octobre 21, 2003
Comment voyager avec une blanquette
Dimanche, 20h50. J'ai les talons qui font un bruit d'estomac en panique. Les couloirs défilent, et donnent ainsi la réplique aux deux jours qui viennent de s'écouler. Paris-Caen-Paris-Montargis-Paris. 24 heures dûment remplies à faire la fête, tomber malade, vider mon compte en banque à la fnac, saboter mes papilles avec un hamburger-frites, soudoyer un contrôleur SNCF, snober mon banquier, défaire ma valise, refaire une valise, remonter dans un train en marche, manger comme quatre, prendre 250 photos, faire deux heures de vélo, et dormir dix heures d'affilée.
Je saute dans un métro - du moins j'essaie. Mon sac empêcherait un boeing 747 à vide de décoller. Je balade avec moi quelques kilos de blanquette de veau, une bouteille de liqueur de whisky importée d'Irlande, et un bon gros mal au bide. Je dois avoir une tête symathique - ou une tronche de cadavre, toutes les petites vieilles qui hantaient la rame de métro s'écartent avec un sourire grimaçant pour me laisser m'asseoir. Je n'ai même pas à éviter le coup de sac de la plus aigrie d'entre-elles, une autre l'a intercepté et l'a envoyé s'écraser sur le teckel à poil ras qui défend la porte contre les courants d'air. La tension monte chez les veuves, des cheveux bleu-violet commencent à voleter dans l'air. Je pose mon casque sur mes oreilles pour bénéficier d'un peu de calme.
Changement de métro, tout se transforme. On est à Opéra, mais pour de vrai. Exit les mamies, voilà la relève. De bons jeunes bien frais, dont la tête n'est pas encore pervertie par le grand âge. Ça se voit, ils jouent à pierre-ciseaux-papier en tordant leurs dreadlocks autour de leur index. Dans mon casque, Pleymo joue "Chérubin". Tous les morceaux du puzzle s'assemblent. Les jeunes se lèvent, le train s'arrête.
Le métro vient de dégueuler une horde de furieux : des barbus, des chevelues, des rasés, les peaux luisent sous la lumière crue des néons. Tout ce petit monde se met en branle et brandit sa bombe de peinture noire. Pendant trente secondes, le contrôleur de station, étourdi, fixe la scène, pendant que sa mâchoire qui traine par terre se fait piétiner.
Le métro émet un long son strident, les portes claquent. Mon discman saute une chanson. Mon regard se perd sur l'oeuvre d'art qui couvre désormais les murs de la station ; Stop la pub, on n'est pas des porte-monnaie. Laëtitia Casta a des moustaches et des bites partout. UMP = fachos. J'ajouterais même "tous pourris". Surtout Bérégovoy et Mitterrand à l'heure qu'il est. éteignez vos télés. J'en ai plus, le tube cathodique n'a pas supporté les 3 kilos de poussière qui la recouvraient. Vive le commerce équitable. Vivent les vendeurs de peinture en aérosol, oui. Et vive la couche d'ozone. Vivement que je rentre aussi, tiens, pour le coup.
La personne assise en face est floue. La fourbe se prend pour un derviche. Qu'elle cesse où je ne réponds de rien. Elle me souffle une bonne bouffée au visage. Pas de doute, sa clope n'est pas issue du circuit de consommation capitaliste classique. Je grimace. La silouhette fumeuse doit prendre ça pour un reproche, elle se floute de plus belle, et me renvoie une volute tournante à la figure. Tant pis, elle l'aura cherché. Je me vomis sur les pieds.
250 photos, une vache essayant de renifler ton numérique, de la liqueur de whisky & co... Elles ont pas l'air si mal tes "vacances". :)
Tu as oublier de rire sur la fin.
Tes week end ont l'air extra, surtout sur le retour... Mais ce qui est le plus étonnant, c'est la façon dont on est déconcerté à te lire encore après t'avoir vu en public, ou tu parais avoir bannis cette once de mélacolie qui accompagne chacun de tes mots même les plus enjoués, étrange et mystérieuses mélancolie que celle-là, m'est avis...
Il fallait plutôt vomir sur les "siens" !! :)