août 18, 2003

1-week blackout

no blackout at night

8:50am. Fin du rêve américain, bienvenue à Roissy Charles De Gaulles. Dehors, il pleut, sortez couverts. Bonne journée.

Comment voulez-vous que je croie une seconde que la France a connu l'étuve, la fournaise, la grande canicule ? Comment ? Il fait frais, et il pleut. Nos agriculteurs vont être contents. Ceux qui démontent paris-plage aussi. Moi je suis juste claqué. Juste. J'ai compris ce matin ce que les gens voulaient dire quand ils parlaient du jetlag. En fait, le décalage horaire, c'est un terme d'homme d'affaire pour dire : « j'ai fait une nuit blanche ». C'est vrai que pour excuser ses frasques sexuelles nocturnes auprès du patron, c'est plus classe.

Je reviens des Etats-Unis, donc. Ou plus exactement, de New York. J'ai une impression étrange au sujet de ce voyage. J'ai passé une semaine dans une ville que je ne connaissais pas. Et que je connaissais pourtant par coeur. Hollywood a fait du bon travail, c'est certain. Je m'attendais à du grandiose, de l'immense et du démentiel. J'ai trouvé les deux derniers. Pour le grandiose, je n'y crois pas. Mon sentiment, c'est que les américains comme tous les autres ont planqué un paquet de complexes derrière des réalisation géantes. Mais dès qu'on gratte un peu ailleurs que sous le ciel, du moins à New York, on voit les choses différemment.

Premier exemple : les rues. Je les ai (presque) toutes faites, et il n'y en a pas une qui ne soit en bon état du début à la fin. On dirait que les trottoirs sont tout droit sortis d'ex-Yougoslavie. Les grilles sont cabossées, le bitume fissuré, le goudron bosselé. Ça ne fait pas clean. Et ça tranche avec le verre sans défaut des tours alentours. Ce genre de détail m'a sauté à la figure dès mon arrivée. Il faut dire, j'ai mis le temps à arriver, en prenant Broadway à l'envers, à pieds, avec un énorme sac de voyage sur le dos. Du coup j'ai eu le temps de découvrir.

Deuxième exemple, les odeurs. New-York est une ville nauséabonde. Allez comprendre pourquoi à chaque coin de rue ca sent les ordures. Pourtant, les trottoirs, bien que défoncés, sont propres, ou presque. J'imagine donc que c'est à cause des climatisations qui fuient à qui mieux mieux dans toutes les rues. Cette semaine, le New York Post titrait : Goodbye Big Stink (avec les majuscules, sans les italiques). La ville est donc consciente de ce détail d'importance, et va tenter d'y remédier. Une bonne chose, vraiment.

Bien sûr, je suis ici trop négatif ; je n'ai pas que des reproches à faire à la ville de New York, loin de là. J'ai quand même passé une excellente semaine à me perdre (au propre comme au figuré) dans les rues de la grande pomme, pendant que Perrine prenait un malin plaisir à me faire tourner deux fois autour du même block pour voir si j'allais tilter. Évidemment, je ne tiltais pas. Les rues de midtown sont très chouettes, et les immeubles impressionnants. Le passé y côtoie le présent assez singulièrement. Les vendeurs de junk food sont partout. Les rues du quartier des affaires, ground zero mis à part, sont très vivantes, et terriblement exiguës. On n'y voit le soleil qu'au prix de contorsions inhumaines. Enfin, Greenwich Village, équivalent New-Yorkais de notre parisienne butte-au-cailles, regorge de petits coins sympathiques, de pubs sans devanture, et l'absence de publicité tranche vraiment avec le reste de la ville.

Au détour de Times Square, je n'ai cessé de penser à lunar. Mettez-le là, il se transforme en commando altermondialiste et créé une émeute en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Même moi je trouvais que la quantité de panneaux et d'affiches était démentielle et écoeurante.

Et soudain, jeudi, pendant que les média français débattaient pour savoir si Raffarin était responsable de la vague de chaleur qui s'abattait sur l'Europe, est arrivé l'impossible. La panne. Le blackout. Situation cocasse. Plus de courant. Plus de lumière donc, dîner aux chandelles. Plus de métro, rentre avec tes pieds. Plus de feux, mais une circulation étrangement éparse et fluide, d'un coup. Mais surtout, plus de clim. Le silence s'abat sur la ville. Tous ces américains choqués qu'on meure de chaud en Europe quand il suffirait d'avoir l'air conditionné, sont priés de faire attention à l'énergie qu'ils dépensent. Encore une Attaque Sournoise, mais pas banale, celle-là. De toutes façons, c'est la faute des Canadiens, c'est évident.

Forcément, ce jeudi là, nous avions décidé ce jour là d'aller aux Cloisters, à l'extrême nord de Manhattan. Et notre hôtel était au niveau de la 7e rue, à Washington Square. Évidemment. Nous avons donc traversé la ville, en prenant Broadway - décidément - de la 190e à la 7e rue.

Eh bien croyez-moi, c'est grand New York. Très grand.

Rédigé par manu à 23h08 | TrackBacks (0)
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Commentaires
Pierre CARION le 18 août 2003 à 23h21

Bon retour en France. J'avais fini par oublier qu'en Californie aussi les routes sont dans un etat pitoyable ... on finit par ne plus faire attention aux trous dans le *goudron* et il faut la visite d'un europeen pour les redecouvrir.
Pas de photos numeriques a partager ?

meshak le 19 août 2003 à 01h45

C'est pas mal d'avoir un avis objectif. Ca me donne moins envie d'y aller maintenant ! :-P

Et t'as fait des emplettes ?

Emmanuel le 19 août 2003 à 01h51

Hmmm, c'est le retour vers l'Europe le plus dur... Et encore, tu viens de la côte est ; imagine l'effet du même voyage depuis la côte ouest :-)

TDD le 19 août 2003 à 02h05

J'attends impatiemment les photos, et plus de billets façons carnet de bord :-)

jadawin le 19 août 2003 à 07h15

C'est marrant. J'avais pas ces souvenirs de New-York.

kiddik le 19 août 2003 à 10h52

bienvenu a "It's a small world". Ici tu vas voir, tout est ridiculement petit.
Vivement que je puisse retourner aux USA !

bankair le 19 août 2003 à 11h34

Quand tu veux la mousse :) (sauf ce soir)

djam le 19 août 2003 à 16h09

Bienvenue au bercail !

jadawin le 20 août 2003 à 10h03

black out, ça ressemble un peu à blog out, non?