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« Les archives de blog out : Histoire d'une brique de Tétris en 3 dimensions »

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babillages

Phase prélinguistique qui débute vers le deuxième mois de la vie, et pendant laquelle le jeune enfant s'efforce d'émettre des sons de plus en plus articulés (voir: lallation).

Fil des billets

missing you.

Se lever.
Se réveiller sous la douche.
Enfiler sa veste – ne pas oublier sa sacoche.
Déambuler dans les rues parisiennes en guettant les nuages.
Arriver presque à l'heure. A deux pas de la porte, ne pas oublier de figer un sourire.
Ignorer l'étau autour de sa poitrine, et supprimer ce petit chevrottement dans la voix.

Un peu d'assurance, que diable.
C'est pas la fin du monde.
Pas aujourd'hui.
Pas encore.

24h - H-6

Dans 6h, nous partons pour le Mans. Quelque chose me dit qu'on aurait du se coucher plus tôt, mais bon, nous aurons sûrement le plus joli casque. Maïa vient de nous peindre un chef d'oeuvre pendant plus de quatre heures, alors que je lisais les 1500 mails que j'avais en retard. Pfiou.

Allez, zou, au dodo. Vous aurez des photos lundi ou mardi, j'espère :)

Espoirs

Oomph! m'envoyait sa supernova dans le casque au moment où j'ai appris la nouvelle. Je me disais justement qu'il fallait que je me mette à l'allemand, pour comprendre leurs autres paroles (parce que bon, supernova, c'est une chanson en anglais, j'avoue). Et là – non c'est pas du tout le drame – je lis que le parlement néerlandais vient de forcer le gouvernement à changer son vote sur la brevetabilité des logiciels en Europe ; son vote en faveur des brevets devient donc une abstension.

En voilà une excellente nouvelle.

« This measure is possible because at the present moment there is only a political agreement and the formal vote can only take place after the contested text has been translated into the 20 European languages. An emergency brake move in the procedure such as this has never been exercised before. » [ FFII ]

le poids des maux

Difficiles. Je ne trouve pas d'autre adjectif pour décrire les six dernières semaines. Difficiles et épuisantes. Un poil déprimantes, vu le résultat. Mais voilà, je suis idiot sûrement, je garde espoir.

Voilà maintenant six semaines que j'ai accepté de reprendre la direction pédagogique de l'école dans laquelle je travaille. C'est pas trop mon rêve d'enfant que de faire des plannings sous OpenOffice.org et passer le reste du temps en réunion, mais j'ai choisi de le faire quand même, pour relever le défi et faire mieux qu'avant. Parce qu'avant, c'était le boxon. Un foutoir monstre, qui tenait par un bout de ficelle miraculeux. Un désordre crasse qui me fait encore faire des cauchemars, ne serait-ce que quand je cherche une information dans la base de données. Ou l'absence de base de données. Où au final, l'info n'existe pas.

J'ai accepté cette mission, donc, par respect pour nos étudiants, pour faire vivre cette école comme elle le devrait, et pour y insufler un peu d'énergie. Et c'est là que je m'apperçois que j'en manque grave, d'énergie, alors je mets tout ce que j'ai entre 9h et 20h, pour m'écrouler ensuite. J'ai un peu honte d'infliger ça à mon entourage, d'ailleurs, mais je n'arrive pas à gérer ça mieux. Je suis suffisamment fatigué pour m'endormir sous une enceinte, pendant une soirée gothique, avec les jambes qui dansent encore sur Anne Clark ou DAF tellement elles ont envie. Le reste du corps ne suit plus.

Bref, je me démène, Je cours, je cherche, je gratte, je rencontre tout le monde, j'essaie de discuter des problèmes, d'apporter des solutions, et de remuer ciel et terre pour arranger les choses comme elles peuvent l'être. C'est pas toujours évident, confère le paragraphe précédent sur le foutoir.

Aujourd'hui par exemple, j'ai dû recevoir une vingtaine de mails et trois coups de fil de gens furieux. Furieux du manque d'information, furieux des modifications apportées à leur contrat d'étude, et pour le moins mécontent de constater que tout se fait dans leur dos. Chaque fois, j'essaie de me montrer compréhensif, rassurant, sérieux, sans tomber dans la langue de bois. Je n'aimerais pas forcément être à la place des étudiants qui doivent s'adapter aux différents discours. Mais merde, commencer par se faire haranguer vertement, même après un bref « félicitations au fait », c'est pas très très agréable.

