octobre 10, 2003
heurts de pointe
La scène se passe un vendredi soir, à quelques mètres sous terre. Voilà deux heures qu'on n'entend que les notes diffuses d'Eros Uber Alles qui s'échappent discrètement d'un écouteur, perdu sur un bureau en parfait désordre. Les muscles sont fatigués, les traits tirés, et le silence lourd. Tout le monde essaie désespérément de donner le change. On distingue encore la petite étincelle de vie qui s'acharne à briller dans le reflet de leurs yeux, qui ne demandent pourtant qu'à se fermer.
Au milieu de toute cette torpeur, je fais tache. Voilà deux semaines que je dors comme un bienheureux, quelques heures par nuit. Deux semaines que je quitte prématurément le monde studieux pour aller noyer mes envies de sommeil dans des verres de vodka. J'ai tout ce qu'il faut pour me fondre dans le décor pourtant ; Les ombres dansent sous mes yeux éteints, et mon coeur bat au ralenti sous les soleils artificiels qui éclairent les murs irisés de la bulle. Mais ca ne prend pas. L'image du sauvage forcené enchaînant les nuits à travailler pour faire avancer les choses s'est estompée doucement, puis a fini par disparaître. Reste le fêtard, saoûlant son entourage au moins autant qu'il irrigue son foie. Celui que tout le monde cherchait quand il n'existait pas, et que tout le monde souhaiterait maintenant voir s'effacer. L'aiguille de ma boussole s'affole.
Fondamentalement, rien n'a changé pourtant. C'est juste mon moral, qui a cessé de faire le yoyo, au prix de quelques concessions ; j'ai du réfreiner mon enthousiasme, réfreiner mes envies d'exploser à la figure des gens quand je suis en désaccord profond. Un jour, j'en ai eu marre de nager à contre-courant. C'est encore plus usant que deux semaines de piscine. Ca n'est pas une histoire de sommeil, c'est une histoire de foi, de santé mentale. Je me suis battu, longtemps, pour arriver à d'infimes résultats et à de flagrants échecs. Je n'en peux plus. Tout s'est mélangé, précipité, pour me faire lâcher prise. Je ne tiens plus, ma tête, mon corps, et mon coeur hurlent à la mort, réclament des vacances. Que je ne peux pas prendre.
Malgré toute cette lassitude apparente, il me reste des glaives pour frapper dans l'eau. Il me reste quelques violons dans lesquels me libérer. Et quelques forces pour essayer d'influencer le cours des choses, malgré tout. Je n'ai pas changé, mais j'ai besoin de temps, un peu du mien, beaucoup du vôtre, chers tous, pour reprendre des forces. Je ne suis plus prêt à gaspiller mon énergie, ma voix et ma vie dans un seul but. J'ai besoin de calme aussi. J'ai besoin de me construire avant de construire autour de moi.
Je crois que j'ai trouvé la pierre qui manquait à l'édifice. Peut-être vous apparaît-elle encore un peu grossière. Ou peut-être avez-vous l'impression qu'à vouloir à tout prix la mettre là, je menace tout l'équilibre. Moi, j'ai simplement besoin de trouver cet équilibre, entre ma vie et celle des autres.
Il est des soirs où la lecture des blogs laisse un goût amer. On doit se tourner les pouces pendant que tu te construit à manu^Wmains nues (chut.) ? Ce qui est bien avec les amis, c'est qu'on peut leur demander des choses parfois. Voire même des trucs.
A te lire je me demande si tu vas bien ou non. Comme à chaque fois que tu parles de toi, tu caches la vérité sous une avalanche de phrases. Comme souvent quand tu parles des autres, on se demande qui est ce "tout le monde" souhaitant que tu t'effaces, qui est ce "tous" auquel tu veux prendre du temps, ou ce "vous" qui critique ton équilibre.
M'enfin, je ne désespère pas, je vais finir par comprendre tes billets personnels du premier coup, sans avoir à relire trois fois chaque paragraphe. Faudrait que tu postes un peu plus pour que je m'entraine :)
Oooh ! Y'a une nouvelle catégorie..
Oh, zut ! Oz m'a pris de vitesse !
je sais que je me mêle de ce qui me regarde pas, mais je pense sincèrement que tu as trouvé ton équilibre dans ta vie perso. Et quand tu en seras persuadé, tu auras les forces pour tout surmonter, et principalement ta timidité ...pour ne plus "lâcher prise"...Encore autre chose... SOURIS...
Tu sais bien qu'on t'attendra autant qu'il le faut. Des promesses implicites d'amitié ne se cassent pas comme ça.
Prends ton temps, et trouve toi.
Si tu veux une oreille pour t'écouter, rappelle-toi qu'on a toujours pas eu la discussion qu'on s'était promise. Bien sûr qu'on est là pour t'écouter quand ça va pas, suffit de demander...
De la merde en boite complètement surfaite ? J'en connais pourtant un qui écoute régulièrement Carla Bruni quand il sature de métal made in France...
La demoiselle écrit, compose, et chante très bien, mais je me demande qui a écrit la noyée. Oups !? ne serait-ce pas ce gros connard alcoolique (et merdique aussi) de Gainsbourg ?
coucou, pécheur de crustacé, la crevette te fais coucou ;-p
en tout cas, la photo est tres jolie.
Mais pourquoi ai-je l'impression persistente depuis quelques mois que je te connais de _moins en moins_ ?! C'est frustrant, tu es pourtant celui dont je me sens le plus proche à la Bulle (la ferme, vous autres :-p). C'est ma perception inconsciente des fils qui nous relient qui fait le yo-yo...
_At any rate_ (il faut bien que je soie _predictible_), construis-toi, manu, construis-toi, et prends ton temps (y'a toujours du retard dans le bâtiment, de toutes façons), fais-nous ça bien. Et puis, ta pierre "grossière", là, me fait l'effet d'une pierre d'angle, une vraie pierre de bâtisseur.
Pouuuuuuu !
Moi je dis, une gonzesse dans la vie et hop, le moral repart au beau fixe !!! :-)
Oz: c'est bien ce que je pensais, Carla Bruni aurait mieux fait de rester porte-manteau et donc muette :)
manu ... pourquoi tu ecris si bien ma vie ?
pourquoi je peux transposer ton texte a propos de la spé SRS ?