changeons de disque
26 janv. 2004
Par manu sauvage - babillages - Lien permanent
Le gouvernement, dit-on, a lancé une offensive contre la contrefaçon, avec en ligne de mire Internet et les logiciels de P2P. De la part de gens qui votent des lois telles que la LEN, plus rien ne m'étonne, mais tout de même, je suis assez agacé.
Et s'il n'y avait que le gouvernement, encore. Samedi soir, pendant la grand messe de TF1 et NRJ - les NRJ Music awards, différents artistes ont interpellé sans relâche le public épars et amorphe et très Cannois pour qu'il arrête de télécharger de la musique. Parce que, vous comprenez, c'est très mal, ça fait beaucoup de tort à Maxime Le Forestier, par exemple, qui fait de la si bonne soupe. Le bouc émissaire Internet était sur toutes les lèvres, dans tous les esprits.
Comme on n'avait pas bien compris, les majors ont ensuite annoncé une baisse de 10% à 13% des ventes de CD, en montrant du doigt, encore une fois, Internet. L'argument est puissant, rendez-vous compte, 10%. Comme tout le monde sait, l'économie était florissante en 2003, les gens ont acheté plus de voitures, plus de matériel HiFi, plus d'ordinateurs, plus d'hélicoptères télécommandés, plus d'appartements parisiens et plus de Royal Jelly. En gros, seules les ventes de CD ont chuté. Ce qui est vraiment surprenant, d'ailleurs, les CD étant des produits de première nécessité.
Ceci étant, j'ai une autre explication à cette baisse phénoménale des ventes de CD. Prenons un gros consommateur de musique - au hasard, moi. J'achetais environs 3 CD par mois, jusqu'en 2003, parfois plus. Que s'est-il passé l'année dernière pour que mon attitude change ? Simplement, l'industrie du disque a trouvé bon de commercialiser des CD « protégés », qui sont toujours copiables avec le bête lecteur de CD-ROM que j'ai au travail, mais qui ne passent plus ni dans ma chaine, ni dans mon PC personnel. Je me suis fait avoir une fois, avec l'album de Massive Attack, mais on ne m'y reprendra pas. Je n'ai donc pas acheté, alors que je les attendais avec impatience, les derniers albums de Placebo, Ben Harper, A Perfect Circle, et Calexico, par exemple. Mais j'en oublie plein, que j'aurais volontiers mis dans mon panier au hasard de mes pérégrinations dans les rayons des disquaires s'ils n'avaient pas été protégés. Au total, si je fais le compte, ma consommation a effectivement du chuter. Pas de 10%, non, plutôt de 30. J'irai même jusqu'à dire qu'il m'est arrivé de télécharger ces albums pour pouvoir les écouter. Très efficace, donc, cette politique stupide de protection. Merci de faire preuve d'une si grande intelligence, chers majors, chers artistes.
Les lobbies des producteurs musicaux sont puissants. Ca ne les rend pas visionnaires, et c'est bien dommage. Ils nous ont fait le coup avec la cassette audio, puis avec le CD. Les deux supports ont été taxés, puis surtaxés. Ils nous ont fait le coup avec les disques durs, qui se sont également fait taxer. C'est maintenant le tour d'Internet, et déjà des propositions de loi pointent le bout de leur nez, qui veulent mettre en place une surtaxe de l'upload. Brillante idée. Au passage, on devrait aussi surtaxer les communications téléphoniques, les colis postaux, les postes radio, les télévisions, les décodeurs, les fleurs et les hamburgers (y'a pas de raison).
L'avenir est sombre, nous sommes dirigés par des crétins.
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