Non et puis honnêtement, tout le monde m'attend au tournant. Déjà qu'à la moindre bourde, je le vis comme la fin du monde, imaginez la pression que ça peut me coller. Alors quoi ? Je devrais baisser les bras ? non. Hurler un bon coup ? Peut-être. J'ai surtout envie de dormir, et avant de me coucher, de demander aux gens un peu de patience, même si ça fait un an qu'on tire sur la corde. Ne serait-ce que parce que c'est pas moi qui tirait. De la patience, et du Zen. De la foi, de l'espoir, de la confiance.

Bref, plein de choses impossible à demander à des gens énervés.
Mais c'est pas grave, je leur demande quand même. Et advienne que pourra.

l'auto

- Qu'est-ce que tu achèterais comme voiture si tu gagnais au loto ?
- Une 307 vert métalisé

Je ne sais pas pourquoi j'ai répondu ça. J'aurais pu sortir une réponse classique, une Porsche, une LG, une béhème, et tout le monde aurait trouvé ça normal, mais non. Sur le coup, une 307 me semblait très bien. Pas trop grosse, que je puisse la garer, pas trop lente, que je puisse rouler un peu. Mais pas trop rapide, je n'ai pas besoin de me frustrer sciemment, non plus. Bref, une 307 donc. Verte. Avec de la peinture métalisée. La couleur de l'espoir avec des reflets de Terminator dedans, ça me plaisait bien.

- Tu sais, manu, son rêve, c'est d'avoir une 307.
- J'ai toujours su que c'était un garçon à voitures. Personne ne peut être parfait.
- Non mais j'avais dit ça, c'était dans le cas où je gagnais au...
- Et il fera comme dans son jeu là, il mettra des autocollants partout dessus
- ...loto.
- Avec des roues personnalisées et tout ? Ouah ! En fait ton copain c'est un gros fan de tuning...
- C'est pas du tuning, j'en veux une vert...
- Ouiiiiii, tu devrais le voir en train de personnaliser sa voiture, il est en transe chaque fois qu'il gagne un nouveau sticker ou une couleur de peinture !
- métalisé... Oh et puis oubliez ça, en fait j'ai pas besoin de voiture.
- Ah non mais attend, je ne veux pas te casser ton rêve hein, non non.
- Et puis chacun ses petits travers.

Je voudrais disparaître, ou rembobiner. Revenir sur cette toute petite phrase, et gommer ces yeux qui pétillent à l'évocation d'une vulgaire auto.

le pire est passé

Ça y est, il a enfin vu le jour ! Au bout de 9 mois, on a beau être prévenu, on commence à trouver le temps long. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne sera pas né prématuré celui-là. D'habitude, je suis le premier à dire qu'ils sont tous moches à la naissance, mais celui-là c'est différent, regardez-donc comme il a une trogne tout mignonne ! Même son petit derrière est terrible (faut pas de répéter mais c'est moi qui ai pris la photo en plus). Et puis comme il fait encore un peu frais le soir, on lui a trouvé un petit bandeau rouge très seyant.

Bref.

Le pire est avenir est en librairie, vous pouvez le commander en ligne à la FNAC, et/ou aller le demander à votre commerçant préféré. Je l'ai déjà lu plus de quatre fois (une sous Word, une en PDF, une sur papier, une hybride, toutes avec un stylo à la main), alors qu'il n'était pas fini, et déjà j'avais du mal à le lâcher. Je ne peux que vous le recommander très, très chaudement. Vous allez en prendre plein la tête, vous rêverez des personnages la nuit, et surtout, si vous arrivez à déterminer le sexe de l'un d'eux, Silence, avec certitude, vous pourrez contacter l'auteure à l'adresse qui figure au début du livre pour le lui dire. Ensuite elle pourra vous expliquer pourquoi vous vous plantez.

Le pire est avenir, c'est plus qu'un livre. Ce sont 109 chapitres, 109 jours pour une quête de sang neuf. Ce sont des vérités qui vous éclatent au visage, cruelles, indéniables. C'est le livre de la génération Counter Strike, du moins de ceux qui campent, 4/6 à l'épaule. C'est l'histoire d'une rébellion bien plus menaçante, dangereuse et proche de nous que n'importe quelle autre. Et aussi la plus belle baffe dans la gueule de beaucoup de vieux beaux, une remise en question totale, abrupte, des « leçons » de mai 68, une critique virulente de l'anti-jeunisme rampant.

