mai 27, 2003
métropolitain
Ce soir, j'ai compris pourquoi il était si bon d'être un geek. Et si important de s'investir dans son travail à en oublier l'heure et prendre le dernier métro. Sur le coup de 19 heures, je revenais d'une réunion fort réunie, pendant laquelle mon cerveau avait dû perdre quelques dizaines de neurones à force de tourner et retourner tout ce qui se disait autour de lui. De Franklin Roosevelt à Palais Royal, mes oreilles étaient bien plus libres que mes pieds, ou toute autre partie de mon corps, ce qui leur permettait d'écouter à pleine bouche. Ou à s'en décrocher la mâchoire, c'est selon. Mes yeux, eux, ne se croyaient plus. Ils clignaient tant d'incrédulité que par habitude. Les sardines ont de la chance, en fin de compte, et qu'on ne me dise plus jamais que l'élevage de poulets en batterie est inhumain. Vu ce que supportent, tous les soirs, un nombre considérable desdits humains, le terme est vraiment inadapté.
Arrivé à Palais Royal (rien à voir avec McDo), je dis au revoir à deux collègues, en essayant de ne pas bouger trop le bras, sans quoi je pourrais renverser un usager en équilibre instable, voir faire chavirer la rame bondée. Après une savante manoeuvre et une ouverture des portes automatique (l'ouverture, pas les portes), je m'éjecte de la foule pour me retrouver sur le quai. Et retrouver la ligne 7. Une ouverture de sacoche plus tard, je chausse mon casque (le pied !), et décide d'occuper mes oreilles le temps du trajet. Elles avaient entendu assez de commérages pour la journée. Lecture, trifouillage dans le sac, réglage du volume, 10, 11, 12, mes oreilles deviennent toutes rouges. 13, 14, 15, le panier suivant arrive, flambant neuf (ou fraichement repeint). La porte s'ouvre, et les colonnes de corps inertes et fâchés sortent en pestant. Push it !
Comment ? Plait-il ? Push it ! Shirley Manson en remet une couche. On est pressés comme des pastilles vichy dans une boite de grand-mère, la bonne odeur de menthe en moins, et elle me demande de pousser, encore. Push it ! Je vais devenir paranoïaque, pour un peu. Je m'asseois. Sur mon espoir de trouver un siège. Mes genoux grincent des dents, mon dos fronce les sourcils, mes oreilles se détendent. La Miss Torrini, qui n'a rien d'italienne, entone "Unemployed in summertime". Instants d'apaisement, j'en oublie la rigueur du métro. Manson (encore un), Marilyn de son prénom, entame alors un ka-boom qui fait faire un tour complet à ma tête.
Bip bip, biiiiip. Je me tiens le coeur, vérifie que mon absence de pile cardiaque fonctionne toujours bien, me frotte les oreilles pour les réveiller. Biiiiiiiip. Et zut, un lecteur mp3 tout neuf, il ne peut pas déjà donner des signes de faiblesse... Mesdames, messieurs, je vous rappelle que ce train se dirige vers Villejuif. J'y suis, le train a bippé trois fois, c'est le conducteur qui voulait me faire une blague. Le rouge de la station du Kremlin me sort de ma torpeur, il est temps de sortir du tunnel. 500 mètres et deux étages plus loin, je me retrouve dans ma boite à chaussures de 16m².
C'est grand, finalement, 16m².
Comme le disait mon concierge, Albert : Tout est relatif.
Tu as sauté la 3eme pour connaitre si peu l'anatomie?
Oui c'est grand, surtout pour une boite à chaussures !
que ceux qui ont deja lu ce post le refasse avec la BO d'amelie poulain ;) ... ca prend tout son charme :)
ouf ! je ne suis pas seul à me plaindre qu'il y a trop de mondes !
C'est vrai qu'il n'y a rien de meilleur que la musique pour s'évader de l'étouffement du transport parisien :D mais je ne soupçonnais les conducteurs farceurs... :p
bon courage pour les transports !! que la force soit avec toi manujedi ;)))
ben alors tu boudes ton blog ?...
bisou :p
et puis j espert que ta boite a caussure ne sent pas trop des pied
lol
je sort!