Où la guerre des Balkans se dilue dans le saké
2 juil. 2007
Par manu sauvage - Lien permanent
Coloc n°2 est arrivé hier, quatre jours avant sa valise, qui a préféré rester à Heathrow - c'est un symptôme classique chez les valises. Après les dernières 1209600 secondes passées sans amour et avec coloc n°1, je ferais bien une pause. Je conduis donc coloc n°2 chez Denny's et on mange un truc bien gras. Pour la suite du weekend, je décide d'appliquer une recette relativement simple ;
Appeler un taxi pour aller dîner à l'heure Allemande avec coloc n°2. Commencer par manger une bière, poursuivre avec deux white russians, finir avec une bière. Pour faire couler, boire un bon steak, en se délectant des regards sidérés au moment où l'on précise la cuisson ("rare", se qui se traduit dans les faits par un steak un chouilla trop cuit pour être qualifié de saignant). Répondre docilement aux questions sur l'Europe, discuter de la guerre des Balkans, de la chute du mur, tout en slalomant pour éviter d'approcher le golfe de trop près, et réaliser l'ampleur des divergences d'opinion. Ré-orienter la discussion sur le bourbon, en venir discrètement au vin, et perdre 10 minutes à essayer de traduire cépage (pour se rendre compte le lendemain que grape variety n'était pas une si mauvaise approche que ça, encore faut-il que votre interlocuteur ait la moindre idée de ce dont vous lui parlez).
Mettre fin aux débats en se dirigeant vers un autre bar. Taper du poing sur le comptoir - avec la bénédiction du tenancier - pour faire tomber le gobelet de saké dans le verre de bière, puis boire la solution résultante cul-sec. Recommencer l'expérience après en avoir appris le nom (sake bombs, pour autant que je sache), Passer aux shots de tequila, sans passer par le caniveau. Reparler de cépages, entre deux bredouillages à conotation technique.
Après le couvre-feu de deux heures du matin, se diriger vers une boîte goth, qui passe de l'électro. Heureusement, la foule scarifiée-tatouée-tout-de-noir-vêtue donne le ton. Siroter une ginger-ale, après s'être vautré sur le plancher - le siège derrière soi s'étant brusquement téléporté dans une autre dimension. Se faire aborder par une meute de dames toutes de noir vêtues ; se débrouiller pour esquiver l'intégralité des avances par de subtiles pirouettes verbales - ce qui compte tenu de la barrière de la langue, tient de l'exploit. Sur les coups de quatre heures, quitter cet étrange grotte et retrouver la rumeur de la rue.
Se diriger vers le QFC du coin, avec coloc n°2 et un troisième compagnon de galère, et acheter des sandwiches. Il est grand temps d'éponger. Revenir dans ses pénates et s'appercevoir que coloc n°1 nous a ex-fermés en bloquant le verrou-qui-ne-s'ouvre-pas-de-l'extérieur. Maudire la paranoïa sécuritaire du concepteur des lieux, et tambouriner à la porte. Au bout de 5 minutes, après avoir réveillé tout le monde sauf coloc n°1 et s'être excusé platement, se rendre compte que coloc n°2 a laissé sa fenêtre ouverte. Défoncer la moustiquaire, intégrer l'appartement, se vautrer dans le lit.
Comater 12h, rêver d'elle, boire beaucoup d'eau, penser à elle, regarder Click en regrettant qu'elle ne soit pas là, lire un bouquin pour faire passer tous les maux.
Bilan de ce second weekend à l'heure américaine : chargé, comme ma langue. Mais plutôt bon.