Si vous avez 21€, foncez l'acheter. Si vous ne les avez pas, trouvez-en 19.95 et allez à la FNAC l'acheter. Si vous l'aimez, offrez-le, et faites-le lire.

Bon quand même, évitez juste de l'offrir pour la fête des pères, on ne sait jamais...

pan dans les dents !

Il est 9h30, et je suis dans la salle d'attente. Ce qui veut dire que je me suis levé en plein milieu de la nuit - 8h15. Je regarde la fiche que je dois remplir, incrédule. Non je ne suis pas encore enceinte, je suis un peu jeune. La dernière fois que j'ai vu un médecin ? Ouh là... Je devais être jeune, encore, je n'ai donc pas noté ça sur mon petit carnet. D'ailleurs je n'ai pas de petit carnet. Est-ce que je fais des allergies ? Oui, aux salles d'attente, mais sinon ça va merci. Ah oui si, aux fraises. Ah... galère. Bon. J'entoure une batterie de NON, et je signe.

Elle arrive, me prend gentiment la fiche des mains, et j'entre dans la salle toute blanche. On cause deux minutes, et je m'allonge sur la chaise en essayant de ne pas la confondre avec le lit que je viens de quitter.

Le moment fatidique est arrivé, on me demande d'ouvrir la bouche. Je tremble, et j'ai peur que mes amygdales foutent le camp. Elle jette un oeil, et vu sa tête, ça n'a pas l'air gagné. Je vois des fraises tourner partout. Peut-être que je suis enceinte en fait. Regard de travers - toujours cet air effrayé sur le visage de la dame. J'ai quoi dans la bouche madame dites ?

- Tes dents de sagesses sont sorties. Mais alors, elles sont complètement perdues...

Perdues ? Mais non, je les sens, elles sont bien là pourtant. Peut-être qu'elle veut dire qu'elles ont poussé un peu n'importe comment. Moui, ça doit être ça. Je vois bien ça dans ma tête maintenant. Bon, rien de grave alors ?

- En attendant les radios, je vais détartrer un peu devant. Ah. T'as pas beaucoup de tartre...

Ben non, j'utilise calgon tous les matins. Enfin bon. On dit que les bonnes dents s'entartrent, c'est un mécanisme naturel de défense. J'ai toujours été une quiche en auto-défense. Mes dents ne doivent pas faire exception.

Les radios arrivent. Elle a toujours l'air effrayée. Alors quoi, j'ai un cancer des dents ? Dites-le moi, je vous en prie ! Je savais déjà qu'elles étaient de travers, mais vous savez, on fini par s'y attacher à ses dents, alors quoi ? Il faut m'emputer ?

- Je sais pas si on va arriver à les sauver ces deux là...

Ces deux là, ce sont des molaires. Enfin c'étaient. Là, ce sont juste deux grosses tâches noires sur une radio. Soulignées par un trait gris. Le nerf, apparemment. Bien sûr, je n'ai pas besoin de poser la question, ça se voit sur mon visage : autant je sais les écouter, autant je n'ai jamais appris à lire une radio.

- Les tâches noires, là, ce sont des caries, et j'en ai rarement vu d'aussi grosses.

J'aurais juré que c'étaient mes dents, encore ce matin, en les brossant. Kasparov, si tu m'entends...

un lait fraise siouplé

Tiens, la chaleur a dû me taper dans l'œil avec une poutre hier. Je viens de me rendre compte que j'avais complètement dévié de mon intention première dans le billet précédent. Bon, remédions à ça.

Il y a quelques années déjà, j'ennuyais beaucoup d'étudiants et quelques professeurs attardés. Ces gens là utilisaient pine, un logiciel non libre faisant semblant de l'être, et m'avançaient comme argument que c'était gratuit, et que c'était pratique. Le problème, c'est que pine marchait très mal dans bien des cas, et que ça emmerdait tout le monde - sauf les utilisateurs de pine, évidemment. L'autre problème, c'est qu'on disposait d'outils libres qui faisaient mieux, mais qui demandaient de changer deux ou trois habitudes bien ancrées.

Du coup, je m'étais décidé à harceler les utilisateurs emmerdants, en leur envoyant dans les dents un pine, c'est mal à chaque message pourri. Avec un lien sur ce joli texte explicatif. Un vrai chieur, comme on en trouve peu. Mais avec des arguments, au moins.

