutter des années pour que les gens commencent à accepter cet état de fait. De là à ce qu'ils le trouvent parfaitement normal, il y a encore du chemin.

Combien de temps encore va-t-on refuser d'avancer ? De reculer même ? Vous le trouvez flagrant, vous, l'instinct maternel, chez les auteurs classiques ? Les gouvernantes, ça vous parle ? Le légendaire amour maternel de vos arrières-grand-mères, ça ne vous fait pas marrer ? Rien de tout cela n'est inné. C'est juste historique, mais les gens ont la mémoire courte. Et vont trouver normal qu'on réduise le travail des femmes à un placard à mi-temps pour leur permettre de biberonner dans la joie.

Messieurs, en dehors de la discussion bien-pensante, seriez-vous réellement prêts à lâcher votre boulot pour vous occuper de vos marmots ? Seriez-vous prêts à vous faire ouvrir puis recoudre la verge, les yeux fermés, pour le seul plaisir d'être papa ? Trouveriez-vous un quelconque plaisir à écouter vos camarades vous raconter en détail leur émasculation dans la douleur ?

Un peu de lucidité, et un poil de réciprocité, messieurs, mesdames. Si on ne peut pas rire d'une maman comme il en existe tant, qui prend plaisir à déballer au grand jour les moindres détails de son accouchement, arrêtons alors d'insulter celles qui refusent de les entendre.

Ou alors, on pourrait aussi baillonner les gosses qui hurlent dans les TGV, et leurs parents qui en rient...