septembre 15, 2003
pas de fumée sans feu
l'une des caractéristiques des arts électroniques, c'est leur sensibilité aux dynamiques sociales et aux questions politiques.
C'est avec cette petite citation de Gerfried Stocker, tirée d'un article de libération (agaçant au possible, par ailleurs, à sans arrêt employer digital pour numérique), que je découvre aujourd'hui l'existence du festival Ars Electronica, qui a pourtant mon âge - à quelques poussières d'étoile près.
Il est assez difficile de trouver autre chose sur ce festival que son propre site. Après une lecture rapide des quelques articles que j'ai pu trouver à son sujet, il me rappelle beaucoup une fameuse nuit cyber organisée sur canal+ il y a de cela huit ans. C'est à dire un peu de culture geek, et beaucoup de culture kitch. Ce qui est intéressant, ce sont les thématiques abordées - plus que la façon dont elles sont traitées. Cette année, le festival concentrait ses efforts autour d'un sujet très opaque : le code. Volonté désespérée d'attirer de jeunes informaticiens hype de tous poils pour redonner un coup de fouet à un concept vieillissant, ou réelle ambition, dans un cas comme dans l'autre je suis très étonné. Le profil historique du festival ne ressemble en rien à celui d'une LAN party, encore moins à celui d'une coding party. Et pourtant, le pari semble réussi.
Toutes ces considérations obscures mises de côté, il en reste la petite phrase du départ. La petite phrase qui fait qu'étrangement, on a envie de reconsidérer des gens habituellement classés dans la catégorie des parfaits asociaux. La phrase qui politise l'attitude geek.
Ce festival, comme de nombreux journaux, lobbies, associations, groupements scientifiques et économiques, met sur la table le problème des brevets logiciels. Le débat est brûlant en Europe. En particulier dans le milieu du logiciel libre, mais aussi de l'autre côté, celui des gros bonnets de l'informatique. Ce qui est regrettable, c'est que pas une seule des entreprises qui sont concernées en premier lieu par ce genre de décision (comprenez les PME-PMI) ne semble vouloir s'impliquer dans le débat. Du coup, le pugilat actuel ressemble fort à un combat perdu d'avance entre néo-terroristes électroniques et ultra-conservateurs du grand capitalisme mondial.
Pourtant, la possibilité de déposer des brevets sur la propriété intellectuelle n'est pas sans poser de problèmes. Les dérives ont déjà été constatées aux États-Unis, et c'est d'autant plus triste. Imagineriez-vous un seul instant qu'un journaliste puisse être attaqué parce qu'il a utilisé une figure de réthorique dans un article ? Bien sûr que non ! Pourtant c'est typiquement le genre de choses qui sont brevetées outre-atlantique, si on l'adapte à l'informatique, par exemple. Le débat actuel, pour certains, consiste à réduire la portée des brevets logiciels. Qu'on ne puisse reprocher à ce journaliste d'avoir utilisé une figure de réthorique que dans le cadre d'un article sur les ornithorynques. Le débat de fond, pour la communauté du libre, c'est d'empêcher de telles aberrations, tout court. Et ça n'est pas gagné. Tout laisse présager le pire, au vu des enjeux financiers. Il serait facile de se décourager et de baisser les bras.
Mais si au lieu de ça, pour une fois, on se battait un peu plus fort ?