Quand j'ai vu poindre à l'horizon le débat sur la license MT3.0, tout cela m'est revenu comme un boomerang en pleine tête. Je me suis vu m'auto-commentant, me lançant des « MovableType c'est mal » sur chacun de mes billets. D'où ma revue de moteur de blog, d'ailleurs. La seule vraie différence (oui je cherche des excuses, j'en suis conscient), c'est que MT est encore bien plus pratique que les autres.

Mais quand même, ça m'a fait plaisir de constater que d'autres avaient pris le relai, et savaient parfaitement exprimer les choses à propos des logiciels « suffisamment libres ».

Maintenant il faut que je me décide à migrer... Et que je trouve l'outil de mes rêves... Écrit en ruby... Oh là là, quelle galère !

sexy weekends

Du fait de mon éducation straight molle, j'ai toujours eu un peu de mal avec le concept de ménage à plusieurs. Je veux bien que ce soit torride, mais je me contente déjà assez mal de la chaleur estivale.

Pourtant, ce weekend, j'aurais bien aimé tester ma propre version du ménage à plein. Parce que mes pauvres 16 mètres carrés, plus mes 300Go de données, à ranger, c'est d'un pénible !

(et oui, ça fait bien trois semaines que je range ce foutoir, vous comptez bien. ou pas.)

daylight saving

Il fait beau, et j'avais envie de prendre des photos...

(oui je sais, grrrrrr)

plopitude et petites humeurs

Billet bordélique et librement inspiré
Tous les gens qui pensent qu'on peut rire de tout se trompent.

On peut se marrer comme des phoques en racontant des conneries sur les blondes en public. On peut raconter des saloperies sur les homosexuels, sous forme de blague, ou même pas. On a le droit d'accumuler les sous-entendus graveleux, pousser un homme politique au suicide à force d'acharnement humoristique, et on tolère même certaines blagues de mauvais goût à propos du petit Grégory.

Mais essayez un moment de tourner en dérision une mère. Si elle n'est ni Italienne, ni Juive, vous risquez un méchant retour de flammes. Même s'il s'avère qu'elle est un poil exhibitionniste. Parce qu'une maman, c'est une maman ; ça n'est ni un homme, ni un humain, c'est l'évolution naturelle de la femme, le grand retour de la femelle dans nos sociétés modernes.

Un homme qui ne veut pas d'enfants, parce qu'il veut rester « libre » ou simplement parce qu'il ne les aime pas, ne choquera personne. Eventuellement, quelques-uns se diront qu'il ne sait pas ce qu'il perd, et encore. On le verra célibataire à vie, profitant de chaque seconde, aventurier, ou ce que vous voulez. S'il s'agit d'une femme, en revanche, elle sera considérée comme immature, lesbienne, ou sans coeur. À la rigueur, femme facile.

De la même façon, un homme peut (doit ?) rêver d'une carrière, d'un boulot, quitte à sacrifier sa vie de famille. Une femme qui essaierait de tenir le même raisonnement devrait lutter des années pour que les gens commencent à accepter cet état de fait. De là à ce qu'ils le trouvent parfaitement normal, il y a encore du chemin.

Combien de temps encore va-t-on refuser d'avancer ? De reculer même ? Vous le trouvez flagrant, vous, l'instinct maternel, chez les auteurs classiques ? Les gouvernantes, ça vous parle ? Le légendaire amour maternel de vos arrières-grand-mères, ça ne vous fait pas marrer ? Rien de tout cela n'est inné. C'est juste historique, mais les gens ont la mémoire courte. Et vont trouver normal qu'on réduise le travail des femmes à un placard à mi-temps pour leur permettre de biberonner dans la joie.

Messieurs, en dehors de la discussion bien-pensante, seriez-vous réellement prêts à lâcher votre boulot pour vous occuper de vos marmots ? Seriez-vous prêts à vous faire ouvrir puis recoudre la verge, les yeux fermés, pour le seul plaisir d'être papa ? Trouveriez-vous un quelconque plaisir à écouter vos camarades vous raconter en détail leur émasculation dans la douleur ?

Un peu de lucidité, et un poil de réciprocité, messieurs, mesdames. Si on ne peut pas rire d'une maman comme il en existe tant, qui prend plaisir à déballer au grand jour les moindres détails de son accouchement, arrêtons alors d'insulter celles qui refusent de les entendre.

