Ça y est ça recommence. Chaque fois c'est pareil, je me prends à rêver que ça n'arrivera pas, jusqu'au coup de sifflet. Le train part, le train train revient. J'ai pour mission de ne pas me coller à la vitre pour faire des grimaces, et de ne pas courir derrière ce foutu wagon pour gagner quelques secondes de noyade dans le gris-vert sous ses paupières. Je me venge sur mon téléphone. Pianote, pianote, un petit message qui part vers un satellite, pour revenir à deux mètres de moi, dans cette prison de métal bleu-gris.

Il pleut. C'est malin. Maintenant, avec mon air de chien battu, les gens me regardent comme si j'étais une madeleine, alors que je ne fais qu'une sale allergie au printemps et aux adieux. Pour leur montrer, j'éternue, discrètement comme je sais le faire. La casquette du jeune devant s'envole sous la violence du souffle, et la télé annonce la naissance d'une tornade au pieds de la tour Eiffel. Je scrute ma poche intérieure, à la recherche d'un mouchoir. Mon meilleur ami de tout à l'heure, le téléphone, me mène la vie dure. Il se refuse à vibrer. Coupé du monde, déraciné, je flotte sur les quais détrempés.

Encore trois jours à tenir sans un sourire, à n'attendre qu'un vieux train dans une gare perdue. Je me suis promis de ne pas remettre les pieds dans une FNAC avant trois semaines. C'est bête, ça m'aurait occupé une bonne heure. Comme ça fait trois fois déjà que je romps ce serment, je me dirige vers Franklin Roosevelt, et j'entre chez Virgin, plutôt. Mais y'a rien à faire, je n'arrive pas à me concentrer sur les CD. Je rentre à la maison les bras ballant, avec à peine 3 disques. Le métro se traine.

Y'a des moments où je voudrais que trois jours soient une éternité. Mais là franchement, si on pouvait les raccourcir de, mettons, 72heures, ça m'arrangerait. En attendant, je tourne en rond en buvant du café pour faire accélérer les aiguilles de ma montre.