Ou alors, on pourrait aussi baillonner les gosses qui hurlent dans les TGV, et leurs parents qui en rient...

les racing du mâle

Ça y est ça recommence. Chaque fois c'est pareil, je me prends à rêver que ça n'arrivera pas, jusqu'au coup de sifflet. Le train part, le train train revient. J'ai pour mission de ne pas me coller à la vitre pour faire des grimaces, et de ne pas courir derrière ce foutu wagon pour gagner quelques secondes de noyade dans le gris-vert sous ses paupières. Je me venge sur mon téléphone. Pianote, pianote, un petit message qui part vers un satellite, pour revenir à deux mètres de moi, dans cette prison de métal bleu-gris.

Il pleut. C'est malin. Maintenant, avec mon air de chien battu, les gens me regardent comme si j'étais une madeleine, alors que je ne fais qu'une sale allergie au printemps et aux adieux. Pour leur montrer, j'éternue, discrètement comme je sais le faire. La casquette du jeune devant s'envole sous la violence du souffle, et la télé annonce la naissance d'une tornade au pieds de la tour Eiffel. Je scrute ma poche intérieure, à la recherche d'un mouchoir. Mon meilleur ami de tout à l'heure, le téléphone, me mène la vie dure. Il se refuse à vibrer. Coupé du monde, déraciné, je flotte sur les quais détrempés.

Encore trois jours à tenir sans un sourire, à n'attendre qu'un vieux train dans une gare perdue. Je me suis promis de ne pas remettre les pieds dans une FNAC avant trois semaines. C'est bête, ça m'aurait occupé une bonne heure. Comme ça fait trois fois déjà que je romps ce serment, je me dirige vers Franklin Roosevelt, et j'entre chez Virgin, plutôt. Mais y'a rien à faire, je n'arrive pas à me concentrer sur les CD. Je rentre à la maison les bras ballant, avec à peine 3 disques. Le métro se traine.

Y'a des moments où je voudrais que trois jours soient une éternité. Mais là franchement, si on pouvait les raccourcir de, mettons, 72heures, ça m'arrangerait. En attendant, je tourne en rond en buvant du café pour faire accélérer les aiguilles de ma montre.

insortable

Il pleut des cordes, il est dix heures et nous nous réfugions dans un petit bar parisien typique (on y trouve donc plus de touristes que de parisiens). On tombe sur l'éternel ami d'ami, qu'on n'a pas vu depuis au moins dix ans. Après les présentations, on se choppe le serveur histoire de ne pas parler dans le vide mais devant un petit verre.

Depuis un bon quart d'heure, la discussion tourne autour de petits riens, et en particulier des privatisations à venir. Les hypothèses fusent, et on sent bien l'ouvrier refoulé dans toutes ces têtes. Dès qu'il s'agit de service public, le syndicalisme reprend du sens. Les services financiers de la Poste deviennent oeuvre d'utilité publique, désintéressement et charité laïque. On verse une larme à l'évocation des SDF qiu viennent retirer leurs dix euros tous les matins pour s'acheter de quoi survivre, et on imagine volontiers le sourire attendri de la postière qui lui explique comment s'en sortir.

Bref, la conversation coule comme du camembert bien fait sur les cravates qui décorent les cols blancs. La sono entame Kashmir, mais tout le monde entend puff daddy. Un grand classique.

— On va monter un portail. Ça recensera tout ce qui a trait de près ou de loin à l'actualité automobile. Y'a une forte demande, et on est les premiers à y penser, on va faire un carton plein.
— Ah oui... Ça a l'air intéressant, vous avez commencé déjà ? Vous avez les grandes lignes ?
— Ben on commence à y penser là, on est plusieurs sur le projet. Y'a Neroledan, qui s'occupera tu ton journalistique des dépêches, et Kimlid qui cherche un type pour l'aider à monter le site. Le plus dur, c'est de commencer. Arriver à attirer les gens, parce que tu vois, là, le net est plein de communautés éparses. Y'a les fans de porsches, les fondus de clio, et les tarés du tuning. Mais bon, nous on se trouve à l'intersection de tout ça, et faut qu'on se fasse un nom avant qu'on nous pique l'idée.
— Vous ne voulez pas commencer par monter une petite archive, pour commencer ? Genre pour attirer les gens c'est pas mal non ?
— Ah non, ça va pas du tout. On ne veut faire de la concurrence à personne, c'est nos futurs partenaires les gens, là, qui font les sites existants. Ils ont des infos juteuses, on va pas se griller. Non nous on veut syndiquer tout ça, en gros. Faire un site, genre euh...
— genre ?
— Nan tu vas pas connaître. C'est super bien foutu, mais c'est un truc de NERD. Tu vois, les mecs complètement furieux, qui passent leur temps à se branler devant leurs écrans, la tronche pleine de boutons, et avec des grosses lunettes à triple foyer ?

Le type ricane, fier de sa description.

— Bon, ben ils passent leurs journées sur IRC à commenter slashdot. C'est des ayatollahs du « libre », un machin un peu bizarre inventé par des néocommunistes finlandais. Bref. Nous, on veut faire le « slashdot » de l'automobile, mais en plus humain, tu vois. Genre on va pas passer nos journées derrière un écran, je compte bien continuer à sortir et picoler.
— T'en connais des NERD là ?
— Des geeks ? Bof, un ou deux, mais sans plus. T'façon tu peux pas discuter avec eux, au bout de dix secondes t'es parti sur la rengaine classique, genre Microsoft c'est mal tout ça, toujours leurs grandes théories. Ces mecs là, ils ont soit mac, soit linux, tu vois le genre...
— ...
— Quoi ? Pourquoi tu te marres ?
— Tu peux mettre linux sur un mac si tu veux...

Tranquillement, je sors mon PowerBook, en sirotant le White Russian de ma voisine. De toute façon, maintenant que je suis catalogué geek, on ne pourra plus parler d'autre chose.

simiesque

Comme dit le dicton populaire, c'est pas aux jeunes cons qu'on apprend à dire des conneries. Hein Kasparov ?

frénésie printanière

Le temps joue au yoyo. un brin de soleil, une bassine de pluie, et un peu de pollen. Du coup j'effraie les grand-mères dans la rue, en éternuant à qui mieux mieux, vingt et une fois de suite. Un Yéti épilé recouvert de marmelade rose ne leur ferait pas écarquiller les yeux plus grands.

Mon moral lui, se prend pour le ciel. Les giboulées mentales se suivent et ne se ressemblent pas. Une petite dose de politique pour nourrir le côté sombre, suivi d'une lichette de Ruby pour reprendre du poil de la bête. Ça faisait tellement longtemps que je cherchais à apprendre un peu les bases de la programmation objet que j'en ai le dos qui frémit de plaisir. Enfin un langage de script - plutôt orienté vas-y-que-je-te-facilite-méchamment-ta-vie-d'admin-sys - qui repose sur des bases sympathiques, et qui m'apporte un peu de nourriture intellectuelle. Il faut dire, quand même, que le précédent langage que j'avais dû avaler en quatrième vitesse était PHP. J'avais très vite atteint l'indigestion ; il me fallait un remède efficace et rapide.

En plus de ça, Ruby se paie le luxe d'être bien documenté. C'est pratique de disposer comme ça de documentations libres. Ça permet de s'auto-former, d'en faire profiter tout le monde au passage, et de répandre un peu plus le savoir. Pour un enseignant, c'est sans prix. Pour un chercheur aussi. Pour un ingénieur, enfin, c'est rassurant, rassérénant, et profitable.

Ruby, donc, c'est un peu un mélange de Perl, de Python, de C++ et de Java. Sans prétention, mais drôlement bien foutu. Très très très orienté objet, sans pour autant rendre son utilisation particulièrement difficile. Je sens que je vais m'en servir de plus en plus. Enfin, si on m'en laisse l'occasion, bien sûr.

D'ailleurs, tiens, vous imaginez ce que je deviendrais moi, sans la possibilité de disposer d'outils ouverts, pratiques, et libres ? Sans KDE, sans Apache, sans Mozilla ? Sans Perl, sans SSH ? Vous imaginez ce que deviendrait l'informatique si une société pouvait déposer des brevets sur la jauge de progression, les onglets, les formulaires d'inscription, le panier de courses virtuel, les liens hypertexte, et les icones en 32 couleurs ? Ça serait flippant non quand même...

mmmh ?

Non aux Brevets Logiciels en Europe

logiciels libres dans ma face

Tiens, une conférence. "Quel avenir pour les logiciels libres ?". On se croirait sur 01info, ou dans le figaro. Un titre accrocheur pour nos PDG, bien corporate comme il faut. Un titre de décideur. Je me glisse quand même dans la salle, histoire de voir. Après tout, c'est un type de l'APRIL qui fait la conf, ça ne peut pas être mauvais.

Première surprise, le titre des diapos de la conférence n'est pas du tout celui qui figure sur les murs. Un bon point, je suppose donc qu'il s'agit là d'une décision de communicant que de lancer ce troll sur les murs de l'école. Pourquoi ça ne m'étonne pas ça, tiens ?

Deuxième surprise, on explique aux étudiants ce que c'est que le logiciel libre. C'est ça le plan. C'est terrible comme j'étais persuadé que tout le monde dans cette école savait tout ça. Et c'est terrible comme je m'étais planté. La tête dans le sable, le manu. Complètement à l'Ouest. Donc, un autre bon point goonies (Les goonies sont des petits animaux débiles qui font des petits bruits atroces quand on appuie dessus) (en fait non mais ça me faisait marrer cette histoire de bestiole).

Troisième surprise, je viens de comprendre pourquoi mes cours endorment les élèves. J'ai sensiblement le même ton de voix que l'orateur, et rien que ça, ça me donne envie de changer mes cordes vocales pour des tendons de cantatrice. C'est un sujet qui me tient à coeur quand même, les logiciels libres, alors je fais un effort pour ne pas ronfler. Pour garder les yeux ouverts même.
Mais c'est duuuuuuuuuur. Alors je blogue, tiens. J'ai le droit, je sais ce que c'est moi un logiciel libre :-)

Donc, à l'issue de la conférence, quelques plans sur la comète, en vrac :

  • m'enregistrer en train de parler
  • m'écouter, et me corriger
  • me surveiller constamment

Non mais vous rigolez dans votre barbe, bande de bouqus, mais moi je flippe comme un taré là. Ca faisait des années que je n'avais pas mis les pieds dans un amphi en tant qu'étudiant. Une bonne petite remise en question s'impose, allez !

geekouilleries du soir

Avant de partir en week-end, je devais déclarer deux ou trois choses au monde entier, parce que c'est important. Ben oui, je suis comme ça moi, je ne vous cache rien de mes cochonneries de geek. Alors voilà :

  • Les clés USB, ça poutre grave, et c'est même plus très cher
  • Le Wifi ça déchire, bon par contre là c'est un poil cher encore

Voilà, je viens d'entrer dans l'histoire, je suis l'homme qui blogue des trucs parfaitement inutiles et inintéressants. Ah non tiens, mon agent me signale que c'est pas nouveau du tout, et que pour rentrer dans l'histoire, mieux vaut foncer dessus avec une DeLorean. Tant pis...

Ca concerne même votre grand-mère

Madame, monsieur, qui me lisez (j'évite volontairement le mademoiselle, ne souhaitant pas l'accoler d'un mondamoiseau), je suis vraiment désolé de vous gonfler avec un sujet qui en apparence ne vous concerne pas. Ceci dit, c'est important, lisez donc jusqu'au bout.

Depuis un an, les gens qui nous dirigent sont en train de faire n'importe quoi avec les lois. Entre autre, les lois qui concernent les droits d'auteurs. Si ces lois passent, voici, en résumé, ce qui va changer :

  • Vous ne pourrez plus lire un DVD avec un logiciel libre et gratuit. Pourtant, vous aurez acheté ce DVD, en toute légalité, de même que le lecteur de DVD de votre ordinateur. Autrement dit, cela revient à acheter un livre, dans une langue que vous maîtrisez, chez un libraire honnête, et ne pas pouvoir le lire légalement parce que vous ne l'avez pas acheté à la FNAC.
  • Votre site personnel, vous votre boite de courriel, pourront être fermés sur simple demande de lobbies ou d'associations puissants, comme la SACEM, la SCPP, ou le BSA. Imaginez que votre banquier vienne saisir votre courrier, et changer votre serrure, parce que vous avez un découvert de 50 euros chez eux. Et je parle bien d'un banquier, pas d'un huissier.
  • Vous ne pourrez plus télécharger de fichiers avec des outils de Peer To Peer tels que kazaad, edonkey, emule, bittorrent, etc., ces outils étant montrés du doigt et attaqués par les lobbies cités plus haut. Ce qui revient un peu à interdire les marchés au puce parce qu'on y trouve des auto-radio volés.
  • Si toutefois vous téléchargiez un morceau de musique, chose qui est aussi illégale que d'enregistrer une chanson qui passe à la radio sur une cassette, vous vous exposeriez à une amende de 300000 euros pour contrefaçon, et une peine de 5 ans de prison si vous échangez ce morceau avec des amis.
  • Vous perdrez par la même occasion le droit à la copie privée, les lobbies et associations déjà cités ayant le droit de faire appliquer leur justice plutôt que la justice française, qui de toute façon est en train d'évoluer dans leur sens. Cela signifie que, si vous voulez faire une compilation des 15 chansons que vous préférez parmi vos 150 albums achetés légalement, et les mettre, soit sur CD, soit sur votre lecteur portatif, vous serez coupable de contrefaçon.

Ces quelques points peuvent vous paraître anodins, et ne concernant que les informaticiens, toutefois jugez bien de leur portée en vous posant les bonnes questions :

  • Avez-vous un ordinateur ?
  • Avez-vous déjà copié un CD sur une cassette ou sur un CD ?
  • Trouvez-vous normal de pouvoir lire une cassette vidéo sur votre magnétoscope, quelle que soit la marque de la cassette et la marque du magnétoscope ?
  • Avez-vous déjà prêté un CD copié à vos amis ?
  • Seriez-vous choqués, quand vous achetez une voiture, qu'on vous oblige à souscrire à une assurance liée à la marque du véhicule, et à n'aller que dans une seule marque de station service pour y mettre de l'essence ?
  • Ne vous semble-t-il pas dangereux que vous puissiez être accusé ou jugé par votre voisin plutôt que par un représentant du pouvoir judiciaire ?

Si vous avez répondu oui à l'un des points précédents, vous devriez sérieusement penser à vous pencher sur la Loi sur l'Economie Numérique, l'EUCD, la directive Fourtou sur le renforcement de la propriété intellectuelle et l'amendement Turk de la Loi Informatique et Libertés, et en parler tout autour de vous. Vite. Très vite. Le 7 Avril, la LEN sera passée.

bourgeons

Vous avez vu le temps qu'il fait dehors ? Et vous croyez vraiment que les gens vont avoir envie de s'enfermer dans un isoloir, même cinq minutes ?

Vous êtes bien naïfs.

les raisons de fond qui incitent l'électeur à fuir durablement - et volontairement - l'isoloir demeurent : une succession d'alternances ponctuées d'autant de déceptions, la perte de substance du pouvoir politique face à ses concurrents (économique, financier, médiatique, etc.), la dilution de sa dimension nationale rongée de toutes parts (mondialisation, Europe, décentralisation), l'illisibilité accrue du clivage droite-gauche. Bref, la difficulté croissante à répondre à une question toute simple : au fait, à quoi peut encore servir un élu ?

va voter ?

Personne ne semble être au courant, mais dans moins d'une semaine, nous sommes appelés à voter. Il y a, disons, deux semaines, pas une affiche n'était placardée. Visiblement, il n'y a pas que le citoyen lambda qui se désintéresse de la politique, les militants colleurs de portraits aussi.

Observons maintenant l'ensemble des listes qui se présentent, et leurs programmes respectifs : -.

Voilà une bonne chose de faite. Le PS ne s'est pas relevé du 21 avril, et refuse toujours d'en tirer les leçons. Au lieu de ça, ils laissent un mérou presque aussi énergique que notre premier ministre à leur tête, et fusionnent à qui mieux-mieux pour nous refaire le coup de la gauche plurielle. Seulement voilà, la gauche plurielle rose bonbon, personne n'en veut plus.

L'UMP, quant à lui, veut mettre le pays à genoux, avec des lois liberticides, des non-sens sur l'économie numérique, des idées cruelles sur les brevets logiciels, et un budget stupide, entre autres. Tuons la recherche, l'enseignement et la culture, au moins on sera sûrs que personne ne viendra nous ennuyer avec des réflexions construites. La classe politique rêve d'une absence de retraite - Giscard en est l'exemple vivant. Mourir au sommet doit avoir quelque chose de grisant, en attendant, le sommet grisonne sévère.

Les extrêmes se frottent les mains et s'apprêtent à nous casser la tête. Les partis du milieu sont devenus stupides, bêtes et méchants, en plus d'être tièdes et insipides. Si vous ne me croyez pas, allez donc jeter un oeil à l'affiliation politique de Nicole Fontaine et Jean Dionis.

Alors quoi ? pour qui voter le 21 Mars ? Comment montrer à tous ces vieillards séniles que leurs débats ne nous intéressent pas, et que le pays court au suicide si on les laisse en place dans leurs sièges moelleux ?

En votant blanc ?